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Espagne : "Democria Real Ya", les politiques espagnols désemparés face au malaise de la rue

Perspective communiste

Entre 60.000 et 100.000 "indignés" en révolte contre la crise, dont 25.000 à Madrid, entraient avec ferveur dans l'illégalité dans des dizaines de villes d'Espagne dès les premières minutes de ce samedi, bravant l'interdiction de réunion et de manifestation lors de la journée dite de réflexion précédant les élections municipales et régionales du dimanche 22 mai

Le Movimiento 15-M, qui a réuni des milliers de manifestants dans les grandes villes d’Espagne le 15 mai dernier et qui s’est transformé, depuis, en session prolongée de camping géant sur la Puerta del Sol de Madrid et les places d’autres grandes villes espagnoles, était donc d’autant plus inattendu.

Izquierda Unida (IU) a déposé un recours (finalement rejeté) contre la décision du comité électoral central d’interdire les manifestations samedi et dimanche.

Ce programme, débattu sur l'asphalte de l'emblématique Puerta del Sol madrilène, transformée en campement au lendemain de la manifestation initiale du 15 mai, est encore en pleine élaboration. Il devrait tracer les axes d'une réforme globale d'un système politique et économique dont la faillite se traduit en Espagne par 4,9 millions de chômeurs, soit 21,19% de la population active. Ce taux grimpe à près de 45% parmi les jeunes de moins de 25 ans.

Democracia Real Ya ! (Une vraie démocratie, maintenant !), Spanish Revolution (Révolution espagnole), Juventud sin Futuro (Jeunesse sans avenir), Toma la Plaza (Prends la place) et les multiples autres plates-formes revendicatives qui mobilisent jeunes et moins jeunes via les réseaux sociaux du web semblent déjà d'accord sur des mesures qui pourraient être intégrées dans un programme commun

-Proclamation de la Troisième République. La monarchie espagnole devrait être abolie d'autorité ou pour le moins son sort devrait être soumis à référendum.
-Fermeture immédiate des centrales nucléaires.
-Récupération des entreprises publiques privatisées.
-Nationalisation des banques secourues par des fonds publics.
-Fermeture des fabriques d'armes et refus d'intervention dans tout scénario de guerre.
-Adoption de la taxe Tobin sur les mouvements de capitaux.
-Suppression et substitution de la Loi électorale, de la Loi sur les partis et de la Loi sur les étrangers.
-Suppression de revenus viagers d'élus politiques; listes électorales ouvertes et débarrassées de candidats soupçonnés de corruption.
-Référendum sur chaque loi essentielle débattue au Parlement.
-Réforme fiscale favorisant les revenus les plus bas.
-Séparation totale de l'Eglise et de l'Etat.
-Dépolitisation de la justice.
-Salaire minimum de 1.200 euros (près du double du salaire minimum actuel).

Des politiques vendus aux intérêts des marchés?

Quoique les contestataires prônent l'abstention électorale par mépris de la particratie, nombre de ces mesures, y compris la restauration de la République, sont proposées depuis longtemps par les écolos-communistes de la Gauche Unie. Cette coalition avait recueilli 5,54% des suffrages aux élections communales de 2007 et 3,8% aux législatives de 2008. La Gauche unie a soutenu ouvertement les révoltés, allant jusqu'à déclarer "ce sont les nôtres".

En clôturant vendredi soir à Madrid la campagne électorale de son Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, a affirmé que les revendications des manifestants "ne nous font pas peur, elles nous engagent, elles nous obligent à offrir des réponses sociales".

Des analystes se demandent si cette sympathie soudaine du leader socialiste pour des revendications habituelles de l'extrême-gauche l'éloignera ou non de l'électorat centriste qui est la clef de toute victoire électorale en Espagne. Les sondages prédisent un triomphe du Parti populaire (PP, droite) de Mariano Rajoy au scrutin municipal et régional de dimanche, lui attribuant jusqu'à 44% des voix, contre 36% aux mêmes élections en 2007. Les mesures extrêmes proposées par les "indignés" amplifieront-elles ou non ce triomphe?


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