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Fabius veut ouvrir les magasins le dimanche pour les touristes. Le PS veut annihiler 108 ans de luttes

Perspective communiste

Pour le ministre, qui a récupéré le portefeuille du Commerce extérieur et du tourisme, il faut qu'il y ait une ouverture compensée pour les salariés



Le ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et du Tourisme, Laurent Fabius, a plaidé mardi 22 avril pour l'ouverture des magasins le dimanche afin de relancer le secteur crucial du tourisme en France.

Le tourisme "est un secteur absolument central en France: 7% de l'emploi, avec des marges de progression considérables", a dit le ministre à RTL, en précisant qu'il rencontrait mardi les responsables du secteur.

"Le touriste qui vient le dimanche et qui se présente devant un magasin qui est fermé ne va pas revenir le jeudi", a-t-il souligné, en évoquant à la fois "les Français qui vont en France, plus beau pays du monde, ou les étrangers qui viennent en France".

revendication des députés socialistes en 2009

"Pour les touristes, il faut qu'il y ait une ouverture (le dimanche), compensée bien sûr pour les salariés", a-t-il plaidé, ajoutant: "Il faut modifier un certain nombre de dispositions".

Le ministre, qui a vu son portefeuille élargi au Commerce extérieur et au Tourisme lors du remaniement gouvernemental, a insisté sur l'importance du tourisme pour la France. "Avec mon collègue de l'Economie, je vais m'en occuper".



Le repos dominical, un acquis issue de longues luttes et de 1099 morts

La loi du 13 juillet 1906 instituant le repos dominical en France a mis fin à un long conflit social, né d'une catastrophe minière dans le Nord, et a ouvert une période d'"apaisement religieux", au lendemain de la séparation des Eglises et de l'Etat.

C'est un radical bon teint, Ferdinand Sarrien, qui devient président du Conseil le 13 mars 1906, quelques jours après le coup de grisou de Courrières (1.099 morts).

Il faut calmer la colère des mineurs, éviter les incidents lors des "inventaires" des biens du clergé, préparer l'opinion au procès en cassation d'Alfred Dreyfus qui déchaînait les passions, et se lancer dans la bataille des législatives.

La vieille revendication du repos dominical et celle de la journée de 8 heures -satisfaite seulement en 1919- sont au coeur des débats et manifestations.

Sarrien préside un gouvernement prestigieux comprenant deux futurs présidents de la République, Raymond Poincaré et Gaston Doumergue, et trois futurs présidents du Conseil: Aristide Briand, Georges Clemenceau, Louis Barthou. Tous voulaient des avancées sociales.

La loi du 12 juillet 1880 a aboli le repos dominical sous prétexte qu'il avait été décrété sous la Restauration. Le "jour de repos" est dès lors décidé par le patron.

Après la tragédie de Courrières, 45.000 mineurs se mettent en grève le 16 mars. Le 17, Clemenceau (Intérieur), promet de ne pas faire intervenir la force, mais change d'avis quand la mairie de Lens est occupée le 20. La répression est dure, un policier est tué. 50.000 "gueules noires" défilent à Paris le 1er mai, à l'appel de la CGT.

Le 20 mai, la gauche remporte les élections de façon écrasante.

La loi Sarrien est votée. Son article 2 dispose que le dimanche est jour de repos hebdomadaire des employés et ouvriers. Employés de maison et travailleurs agricoles en sont provisoirement exclus.

Cette loi est aussi appelée "loi Lemire", nom du député-maire d'Hazebrouck, l'abbé Jules Lemire, républicain ardent à l'origine des allocations familiales, qui a su convaincre que le choix du dimanche n'était pas une revanche des religieux, quelques semaines après la loi de séparation. L'"apaisement" est en route.


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