Perspective Com
Etats généraux de l’industrie : « Chaque entreprise donneuse d’ordres est responsable »

Nicolas Maury

Alain Bocquet, Député-Maire PCF de Saint-Amand-les-Eaux (Nord)

Nicolas Sarkozy va conclure les « états généraux de l’industrie » dans lesquels le ministre de l’Industrie voit une « révolution industrielle ». Rien moins  ! Peu probable pourtant que notre économie et ses salariés y trouvent leur compte, les mêmes recettes, cadeaux et exonérations fiscales, ne pouvant aboutir qu’aux mêmes effets, chômage et précarité. Le groupe GDR a dénoncé, à l’Assemblée, l’absence, en France, de politique industrielle, l’industrie ne représentant que 12 % de notre PIB. Deux fois moins que l’Allemagne. La chute de l’emploi industriel (269 000 postes perdus en France en 2009), partout dramatique (– 20 % et 72 000 postes détruits en quinze ans dans le Nord-Pas-de-Calais), en témoigne. Les délocalisations font partie de cet enjeu majeur  : l’avenir industriel du pays.

En 2007, notre groupe a déposé une proposition de loi contre le dumping fiscal et social entre les États, pain bénit des groupes du CAC 40… Et avancé des solutions. Interdire les licenciements collectifs quand l’entreprise délocalise sa production. Imposer aux entreprises d’assurer « l’intégralité du préjudice » causé aux salariés et à la collectivité. C’est le sens de la demande de commission d’enquête qui vient d’être déposée contre les 175 suppressions d’emplois chez Pimkie, filiale du groupe Mulliez.


Chaque entreprise donneuse d’ordres doit être tenue pour responsable, vis-à-vis de ses sous-traitants et de ses filiales, des effets de sa propre délocalisation sur leurs salariés. 
Et il faut instaurer un droit d’accès aux marchés français et européen (sur les produits réimportés), « calculé en fonction des écarts de salaires et de protection sociale entre pays importateurs et exportateurs ».

On en voit l’actualité avec Renault, Ericsson ou Total, 
qui veut fermer sa raffinerie dans le Nord-Pas-de-Calais  : 
« Plan de désengagement progressif de l’outil industriel européen, analyse la CGT, au profit d’investissements 
en Asie et au Moyen-Orient. »

Que dire du jeu de dupes Sarkozy-Carlos Ghosn sur la production de la Clio 4 en Turquie  ? Principal actionnaire de Renault, à 15 %, qu’attend l’État, demande le PCF, pour prendre une minorité de blocage à 34 %  ! Confronté à l’Europe libérale qui exige de la France que son aide aux industriels ne contienne « aucune mesure relevant de la localisation de leurs activités », 
le gouvernement s’est incliné. Sortir par le haut de la crise industrielle demande donc de rompre avec la logique capitaliste qui met en concurrence États, peuples et salariés. Instaurer des droits nouveaux dans l’entreprise, rémunérer l’emploi industriel à sa valeur, créer des fonds régionaux de financement, développer des stratégies de filières industrielles… Atouts majeurs de l’économie nationale, l’emploi et l’avenir industriels seront au cœur 
du scrutin régional du 14 mars prochain.


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