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Cuba : Le vrai scandale du Bac 2012

Perspective communiste

Depuis 10 ans que j’enseigne l’espagnol, je m’étonne de voir la place particulière qu’occupe Cuba dans nos manuels scolaires. L’île fait partie des rares pays à avoir longtemps bénéficié d’un chapitre entièrement dédié dans la plupart des manuels, tous éditeurs confondus.

Qu’un si petit pays bénéficie d’un traitement à part interroge. Les concepteurs sont-ils tous cubanophiles ? Connaisseurs de l’Amérique latine accordent-ils cette place particulière à Cuba pour son influence et l’importance que sa Révolution a pour les progressistes de ce beau continent ? Amateurs d’art et de littérature ressentent-ils le besoin de faire découvrir Nicolas Guillén, Alejo Carpentier ou Wilfredo Lam à nos élèves ?

Non. Cuba n’y est généralement présentée que comme une horrible dictature qui affame son peuple, imposant le rationnement. Les auteurs sont généralement des « journalistes » espagnols professionnels de la propagande anti-castriste ou Zoé Valdés dont la qualité littéraire et l’objectivité (voire la bonne fois) sont plus que discutables. Les uns comme les autres sont tellement obsédés par la condamnation de la révolution cubaine qu’ils en nient les acquis comme les évolutions.

En 10 ans d’enseignement, je m’étais habituée à cette propagande (c’est le mot) des éditeurs, éludant le sujet ou apportant mes propres documents permettant un autre regard sur Cuba.

Mais aujourd’hui à l’occasion d’une surveillance d’épreuve, j’ai découvert le sujet d’espagnol des candidats au baccalauréat des séries S et ES, le texte s’intitule : El muchacho de Camaguey, il évoque Cuba et l’auteur est espagnol (les littératures cubaine et latino-américaine doivent être trop pauvres !).

En quelques mots, l’auteur nous parle d’un cubain famélique qui se méfie des touristes suite à une mésaventure survenue quelques mois auparavant. Des policiers se faisant passer pour des touristes colombiens l’avaient piégé et arrêté pour avoir montré et parlé de sa faim et de son dénuement.

Il est touchant de voir que mes chers collègues s’émeuvent du manque de liberté à Cuba, ignorant la plupart du temps les assassinats et tortures politiques en Colombie ou les 50 journalistes « disparus » au Honduras (pour ne citer que ces 2 pays).

Ou peut-être se sentent-ils proches du peuple cubain. Pourquoi alors ne pas parler des attentats dont l’île a été victime, du blocus imposé par les Etats Unis qui interdit l’accès à de nombreux médicaments et malgré lequel l’Etat garantit à tous un niveau de santé digne des pays riches.

Ils reprochent la censure et la propagande de l’Etat Cubain, mais que dire du harcèlement, du dénigrement systématique d’une révolution qu’un peuple souverain a voulu, a défendu et défend encore chaque jour !

Je croyais que les enseignants, et plus encore l’éducation nationale, devaient ouvrir les esprits de nos jeunes et non pas les manipuler, je me trompais.

N. L., Professeur certifié d’espagnol


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