François Hollande lance l'an II du renoncement (l'Huma)
Perspective communiste
Particulièrement significative, cette phrase prononcée hier à l’Élysée, allusion aux quatre millions d’électeurs du Front de gauche qui au second tour, le 6 mai 2012, apportèrent un soutien décisif à l’actuel président: «La gauche de la gauche ne fait pas partie de la majorité.» Par Jean-Paul Piérot
C’est peu dire que le peuple de gauche avait rêvé un autre avenir en chassant du pouvoir la bande du Fouquet’s. Sans doute avait-il accordé quelque crédit à la déclaration du candidat Hollande fustigeant en pleine campagne son «véritable adversaire, qui n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, (…) le monde de la finance». Particulièrement significative, cette phrase prononcée hier à l’Élysée, allusion aux quatre millions d’électeurs du Front de gauche qui au second tour, le 6 mai 2012, apportèrent un soutien décisif à l’actuel président: «La gauche de la gauche ne fait pas partie de la majorité.» Il était d’ailleurs tout aussi significatif que le même jour à l’Assemblée nationale le gouvernement organise l’enterrement de la proposition de loi d’amnistie sociale.
Il n’était pas dû au hasard que François Hollande ait ouvert sa conférence de presse en évoquant sa rencontre de la veille avec la Commission européenne. Le chef de l’État avait présenté à Bruxelles sa politique censée renforcer la compétitivité des entreprises et la réforme du marché du travail, marquée du sceau de la flexisécurité. Il a préconisé une sorte de fuite en avant fédéraliste européenne et est même allé jusqu’à affirmer que l’Europe avait sauvé la Grèce… S’agissant de la France, les deux ans de répit accordés par les commissaires pour attendre les 3 % de déficit public seront utilisés pour mener les réformes de structure, l’allongement de l’âge de départ à la retraite, notamment. Ce droit à la retraite que le président de la République considère comme un fardeau.
Offensive, référence à l’an II, le chef de l’État n’a pas eu de mots assez forts pour peindre en rose une politique de renoncement qui, mutatis mutandis, s’inscrit dans une certaine continuité avec la précédente. Le pouvoir d’achat, qui a reculé cette année, l’emploi détruit au rythme des plans de restructuration sont laissés à la discrétion des directions d’entreprise aux pouvoirs renforcés. Droits des salariés, législation contre les licenciements boursiers, le renforcement du droit du travail ne figurait pas à l’ordre du jour du discours présidentiel. Quant à la gauche, elle semblait avoir déserté l’Élysée hier soir. Puisse l’an II de la mobilisation populaire bouleverser la donne.
