En Catalogne, le Parlement vote en faveur de la rupture avec l’Espagne
Perspective communiste
Le Parlement catalan a adopté, lundi 9 novembre, une résolution qui lance le processus visant à créer une république de Catalogne indépendante de l’Espagne dès 2017
Soixante-douze députés catalans sur 135 ont voté le texte, qui « déclare solennellement le début du processus de création de l’Etat catalan indépendant ». C’est la première d’une série d’étapes vers l’indépendance que les séparatistes catalans veulent obtenir d’ici à dix-huit mois.
Les indépendantistes catalans disposent de la majorité absolue au nouveau Parlement régional depuis les élections du 27 septembre. Ils n’avaient pas obtenu la majorité absolue des voix (47,8 %) mais estiment disposer d’un soutien suffisant pour lancer le processus d’indépendance.
La résolution, proposée à la fin d’octobre, a été rédigée conjointement par l’ample coalition indépendantiste Junts pel Si (« ensemble pour le oui ») et le petit parti anticapitaliste, europhobe et séparatiste CUP. Elle définit les objectifs et les outils pour mettre en marche au plus vite la « déconnexion » de la Catalogne du reste de l’Espagne. Le texte invite la chambre à commencer « l’adoption des lois du processus constituant, de Sécurité sociale et de Trésor public », afin de transférer ces compétences à la région.
Raul Romeva, membre du Junts pel Si, a déclaré après le vote : « La société catalane est maintenant face au concept qui voit la politique comme un autre moyen de faire la guerre. Nous avons une occasion en or de concevoir et de bâtir un Etat moderne ancré dans le XXIe siècle, exemplaire et à même d’en finir avec les errements et la corruption. »
Le tribunal constitutionnel jugé « illégitime »
La résolution indépendantiste précise que « le Parlement et le processus de déconnexion démocratique ne dépendront pas des décisions des institutions de l’Etat espagnol, en particulier du Tribunal constitutionnel », considéré comme « illégitime ». Prônant l’insoumission, elle « exhorte le futur gouvernement catalan à respecter exclusivement les normes et mandats émanant de cette chambre, légitime et démocratique, afin de protéger les droits fondamentaux qui pourraient être affectés par les décisions des institutions de l’Etat espagnol ».
Le gouvernement dépose un recours en urgence
Le premier ministre conservateur, Mariano Rajoy, qui a convoqué un conseil des ministres extraordinaire le 11 novembre, a annoncé son intention de présenter un recours en urgence devant le Tribunal constitutionnel pour invalider cette décision. « Je solliciterai la suspension immédiate de cette initiative et de tous ses effets. »
« Je comprends que beaucoup d’Espagnols en aient assez de ces tentatives incessantes de discréditer nos institutions », a ajouté M. Rajoy. Le cas de la Catalogne, région la plus riche du pays représentant 20 % de son PIB, est devenu un des sujets principaux de la campagne pour les législatives nationales du 20 décembre. Le Parti populaire du premier ministre est en baisse dans les sondages, suivi de plus en plus près par Ciudadanos (centre-droit) et le Parti socialiste.
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