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Eradiquer la précarité

Nicolas Maury

Lors du lancement de sa campagne à Blanc-Mesnil, le 5 janvier dernier, Marie-George Buffet présentait les quatre chantiers qu’elle entendait ouvrir pour éradiquer toutes les précarités qui rongent les familles et les salariés.


Eradiquer la précarité

D’abord, éradiquer le chômage.

Il faut garantir à tous et toutes une sécurité d’emploi ou de formation, qui passera notamment par l’abrogation du CNE, des contrats précaires et des temps partiels imposés, par une réforme de l’indemnisation du chômage et par une refonte du code du travail.

Ensuite, relever en urgence les salaires, les pensions et les minima sociaux.

Lorsqu’il s’agit d’en finir avec les privations quotidiennes, il ne peut être question d’attendre.
Dès la mise en place du gouvernement, le SMIC sera porté à 1500 €. De grandes négociations salariales seront ouvertes. Des prix rémunérateurs seront garantis aux paysans pour leur permettre de vivre de leur travail et de sauvegarder leurs exploitations.

Troisièmement, garantir un toit à chacun et à chacune.

Pour cela sera engagée la création d’un service public de l’habitat. Les financements dégagés pour la construction de plus de 600 000 logements sociaux sur la législature. Les loyers seront plafonnés, par la loi, à 20% du revenu des ménages. Les expulsions locatives, les coupures d’eau et d’électricité seront interdites. La réquisition des logements vides sera organisée. La loi sur les 20% de logements sociaux sera rendue plus contraignante.

Enfin, assurer le droit à la santé.

La Sécurité sociale universelle sera rétablie ; une réforme du financement de la sécurité sociale sera engagée dès l’automne 2007, notamment par la cotisation des revenus financiers.

Et la candidate de la gauche populaire et antilibérale ajoutait trois conditions

La première c’est de trouver l’argent.

On nous parle du déficit public, mais l’impôt sur le revenu représente à peine 17% des recettes de l’Etat ; et l’impôt sur les sociétés, que le président de la République veut encore réduire, tourne autour de 15%.
Alors l’argent, il faut aller le chercher par une grande réforme de la fiscalité, dès la loi de finances pour 2008, une réforme de justice fiscale qui toucherait les hauts revenus et les profits exorbitants des grandes entreprises, 96 milliards d’€ en 2006.

Un gouvernement de gauche qui ne voudrait pas affronter le pouvoir de la finance, courrait à l’échec. Alors oui, il faudra le courage politique et la mobilisation populaire pour s’attaquer à la tyrannie des actionnaires, des marchés et des banques.

Il faudra du courage pour réorienter toutes les missions de la BCE et créer un pôle financier public porteur d’une nouvelle politique du crédit et d’une nouvelle politique pour l’industrie.

Il faudra la même détermination pour donner aux salariés, les seuls intéressés par l’emploi et l’investissement utile, de nouveaux droits d’intervention dans la gestion de leurs entreprises.

Car la deuxième de ces conditions, c’est bien de partager et démocratiser tous les pouvoirs.

Un gouvernement de gauche qui ne transformerait pas l’exercice du pouvoir courrait à l’échec. C’est pourquoi, très vite, devra être mis en chantier une 6ème République, fondée sur les droits et la participation effective de notre peuple aux décisions de la Nation.

Le monarchisme présidentiel sera supprimé et le rôle du Parlement renforcé ; les résidents étrangers bénéficieront comme citoyennes et citoyens du droit de vote. Les populations et les élus des départements et territoires d’Outre-mer se verront reconnus les nouvelles responsabilités qu’ils souhaitent.

La démocratie a besoin aussi de grands services publics. Cela passe par la reconquête des services publics touchés par la privatisation, par leur démocratisation, mais d’autres devront être créés, pour la petite enfance, le médicament, l’eau, la maîtrise des déchets...

La troisième de ces conditions, c’est évidemment l’action de la France en Europe et dans le monde.

Tous ces services publics que nous savons nécessaires, ils n’ont pas d’avenir dans une Europe dont le dogme est la concurrence libre et non faussée.

Toutes ces conquêtes sociales que nous appelons de nos voeux, elles ne sont pas possibles dans une Europe du moins disant social, docile au tout marchand de l’OMC. Dès la première réunion du Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement, la France devra faire entendre sa volonté de réorienter la construction européenne et travailler à des initiatives permettant l’élaboration citoyenne d’un nouveau traité facteur de progrès social de démocratie et de paix.

Une Europe porteuse d’une nouvelle croissance, respectueuse des hommes et des femmes, mais aussi de l’environnement. Nous aurons besoin d’une France qui dans sa politique étrangère soit un pilier de la construction d’un monde plus juste. Dans l’urgence, elle devra agir au sein de l’ONU pour créer les conditions d’une paix durable au Moyen-Orient.


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