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Européennes. Listes soutenues par le Front de gauche : 6,5 % et non à 6 %

Nicolas Maury

Le ministère de l’Intérieur compte à part les résultats de la liste Alliance des outre-mers, soutenue par le Front de Gauche

C’est une habitude tenace place Beauvau. Régulièrement, dans la présentation officielle des résultats électoraux, les candidats présentés ou soutenus par les communistes sont minorés de milliers de voix par des distinguos fallacieux. Les européennes n’échappent pas à cette mauvaise « règle », faisant apparaître la liste Alliance des outre-mers, du communiste réunionnais Élie Hoarau, élu dimanche, comme une liste « divers gauche ». Celle-ci bénéficiait pourtant du soutien plein et entier du Front de gauche, qui ne présentait pas pour cette raison de candidats dans cette circonscription (1). En 2004, déjà, le PCF avait apporté son soutien à l’Alliance, conduite par Paul Vergès (PCR).

Le score de 6,05 % dont est crédité le Front de gauche par le ministère de l’Intérieur ne tient pas compte de cette donnée, ne retenant que les voix de ses listes dans l’Hexagone (1 041 755). Ce qui n’empêche pas le ministère de calculer son score sur l’ensemble des suffrages exprimés en France… Outre-mer compris !

En réalité, les listes présentées ou soutenues par le Front de gauche ont réuni 6,17 % sur le continent, et 6,47 % (1 114 872 voix) si on y inclut le résultat de l’Alliance des outre-mers, arrivée en tête de la gauche dimanche (21,01 %), devant la liste socialiste (20,26 %). Les voix de cette dernière ont en revanche bien été mises au compte du score national du PS, tout comme la liste de l’UMP… Pour mémoire, en 2004, les listes du PCF et de l’Alliance ultra-marine avaient réuni 5,88 % et 1 009 976 voix. Les listes présentées ou soutenues par le Front de gauche arrivent donc en 5e position, devançant celles du Front national (6,34 %).

Dans les circonscriptions, le Front de gauche a enregistré des résultats significatifs dans nombre de villes. En Seine-Saint-Denis, il devient ainsi première force à cette élection à Aubervilliers avec 17,5 %, contre 15,7 % pour le PCF en 2004, le PS qui a arraché la ville aux communistes l’an dernier s’effondrant à 15,6 %, contre 25,3 % il y a cinq ans. C’est le cas aussi à Drancy, où le Front de gauche passe première force à gauche à 12,8 % devant le PS, à 12,4 %, alors que ce dernier devançait le PCF en 2004. Dans le Val-de-Marne, même cas de figure à Bonneuil-sur-Marne, ville communiste où le Front de gauche surclasse ses rivaux avec 21,2 %, première force devant l’UMP (16,3 %) et le PS (15 %). À Champigny, le Front de gauche surnage en tête de toutes les forces avec 23,8 %, le PS, qui était premier en 2004 (23,6 %) divisant ses voix par deux (11,2 %). À Villejuif, le Front de gauche fait aussi la course en tête avec 20,8 %, devant les Verts, l’UMP et le PS. Même cas de figure à Vitry-sur-Seine, où le Front de gauche réalise 18,7 %, ainsi qu’à Gentilly (23,8 %).

En Seine-Maritime, à Dieppe, ville regagnée par le PCF en 2008, le Front de gauche est en tête (20,9 %) supplantant le PS, qui recule de 28 % à 14,5 %. À Vierzon (Cher), il réalise près de 30 % (29,8 %, contre 23,8 % en 2004), cinq points au-dessus de l’objectif visé par le maire (PCF) Nicolas Sansu. À Calais, ville où Jacky Hénin a été battu aux municipales, le Front de gauche qu’il conduit conserve sa première place (30,2 %), l’UMP, dont la nouvelle maire est membre, ne réalisant que 18,3 %. Citons encore Martigues (Bouches-du-Rhône), où le Front de gauche domine à 21,6 % (PS, 13,6 %), inversant le rapport des forces à gauche de 2004 (PS, 27,7 % ; PCF 17,3 %).


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