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En Afrique du Sud, l’ANC subit un revers historique aux municipales

Perspective communiste

Les élections municipales en Afrique du Sud ont donné la victoire à l'African National Congress (ANC).

Cette victoire, à la Pyrrhus, s'est réalisée avec une abstention forte et un recul électoral très important.

Article et traduction Nico Maury

Les résultats des élections municipales en Afrique du Sud sonnent comme un avertissement pour l'African National Congress (ANC). Selon les résultats quasi définitifs transmis par la Commission électorale (ICE) portant sur 98,6% des bulletins de vote, l'ANC termine en tête des élections, mais avec de grosses pertes.

Au niveau des résultats nationaux, l'ANC arrive en tête des élections avec 45,94% des voix (-7,97). Malgré la colère forte des Sud-Africain.e.s, malgré les échecs du gouvernement face à la pandémie de covid-19 et malgré la gestion catastrophique des services publics (énergie, eau, corruption, etc.), l'ANC limite la casse. Cependant dans de très nombreuses villes, l'ANC sera en minorité et contrainte à faire des coalitions avec d'autres partis. La défaite la plus symbolique est à Soweto où l'ANC disposait d'une majorité écrasante. L'ANC passe de 71% à 53% dans le township. Il chute aussi à Durban (56% -> 42%). A Johannesburg, l'ANC passe de 44,5% à 34,06%.

Le principal parti d'opposition l'Alliance démocratique (libéral), les résultats sont en reculs de 5,74 points et la DA recueille 21,16% des voix. Si elle maintient sa majorité dans la province du Cap, elle ne bénéficie par de la colère des sud-africain.e.s.

La troisième formation qui s'impose dans le scrutin est celle des Economic freedom fighters (EFF). Cette formation révolutionnaire (marxiste léniniste dans la forme, pro-socialisme en économie) et en même temps réactionnaire (racisme, sexisme) remporte des gains précieux avec 10,37% des voix (+2,18). Les EFF renforcent leurs présences dans les districts de la province du KwaZulu-Natal : uMkhanyakude, uMzinyathi, Zoulouland et King Cetshwayo.

Le Inkatha Freedom Party (droite conservatrice) remporte 5,75% des voix (+2,18). Le Freedom Front Plus (droite conservatrice) remporte 2,35% des voix (+1,55) et l'ActionSA (un nouveau parti issue de la DA) remporte 2,33% des voix.

Les partenaires de l'ANC critiquent sévèrement l'ANC

Le Secrétaire général du Parti communiste (SACP), Blade Nzimande, a averti qu'un certain nombre de facteurs ont conduit à une faible participation électorale. "Nous avons des premières observations à partager. Les résultats étaient prévisibles. C'est pourquoi pendant la campagne, nous avons cherché à inverser la tendance ou, du moins, à limiter l'ampleur de la baisse. Des problèmes ont touché un certain nombre de collectivités à travers le pays" déclare t-il.

"Les problèmes au sein de notre large mouvement, comme les divisions internes et la contre-campagne de l'ANC, le factionnalisme, la marginalisation des partenaires de l'Alliance, ont entrainé des divisions", déclare Nzimande.

Il ajoute qu'à l'avenir, l'ANC a besoin d'une plus grande unité interne, d'une alliance plus forte qu'auparavant, du soutien le plus large possible des masses grâce à une unité maximale et au renforcement de ses actions. Il souligne que l'ANC avait besoin de COSATU et du SACP pour survivre. "Ceux qui pensent que l'ANC peut survivre en abandonnant l'Alliance, causeront plus de tort à l'ANC, à sa nature et à son caractère. Laisser passer cela équivaudrait à ouvrir la voie à l'abandon de la voie d'une révolution nationale démocratique et à renforcer le courant contre-révolutionnaire, dont certains éléments se trouvent déjà dans les rangs de notre large mouvement."

Même son de cloche du côté de la COSATU. Le porte-parole national de COSATU, Sizwe Pamla, a déclaré que le parti au pouvoir doit faire une introspection. "Les chiffres sont décevants mais pas choquants. Le factionnalisme, la corruption, la mauvaise gestion de l'économie, des entreprises publiques et des municipalités et d'autres myriades de raisons ont conduit à l'apathie des électeurs. Le factionnalisme et les luttes intestines sont aussi des facteurs qui ont permis cette baisse".

"L'organisation doit faire une introspection. La faible participation électorale est la preuve que les Sud-Africain.e.s manquent de patience. Les gens ont perdu confiance à cause de promesses non tenues" déclare Pamla.


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