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Evo Morales renvoi la Bolivie 20 ans en arrière

Perspective communiste

La lutte fratricide au sein du Mouvement vers le Socialisme (MAS-IPSP) a permis d'obtenir ce qu'un coup d'État militaire n'aurait pas pu faire : Balayer le processus révolutionnaire sans tirer une seule cartouche.

Le grand artisan du retour de la droite néolibérale et conservatrice au pouvoir : Evo Morales.

Article et traduction Nico Maury

Un mot pour résumer ces élections générales en Bolivie : un gâchis, un immense gâchis.

Un sentiment pour résumer les résultats de ces élections : la colère, une colère contre l'attitude irresponsable, suicidaire de l'ancien Président Evo Morales, qui vient de renvoyer la Bolivie 20 ans en arrière.

La lutte fratricide et l'égoïsme des membres, actuels comme anciens, du Mouvement Pour le Socialisme (MAS-IPSP), ont permis d'obtenir ce qu'un coup d'État militaire n'aurait pas pu faire : Balayer le processus révolutionnaire sans tirer une seule cartouche et en ayant les mains totalement libres pour restaurer l'ordre néolibéral dans la nation andine.

Les élections présidentielles de ce dimanche en Bolivie sont une défaite écrasante pour les forces populaires. Cette défaite marque le retour des secteurs les plus conservateurs au pouvoir.

Selon les résultats des élections, le candidat Rodrigo Paz, du Parti démocrate-chrétien, remporte 32,14 % des voix. Derrière lui se trouve un homme politique bolivien de longue date, l'ancien président Jorge Quiroga, de la coalition Alliance libre, qui prend la seconde place avec 26,81 % des voix.

Les votes nuls, consigne de vote donnée par Evo Morales (un acte de « rébellion démocratique »), totalisent 1.175.519 des voix, soit 19,04 % du total du scrutin. Ce vote prend la troisième place. Le candidat de gauche, Andrónico Rodríguez, rassemble 8,22 % des voix et le candidat du MAS-IPSP, Eduardo del Castillo, seulement 3,16 % des voix.

Sur les 36 membres du Sénat, il n'y aura plus aucun élu de gauche. Sur les 130 membres de la Chambre des députés, il y aura un député du MAS-IPSP et cinq de l'Alliance Populaire d'Andrónico Rodríguez

Les élections se sont déroulées dans un contexte politique, économique et social complexe que le Parti communiste résume comme la conséquence de luttes personnelles sur fond de crise du système rentier à lire ici.

Le Mouvement vers le socialisme (MAS), affaibli par des conflits internes menés par les courants Evariste et Arciste, ouvre la voie au retour du néolibéralisme au pouvoir et au démantèlement des acquis de l'État plurinational. (Voir l'article de L'Humanité)

La vérité est que Evo Morales Ayma a perdu plus de 2 millions de voix : il est passé de 3,5 millions de voix à 1 million ; le vote nul n'est ni plus ni moins que la marque d'un leader en fin de vie politique, qui s'accroche par tous les moyens, à une illusion de pouvoir. Il laisse derrière lui une terre brulée, et est responsable de la mort de la gauche en Bolivie.

Le renouvellement de la gauche n'a pas pu se faire, la guerre entre l'évisme et l'arcisme, a privé la Bolivie d'une nouvelle dynamique pour réorienter le processus révolutionnaire lancée en 2006. La gauche a été vaincue par elle-même. Evo Morales a conduit ses troupes "loyales" dans le mur et a livré le pays à la merci de la droite qui a tous les outils pour liquider l'état plurinational.

Aujourd'hui, on ne sait pas quel sera le pouvoir de nuisance d'Evo Morales dans le futur et dans la reconstruction de la gauche révolutionnaire en Bolivie. Ces vieux leaders de gauche, incapables de passer la main, intéressés que par le pouvoir, sont un fardeau. En France, comme en Bolivie, les secteurs populaires, travailleurs, ne doivent plus s'attacher à des leaders autoproclamés, à des messies ou autres tribuns du passé.

Que la Bolivie soit une leçon sur le caudillisme, qui met l’accent sur l’homme plutôt que sur le mouvement.


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