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Déclaration de la Secrétaire du CC du KKE, Aleka Papariga, à propos du résultat des élections du 17 Juin 2012

Perspective communiste

Pour information

Le résultat des élections du 17 juin est le suivant : Parti communiste de Grèce 4,5%, Nouvelle Démocratie-ND (parti libéral) 29,6%, SYRIZA (alliance de forces opportunistes et de forces issues du PASOK) 26,9, PASOK (sociaux-démocrates) 12,3%, Grecs indépendants 7,55%, Aube dorée (parti nationaliste, raciste) 6,9% et Gauche démocratique (scission de Syriza qui a fusionné avec certaines forces du PASOK) 6,3%, LAOS (ancienne scission de la ND, parti nationaliste) 1,6%. Selon ces résultats, le KKE recevra 12 sièges.

Après l’annonce des résultats, la Secrétaire générale du CC du KKE a fait la déclaration suivante:

« Le résultat des élections est négatif pour le peuple qui est lourdement frappé par la crise économique et par les mesures qui ont suivi, les mémorandums, les contrat de prêt, les lois applicatives. Le peuple devra affronter de sérieux problèmes et évolutions et, quelque soit le gouvernement formé, celui-ci ne répondra pas à ses attentes, bien au contraire. Notre appréciation du caractère négatif du résultat est basée sur les éléments suivants :

Premier élément: l'augmentation de la Nouvelle Démocratie, un parti connu pour être anti-ouvrier et anti-populaire et qui n’a pas changé. Le pire n’est pas passé pour le peuple, contrairement à ce que prétend M. Samaras, il est juste en route. Et le gouvernement qui sera formé, apparemment autour de la ND, ne va résoudre aucun des problèmes du peuple, il va au contraire les compliquer.

Deuxième élément: L'augmentation de SYRIZA aux secondes élections, qui enregistre une augmentation significative par rapport aux élections de mai. Cette fois SYRIZA a obtenu un grand nombre de voix et son pourcentage a considérablement augmenté, mais il a mis bien davantage d’eau dans son vin par rapport à ses slogans sur le mémorandum, les accords de prêts, les lois applicatives, et a clairement annoncé que sa politique au gouvernement se mènerait dans le cadre de la « voie unique européenne ». Il a donné des assurances à la classe dominante et aux puissances étrangères qu’à tout prix la Grèce resterait dans l'euro. Et dans ce sens, nous considérons que le soutien au Syriza est un élément négatif, etant donné le changement de position, indépendamment du fait que nous pensons qu’il n’aurait pas mis en œuvre les positions qu’il avait défendues lors des élections du 6 mai.

Troisième élément négatif: les pertes incontestablement grandes du Parti communiste pèseront d’autant plus sur la capacité d’intervention populaire face à l’intensification des problèmes causés par la crise en Grèce et surtout parce que la crise s’approfondit dans la zone euro. Cela confirme ce que nous disions depuis le 7 mai dernier, que cette bataille électorale est la plus difficile et la plus complexe qu’ait menée le KKE au cours de ces 40 dernières années. Nous savions que les obstacles immenses auquel le Parti devait faire face seraient beaucoup plus importants que ceux que nous avions rencontrées jusqu'aux élections du 6 mai, particulièrement le dilemme du nouveau système bipolaire, ND et SYRIZA. Ils ont tous deux mené leurs batailles électorales pour ces résultats, l’un par des intimidations et l'autre par des illusions. Bien sûr, ce résultat électoral fera l’objet d’une analyse globale et d’une évaluation approfondie, comme cela se fait pour toutes les élections, de par l’ensemble du Parti, de la Jeunesse communiste et des amis et sympathisants du Parti.

Quatrième élément négatif: les voix et le pourcentage de l’« Aube dorée », malgré le fait qu’après le 6 mai, il y a eu davantage de preuves de sa nature fasciste et criminelle.

Le Parti communiste a choisi de dire aux gens la vérité sur le caractère de la crise et les possibles évolutions négatives dans la zone euro, sur le caractère de l’Union européenne, sur la nécessité d'une annulation unilatérale de la dette, sur la nécessité d’un désengagement de l’UE et sur la lutte pour le pouvoir populaire. Nous avons dit cela en toute connaissance de cause.

L’éventuelle participation du KKE dans un gouvernement de gestion de la crise dans une telle phase critique, alors qu’il aurait fallu une ligne de rupture et de contre-attaque, aurait tôt ou tard conduit à une défaite majeure du mouvement, alors que la participation éventuelle du KKE dans un gouvernement sans issue, avec deux visages, l’un intérieur et l’autre extérieur, aurait pu être utilisée comme un prétexte pour concilier le peuple avec la politique du gouvernement et l’aligner sur les intérêts des monopoles.

Nous saluons les membres du Parti et de la Jeunesse communiste (KNE), les amis et sympathisants du Parti qui ont mené cette dure bataille, tous ceux qui ont résisté à la pression et ont voté pour le KKE. Nous déclarons que le KKE restera debout malgré la réduction de ses sièges au parlement, qu’il poursuivra son intense activité dans le mouvement et soutiendra et renforcera chaque tremplin de combat et d’espoir.

Il est certain que le peuple, au cours des événements, se souviendra des questions que nous avons posées lors des deux batailles électorales, de nos prévisions, de nos avertissements au sujet de l'évolution dans la zone euro, de l'implication possible de la Grèce dans une guerre, en particulier après les élections aux Etats-Unis. Et nous croyons que les gens qui n’ont pas voté pour le parti, bien qu’ils en apprécient les positions et le rôle, en comprendront aussi les conséquences dans l’éventualité d’un gouvernement anti-mémorandum de coalition.

Nous vous assurons que nous maintenons tout ce que nous avons dit au peuple avant les élections. Nous serons à l'avant-garde dans chaque lutte, nous soutiendrons chaque initiative militante concernant les problèmes directs aigus en cours, et nous allons nous préparer, dans la mesure où cela dépend de nous, le peuple, à faire face aux nouveaux tourments à venir. Nous espérons que ce recul de l’orientation radicale, qui s’est manifesté en particulier dans la deuxième bataille électorale, ne va pas durer longtemps, car objectivement il ne peut y avoir de temps de retraite, alors que les évolutions négatives se déroulent à grande vitesse.

Le KKE considère que la base de la contre-attaque populaire doit être les lieux de travail, les secteurs et les quartiers. Et par-dessus tout, le plus important est de regrouper le mouvement ouvrier et populaire, l'alliance sociale, l’alliance socio-politique qui va lutter pour les problèmes immédiats et pressants, et réunira les forces pour le renversement radical nécessaire. »

Athènes, 17/06/2012, Bureau de Presse du CC du KKE.


Commentaires (1)
1. Brath-z le 10/07/2012 03:22
Aleka Parariga oublie juste de préciser qu'avec 4,49% des suffrages, le KKE enregistre le plus mauvais résultat de toute son histoire. Détail, sans doute, dans un contexte où la démonstration de l'inanité du capitalisme est visible par tout un chacun.
Le KKE, c'est un peu le NPA de la Grèce, désormais : peu importent les échecs, peu importent les déconvenues électorales ou syndicales (rappelons que le KKE détenait encore la plupart des directions de syndicats jusqu'en 2006 malgré une grosse décennie de "grignotage" par le PASOK et qu'aujourd'hui seul le PAME y demeure peu ou prou relié, ce qui d'ailleurs provoque bien des remous en interne), peu importent les contestations en interne, il continue la fuite en avant maximaliste.

Alors qu'il a été depuis 1981 le troisième parti du pays, alors qu'il a été malgré SYRIZA jusqu'en 2010-2011 le centre de convergence de toute l'extrême-gauche grecque (il faut voir l'ambition affichée par les deux fédérations MERA et ENANTIA à l'époque de leurs créations respectives : "réformer le KKE pour conduire le pays à une rupture avec le système capitaliste", alors que l'ANTARSYA qui les réunit depuis 2010 ne fait pas la moindre allusion au KKE !), alors qu'il dispose d'un puissant et influent réseau d'élus alimentant une clientèle pléthorique depuis des décennies, le KKE est aujourd'hui totalement isolé (seuls l'OAKKE et l'OKDE, deux groupuscules d'extrême-gauche sans aucune influence, continuent de vouloir nouer des liens avec lui), a perdu l'essentiel de ses liens avec les syndicats, aurait perdu un millier de membres en un mois (!) et enchaîne les déconvenues électorales (aucun progrès le 6 mai par rapport à la décennie précédente alors que le contexte lui était hyper favorable et que la gauche radicale multipliait par 3 son résultat, et le plus mauvais résultat de son histoire le 17 juin alors que la gauche radicale manquait d'arriver en tête).
Ah oui, une force de progrès comme les aime la droite !

La vérité, c'est que le KKE était au fond le troisième parti d'un système bien rodé, qu'il en tirait une rente électorale et d'élus qui lui convenaient parfaitement, qu'il a toujours refusé d'assumer des responsabilités que ce soit au niveau national (en 1989, la rupture avec Synapsismos s'est faite lors de l'épisode de la "majorité œcuménique" qui a réunit l'intégralité des députés du parlement pendant moins de 6 mois dont 2 de vacance et sans que le gouvernement soutenu par cette majorité n'ai fait la moindre réforme... on attend toujours aujourd'hui le motif de la rupture) ou local (les exemples de majorités locales passées à droite du simple fait que le KKE a refusé l'idée même de chercher à trouver un accord local avec le PASOK sont innombrables...) et qu'au fond, le bipartisme arrangeait ses affaires en en faisant le réceptacle stérilisant de la contestation. Finalement, l'équivalent du FN en France plutôt que du NPA.
L'effondrement du système bipartite dont il était le complice l'a laissé plus désemparé encore que le PASOK et la ND, et honnêtement j'espère le voir à l'occasion des prochaines élections aller plus encore vers la marginalisation, voire être sorti des assemblées nationale et locales.
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