Perspective Com
Des news de Martinique avec le PCM

Nicolas Maury

Le Justice, hebdomadaire du Parti Communiste Martiniquais, de cette semaines est arrivé (l'édito publié)

PAS DE SOLUTION DURABLE SANS UNION ET RESPONSABILITÉ

La grève générale qui a tant mobilisé,passionné et inquiété à la fois le peuple martiniquais a posé, au delà de la question de la vie chère qui intéresse toutes les catégories sociales, celle de la construction
d’une société meilleure, plus juste et plus égalitaire.

Une société d’où seraient bannis le chômage massif, l’exclusion sociale, la violence sous toutes ses formes, les discriminations subtiles ou brutales, les ghettos ethniques, et surtout ce sentiment de “profitation”, de domination et d’exploitation des Noirs par les Blancs.

En Martinique comme en Guadeloupe, il s’est créé de fait un Etat dans l’Etat, le Collectif et le LKP faisant régner par la persuasion et aussi par une forme de contrainte- un ordre nouveau, parallèle, favorable à la mobilisation populaire.

Et de fait, le peuple martiniquais, sans distinction de classes sociales, mais avec une prédominance du prolétariat, des jeunes, des chômeurs, et une remarquable
participation féminine, s’est mis en mouvement pour exiger, crier sa détresse et soutenir les dirigeants du Collectif du 5 février.

La lenteur des négociations ; la mauvaise volonté manifeste des patrons de la grande distribution ;les difficultés de concilier l’exigence d’une demande initiale d’augmentation des salaires de 354 euros avec les possibilités réelles de très nombreuses entreprises et avec les aides susceptibles d’être accordées par les collectivités locales et l’Etat, l’existence d’une nombreuse jeunesse ayant le sentiment d’être exclue de la société de consommation : tout cela a déclanché sur deux nuits de pillages et d’incendies. Ensuite, cela a été l’impensable provocation patronale du vendredi 6 mars qui aurait pu avoir de plus graves conséquences.

Au cours de cette période d’agitation féconde, la parole martiniquaise s’est véritablement libérée et toutes sortes de discours ont été prononcés, certains sous le coup de l’émotion, d’autres après avoir été dûment réfléchis. La situation en Guadeloupe et en Martinique n’a pas laissé indifférents les médias français qui lui ont consacré un certain nombre d’émissions et d’articles. L’Etat français, pour qui ce n’était manifestement pas une priorité, à en juger par le long silence initial de Nicolas Sarkozy, a fini par prendre conscience de la gravité du mal qui ronge les sociétés antillaises et a décidé de s’y attaquer par la tenue prochaine d’Etats généraux dans les quatre DOM sans exclure
la question institutionnelle

Malgré les attaques verbales de l’UMP locale contre l’article 74, le vote du Congrès des élus martiniquais en faveur d’une évolution institutionnelle vers l’Autonomie, dans le cadre de l’article 74, doit être respecté et pris en considération par le gouvernement. Avant la tenue des Etats Généraux annoncés par le président de la République, il faut qu’aient lieu en Martinique, à l’initiative du Congrès, des Etats Généraux pour le Développement et la Responsabilité ! Toutes les aspirations et revendications socio-économiques exprimés à l’occasion de la grève doivent pouvoir être synthétisés, confrontées les unes aux autres, comparées à celles déjà formulées par le Conseil régional et le Conseil général ( SMDE, Agenda 21).

Les problèmes sociaux, économiques posés par le Collectif du 5 février ne peuvent trouver de solution pérenne que hissés au plan politique. C’est pourquoi il ne faut pas opposer les acteurs sociaux aux politiques pris indifféremment comme on l’entend parfois. C’est au contraire le Rassemblement martiniquais qui est impérativement à l’ordre du jour et non les petits calculs politiciens de tel ou tel. Car la résolution de la crise martiniquaise implique de s’engager dans un nouveau type de développement porté par son peuple. La Martinique doit arracher un maximum de responsabilité politique dans un contrat nouveau tant avec l’Etat français qu’avec l’Union européenne.

Cela, aujourd’hui c’est l’article 74 qui le permet car il ouvre des situations juridiques nouvelles et inédites à négocier avec le gouvernement. Dans cette perspective, l’union est indispensable.

Maurice Belrose


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