Perspective Com
De retour de mission du Honduras

Nicolas Maury

Claire Chastain représentait le PCF et le Parti de la gauche européenne au sein de la mission internationale de solidarité, d’observation et d’accompagnement au Honduras

« L’objectif de notre mission, organisée par le réseau birégional Enlazando alternativas, Europe/Amérique latine, était, comme le dit son nom, d’être présent, de manière internationale, d’observer, sur le terrain, les violations des droits humains mais également la situation politique. Il s’agissait d’avoir une visibilité sur le terrain, d’exprimer notre solidarité aux organisations locales, et d’accompagner la société civile en résistance.

Un exemple : lors de la manifestation du 30 juillet, parce que nous étions présents, les associations ont pu entrer dans le poste de police, la quatrième caserne, et dans l’hôpital pour accéder aux détenus et aux blessés. C’est une sorte de garantie internationale.

Ce jour-là, qui était le 31e jour de mobilisation, il y a eu un basculement. Jusqu’à présent, il n’y avait pas eu une répression aussi massive ; elle était ciblée avec des menaces de mort, des patrouilles…

Mais là, la répression a été déraisonnée. À Tegucigalpa, la capitale, et en proche banlieue, des hélicoptères balançaient des gaz lacrymogènes. Les policiers, massivement présents, ratissaient les rues. Nous avons pu parler avec des victimes, en majorité des femmes, en larmes, qui portaient des marques de coups et des écorchures après qu’elles se sont jetées dans les fossés pour échapper aux policiers. Elles étaient terrifiées.

C’est la réponse du gouvernement : la répression parce qu’il ne tolère plus les manifestations et la grève générale, qui a été suivie, notamment par le corps professoral. Le gouvernement perd patience. Il veut faire preuve de fermeté parce que la mobilisation ne fléchit pas. À mon arrivée à Tegucigalpa, il y avait une sorte de normalité très étrange. On aurait pu croire à un essoufflement après un mois de mobilisation et un manque de perspective, car, on ne sait pas dans quelle mesure le président Zelaya va être restitué dans ses fonctions.

Malgré la répression, encore plus de personnes étaient présentes vendredi dernier à la manifestation. La mobilisation est certaine. Nous élaborons un rapport de mission où nous y réaffirmons qu’il y a bien eu un coup d’État. Le Honduras était un État policier. Aujourd’hui, il est clairement militarisé. Les députés nous ont fait part des irrégularités au Congrès (le parlement). Nous adresserons des recommandations à l’Union européenne, à l’Organisation des États américains, aux Nations unies, et aux États- Unis. C’est terrible à dire mais ils restent le vrai curseur, notamment sur le plan économique.

Tant qu’il n’y aura pas de sanctions claires de la part des États-Unis, car pratiquement tout le commerce hondurien se fait avec eux, il n’y aura de pression concrète et réelle sur le gouvernement de facto de Roberto Micheletti. Nous voulons dépasser le silence médiatique car soit il ne se dit rien sur le Honduras, soit c’est la désinformation qui l’emporte. Nous voulons, au contraire, transmettre une information à partir de ce que nous avons pu observer depuis la diversité de notre mission. »


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