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Equateur : le président Correa ne paie plus la dette "illégitime" (40% de la dette extérieure)

Nicolas Maury

Le président de l'Equateur, le socialiste (pas social démocrate) Rafael Correa refuse de payer les intérêts de la dette "illégitime"

Equateur : le président Correa ne paie plus la dette
"J'ai donné l'ordre de ne pas payer les intérêts. Le pays est donc en défaut sur sa dette extérieure. Nous savons qui nous affrontons, de véritables monstres qui n'hésiteront pas à tenter d'écraser le pays, mais je ne pouvais pas permettre qu'on continue à payer une dette immorale et illégitime. En tant que président de la République, j'en assume toute la responsabilité" déclarait à la presse Rafael Correa le 12 décembre dans la ville équatorienne de Guayaquil.

Docteur en économie et ex-ministre de l'Economie et des Finances, le président Correa justifie sa décision par les conclusions d'un audit gouvernemental des emprunts publics des trente dernières années.

Selon cet audit, les emprunts "illégitimes" seraient entachés notamment d'altérations de dates, parfois d'inexistence d'autorisation présidentielle, d'expertises insuffisantes, d'exemptions excessives de responsabilité de créanciers et même d'un renoncement unilatéral par l'Equateur de droits à la prescription de certaines dettes. La justice tente de déterminer la responsabilité éventuelle d'anciens présidents.

Très critique à l'égard du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, dont il expulsa le représentant à Quito, partisan comme son homologue et allié vénézuélien Hugo Chavez d'un "socialisme du 21e siècle" caractérisé par un pouvoir présidentiel fort et la prépondérance de l'Etat dans un système économique qui conditionne la propriété à sa fonction sociale, Rafael Correa prônait la gestion souveraine de la dette extérieure dès la campagne électorale qui le mena en 2006 à la présidence de l'Equateur. La dette ne sera payée que si "elle n'affecte pas les priorités du développement national" proclamait-il alors. Le refus apparent, aujourd'hui, d'honorer une dette extérieure présumée "illégitime" s'inscrit dans la même idéologie internationaliste et antilibérale.


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