Perspective communiste
Washington a décidé d'ajouter Cuba à sa liste des pays qui ne coopèrent pas suffisamment en matière de contre-terrorisme. En cause, la présence sur l'île de membres d'un groupe rebelle colombien dont Bogota exige l'extradition. La Havane était sortie de cette liste en 2015 sous Barack Obama
Une annonce plus symbolique qu'autre chose puisqu'elle permet principalement d'interdire la vente d'armes américaines à Cuba alors que compte tenu des relations tendues entre les deux pays, Cuba n'importe pas d'armes américaines.
Une décision motivée par la présence de rebelles colombiens
Pour expliquer sa décision, le département d'Etat américain invoque la présence sur l'île de négociateurs du groupe rebelle colombien ELN (« Armée de libération nationale »). Venus en 2017 à l'occasion de négociation de paix organisées avec Bogota dans la capitale cubaine, ils n'en sont jamais repartis. Ils font l'objet de mandats d'arrêt internationaux et sont recherchés par Interpol pour des actions attribuées à l'ELN en Colombie.
Alors qu'en janvier dernier le président colombien Ivan Duque avait durci le ton et demandé, sans succès, leur extradition « le refus de Cuba de discuter de manière productive avec le gouvernement colombien démontre qu'elle ne coopère pas avec le travail des Etats-Unis en soutien aux efforts de la Colombie pour une paix juste et durable », a estimé la diplomatie américaine.
La Havane se pose en victime du terrorisme organisé par Washington
De fait, Cuba a rejeté la requête, expliquant que le protocole établi dans le cadre du processus de paix garantissait un retour sûr de la délégation de l'ELN en cas de rupture des pourparlers. La Havane n'a pas tardé à répondre à cette décision américaine, se posant en victime du « terrorisme organisé, financé et exécuté » par Washington.
Dpto Est #EEUU pone a #Cuba en lista espuria países no cooperan en lucha vs el terrorismo, pero no impidió ni condena ataque terrorista 30/4 vs nuestra Embajada en Washington.
— Bruno Rodríguez P (@BrunoRguezP) May 13, 2020
Esconde su historial de terrorismo de Estado vs Cuba e impunidad de grupos violentos en su territorio. pic.twitter.com/Qa4xHx6dFa
Les autorités cubaines ont à la même occasion saisit au vol l'occasion de dénoncer « le silence complice et suspect » des Etats-Unis après les coups de feu tirés fin avril contre la façade de leur ambassade à Washington.
The terrorist act against our Embassy in Washington is the direct result of the US aggressive policy against Cuba and the incitement to violence by politicians and anti-Cuban extremist groups, who have made this kind of attacks a way of life. #NoAlTerrorismo pic.twitter.com/49tfafmQir
— Cancillería de Cuba (@CubaMINREX) May 13, 2020
« Cuba a de nombreuses raisons d'exiger une enquête approfondie du gouvernement américain et […] que cessent la politique agressive, les attaques verbales qui encouragent de tels comportements », écrit ce jeudi matin « Granma », le quotidien du parti communiste cubain.
Claude Fouquet
Les Echos