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Didier Paillard. « La meilleure réponse, c’est de faire face ensemble »

Perspective communiste

Le maire PCF de Saint-Denis, Didier Paillard, a vu sa ville meurtrie par les attentats de vendredi. Présent dans le stade de France au moment des attaques, il a ouvert sa mairie aux habitants, samedi

Quel est le bilan, à votre connaissance ?
Didier Paillard. Nous n’avons pas encore de bilan définitif. On dénombre cinq morts à Saint-Denis, dont les trois terroristes. Il y a des blessés, le bilan n’est donc pas encore stabilisé. Il y a eu trois lieux frappés : les restaurants Quick et McDonald’s, et une brasserie nommée l’Event. A 21h15, les terroristes ont fait sauter leurs explosifs dans ces lieux de restauration.

Vous étiez à l’intérieur du stade de France. Comment avez-vous vécu ces événements ?
Didier Paillard. J’étais dans les tribunes présidentielles. Il y a eu une première, puis une seconde détonation très fortes, on ne comprenait pas trop ce que qui se passait, ça n’avait pas l’air d’être un pétard habituel. J’ai appelé pour essayer de savoir où cela se produisait, et ensuite nous est parvenue la nouvelle de l’explosion dans un des restaurants autour du stade de France. Avec le départ du président de la République et de la délégation officielle allemande, on a alors compris ce qui se passait. On a ensuite eu la confirmation que c’était grave, j’ai alors voulu sortir mais on ne pouvait plus. Le match a continué, et la sortie a été plutôt bien menée par les autorités, qui ont évité les mouvements de panique. L’évacuation a été plus longue que d’habitude du fait de la sortie possible par un seul côté. Les gens sont descendus sur la pelouse, ils gardaient plutôt leur sang-froid, il n’y a pas eu d’incident dans le stade. Mais tout le monde s’interrogeait, on disait que les fusillades continuaient et les annonces concernant le nombre de victimes commençaient à tomber. Après, j’ai réussi à joindre les commerçants à côté des restaurants touchés. Ils ont vu des choses terribles, l’un d’eux a vu un bras arraché près de lui, celui d’un type qui s’est fait exploser…

Y a-t-il des mesures particulières prises à Saint-Denis ?
Didier Paillard. Samedi matin, nous avons ouvert la mairie et mis des cahiers de condoléances et de témoignages dans et devant l’Hôtel de ville. Les élus discutent avec les Dionysiens qui se présentent. Les habitants sont choqués, ils se demandent s’ils cauchemardent. On avait appelé à un rassemblement à 18 heures mais, comme tous les rassemblements sont interdits, il n’a pas pu se tenir. Tous les lieux sportifs et culturels sont fermés. Mais la mairie, elle, reste ouverte, pour discuter avec la population. Autour du stade, évidemment, le périmètre est bouclé, du fait de l’enquête.

Selon vous, comment faut-il répondre à ce type d’événement, face au risque de développement des discours sécuritaires ?
Didier Paillard. Il faut bien sûr rechercher et éradiquer toutes les filières terroristes. Mais la nécessité de l’heure est de se rassembler, de ne pas céder à la peur et donc de dialoguer, de faire vivre les valeurs de la République. La question de la fraternité est posée, il faut donc aller au devant des habitants pour discuter. Il ne faut pas se replier sur soi, la meilleure réponse, c’est vraiment de faire face ensemble. C’est le message que l’on délivre aux Dionysiens. Beaucoup de commentateurs font référence à la guerre, c’est vrai que l’horreur crée de l’effroi, mais il faut être vigilant à ne pas tomber dans l’escalade. Chacun doit pouvoir participer au collectif que nous sommes, c’est surtout cela que nous devons mettre en avant. Nous devons constituer ensemble l’anticorps aux menées extrémistes. Il faut pour cela multiplier les espaces de dialogue, de construction, les endroits où se retrouver.

http://www.humanite.fr/didier-paillard-la-meilleure-reponse-cest-de-faire-face-ensemble-589704


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