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Dopage

Nicolas Maury

Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, ancienne ministre de la jeunesse et des Sports : « Une journée noire »

Dopage
« Après l’exclusion de Vinokourov, de Moreni et le départ de Rasmussen à la demande des sponsors, le Tour de France a encore connu une de ses journées noires. Est-ce la fin d’une longue série initiée en 1998 ? Malheureusement, je n’en suis pas certaine.

La prise de conscience symboliquement marquée par certains coureurs du Tour montre que l’exaspération d’aujourd’hui porte sur le dopage et non plus, comme l’avait dénoncé le sit-in de 1998, sur les perquisitions à la demande de la justice et sur la traque des journalistes.

Car il ne s’agit pas seulement de "triche", il s’agit aussi et surtout de la santé des sportifs. Combien j’aurais aimé alors que les sportifs eux-mêmes réagissent à ce traitement infamant que certains leur font subir. J’aimerais aussi que ceux qui sont à l’affût du résultat pour le résultat, de la performance pour la performance, les sponsors, certains médias et les annonceurs publicitaires aient un peu de décence. Ce sont eux qui pressurent les sportifs, qui les acculent à utiliser des produits qui accroissent leurs performances. Bien sûr il faut contrôler, réprimer si nécessaire, mais il faut d’abord prévenir les plus jeunes et les amateurs, leur parler des conséquences d’une maltraitance quotidienne de son corps.

Le cyclisme est-il le sport le plus touché ? Ce n’est pas certain.

Il est à coup sûr le sport le plus exposé dans ce domaine. J’aimerais que toutes les fédérations internationales aient les mêmes exigences à l’égard de leurs sportifs et de leur encadrement. C’est le rythme infernal des compétitions et la course au profit publicitaire autour du sport qui accroît ces dérives. Alors, cessons de ne parler que des conséquences et parlons des causes.

Je suis fière d’avoir contribué à asseoir une vraie politique de lutte contre le dopage en France, d’avoir commencé à donner des moyens importants au laboratoire de Chatenay et d’avoir initié le suivi longitudinal des sportifs. Je remarque que mes successeurs n’ont pas démoli ce qui avait été construit. Je note pourtant que les ministres successifs se sont peu exprimés sur le sujet. L’Agence mondiale antidopage et le Code mondial existent, c’est une bonne chose, même s’il faut encore les perfectionner. Des docteurs Jekyll sont encore tapis dans l’ombre, se servant des sportifs comme de cobayes. Il faut libérer les sportifs de ce carcan, il faut qu’ils témoignent et ainsi ils auront le soutien du public qui, lui, peut accepter que les compétitions se déroulent à un rythme moins effréné. »


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