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Dortmund : l’auteur de l’attaque était motivé par l’appât du gain

Perspective communiste

Arrêté vendredi, l’homme qui a perpétré une attaque à l’explosif contre le bus de l’équipe de foot aurait spéculé sur une baisse du prix de l’action du club

Jusque-là, la piste islamiste était privilégiée. D’autres avaient aussi été évoquées : celle du terrorisme d’extrême gauche ou, au contraire, d’extrême droite. Mais personne n’avait encore imaginé que l’appât du gain avait pu être le mobile de l’attentat commis contre le bus du Borussia Dortmund, le 11 avril, qui a blessé un joueur de l’équipe, l’Espagnol Marc Bartra, ainsi qu’un policier, juste avant le match qui devait opposer le club allemand à l’AS Monaco en quart de finale aller de la Ligue des champions.

Or telle est bien la piste désormais privilégiée par les enquêteurs. Dans un communiqué publié vendredi 21 avril au matin, le parquet fédéral allemand a annoncé l’arrestation d’un ressortissant germano-russe de 28 ans, Sergej W., expliquant que cet individu, qui spéculait à la baisse sur le cours de l’action du Borussia, avait pensé s’enrichir en commettant un attentat contre l’équipe. L’homme a été arrêté, vendredi matin, près de Tübingen (Bade-Wurtemberg), à 450 kilomètres au sud de Dortmund (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), par des agents de l’unité d’élite GSG-9.

Selon les enquêteurs, l’homme aurait réservé deux chambres dans l’hôtel où résidait l’équipe de Dortmund. Des chambres réservées près d’un mois à l’avance, l’une pour la période allant du 9 au 13 avril, l’autre pour celle allant du 16 au 20 avril : à l’époque, la date précise du match n’était pas encore connue… Soucieux d’être aux premières loges, il aurait demandé une chambre donnant sur rue, afin de pouvoir garder un œil sur le bus de l’équipe qu’il prévoyait de faire exploser.

Il semble que ce soit aussi depuis cette chambre que Sergej W. a passé un ordre d’achat correspondant à la valeur de 15 000 options de vente sur des actions du Borussia, dans l’idée d’en tirer profit – près d’un million d’euros, selon le Spiegel – en spéculant à la baisse sur le cours de l’action… En réalisant cette opération depuis l’hôtel, il ne s’est manifestement pas douté que celle-ci serait repérée par les enquêteurs qui ont passé au crible les connexions Internet avant l’attaque du bus avec l’adresse IP de l’établissement.

Dix jours après les faits, on en sait désormais également un peu plus sur l’attentat lui-même. Peu avant le départ du bus, Sergej W. aurait ainsi placé trois bombes à une douzaine de mètres de celui-ci, cachées dans de petits buissons. Des bombes contenant des tiges métalliques dont certaines ont été retrouvées à plus de 200 mètres de là et qui, si elles avaient traversé les vitres du bus, auraient pu faire un véritable carnage, ont indiqué les enquêteurs.

Sergej W. avait pris soin de semer, sur les lieux de l’attentat, trois textes visant à inciter les enquêteurs à privilégier la piste islamiste. Dans ces textes étaient notamment réclamés le départ des avions de reconnaissance allemands Tornado déployés en Syrie dans le cadre de la coalition contre l’organisation Etat islamique, ainsi que la fermeture d’une base de l’OTAN en Rhénanie-Palatinat.

Dans un premier temps, Sergej W. a peut-être pensé qu’il avait réussi à confondre les enquêteurs. Vingt-quatre heures après l’attentat, le parquet fédéral avait en effet indiqué qu’il privilégiait la piste « terroriste » et qu’il avait d’ailleurs identifié « deux suspects appartenant à la mouvance islamiste », dont l’un avait déjà été interpellé.

Dès ce jour-là, cependant, des sources proches de l’enquête avaient fait part de leur trouble quant à la solidité de cette piste, en raison de la nature des textes. Ces documents ne correspondaient pas, en raison de leur orthographe soignée et de certains termes allemands qui y étaient employés, aux écrits habituels des djihadistes. Dès le lendemain, le parquet avait annoncé que l’homme interpellé la veille, un Irakien de 26 ans lié à l’organisation Etat islamique et installé en Allemagne depuis 2016, n’était en fait pas lié à l’attentat, pas plus d’ailleurs que le second suspect évoqué la veille.

Le Monde


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