Perspective Com
Fusion GDF-Suez

Nicolas Maury

NON A LA PRIVATISATION,
OUI A UN PÔLE PUBLIC DE L’ENERGIE !

les boureaux de l'énergie en France
les boureaux de l'énergie en France


En décidant la fusion entre Suez et Gaz de France, le gouvernement Villepin-Sarkozy renie l’engagement pris en 2004 de maintenir la participation de l’Etat dans GDF au-dessus de 70%. Mais surtout il confirme sa volonté de privilégier les profits des grands groupes privés au détriment de l’intérêt général, et pour cela de poursuivre sa politique de privatisations.

Une décision contraire à l’intérêt général

Cette décision va en effet se traduire par une perte de contrôle public sur un service essentiel pour la population, et cela au moment où s’ouvre une période d’incertitude en matière de sécurité d’approvisionnement et d’indépendance énergétique.
Elle signifie également que va s’exacerber la concurrence absurde déjà à l’œuvre entre GDF et EDF, alors que le bon sens appelle à leur rapprochement. Déjà, on parle d’un regroupement entre EDF et Véolia Environnement en réplique à la fusion Suez-GDF.

L’expérience des privatisations passées le montre : pour doper leurs dividendes, les actionnaires du nouvel ensemble issu de la fusion imposeront demain des exigences accrues de rentabilité financière incompatibles avec les missions et les principes du service public. Car comment ne pas penser qu’usagers et territoires ne seront plus traités sur un pied d’égalité ? Que les impératifs de sécurité, pour le gaz comme pour le nucléaire, s’effaceront devant la dictature de la marge ? Que les emplois seront sacrifiés sur l’autel des profits, à Suez comme à GDF (avec, en première ligne, les 60 000 postes mixtes EDF-GDF) ?
Un fait significatif : D’ores et déjà, le PDG de GDF réclame une nouvelle hausse immédiate des tarifs du gaz de 16%, qui interviendrait après celles, massives, des dernières années. Tout cela pour satisfaire les nouveaux actionnaires privés qui entreront dans le capital de GDF et pour encourager la fusion …

L’énergie : un bien commun qui justifie une gestion publique

En abandonnant le secteur de l’énergie aux multinationales, le gouvernement fait un choix conforme à ses orientations libérales, mais aussi un choix qui tourne le dos aux défis du monde moderne.

Car l’énergie est une source de vie et de développement. A ce titre, elle concentre des enjeux majeurs de portée planétaire : il s’agit à la fois d’en assurer l’accès à tous les êtres humains et de promouvoir un mode de croissance durable garantissant l’amé-lioration de l’environnement et le renouvellement des ressources naturelles.
C’est pourquoi l’énergie ne peut être traitée comme une marchandise. Comme l’air ou l’eau, elle doit être considérée comme un bien public appartenant en commun à l’humanité tout entière. Sa gestion doit être placée sous maîtrise publique.
Tel est le sens des propositions du PCF.

Le plan du gouvernement peut être mis en échec

Si le gouvernement impose son plan, ce sera le signal pour accélérer encore le rythme des privatisations. Mais, déjà en grande difficulté sur le CPE, il n’est pas sûr de réussir son coup.
La puissance de la mobilisation des salariés du secteur de l’énergie, le 23 mars et ensuite, va peser lourd. Cependant, ce dossier ne peut rester leur seule affaire. Pour sa part, le PCF entend travailler à élargir le rassemblement dans tout le pays, afin de mettre en échec le projet régressif du pouvoir.

LE PCF POUR UNE ALTERNATIVE

1. En premier lieu, il faut geler l’opération de fusion Suez-GDF et engager un débat contradictoire et public sur l’avenir de la politique énergétique associant toutes les parties concernées : élus de la représentation nationale, organisations syndicales de salariés, associations d’usagers.
2. Au contraire de la privatisation, nous demandons la fusion entre EDF et GDF, première pierre de la constitution d’un pôle public de l’énergie. Ce pôle serait l’instrument indispensable d’une politique énergétique cohérente et maîtrisée. Le capital des deux entreprises doit dans ce cadre redevenir à 100% public.
3. Le risque d’OPA sur Suez, utilisé par le gouvernement comme prétexte à la fusion avec GDF, est une réalité. Pour l’éviter, la solution est de renforcer la présence des organismes publics dans le capital du groupe Suez (Caisse des Dépôts et Consignations et COGEMA).
L’Europe est confrontée à plusieurs défis sur l’énergie : faire face au risque actuel de pénurie, garantir la sécurité d’approvisionnement et la stabilité des prix, répondre aux enjeux environ-nementaux. Pour cela, il faut sortir de la logique de guerre économique et des fusions-absorptions destructrices pour l’emploi et incapables de répondre aux besoins. Une politique énergétique européenne coordonnée et ambitieuse implique l’arrêt du processus de libéralisation. A l’inverse de la concurrence actuelle, il s’agit au contraire d’organiser la coopération entre producteurs


Commentaires (3)
1. cegeteman le 23/03/2006 16:46
Prix du gaz : l'intérêt des actionnaires avant les exigences sociales

La présentation par le gouvernement de la limitation de la hausse du prix du gaz à 5,8% au lieu des 8,1% réclamés par Gaz de France ne doit pas faire illusion. Pour FO, il s'agit bel et bien d'une nouvelle ponction dans le porte-monnaie des ménages dont le contenu se vide à une vitesse vertigineuse.

Cette nouvelle hausse succède à celles décidées en 2005 et porte à 35% l'augmentation du prix du gaz en deux ans, un chiffre qui va bien au-delà de l'inflation mais surtout bien au-delà de la progression des rémunérations des salariés dans un contexte de modération salariale persistante.

Cette décision intervient en outre dans le contexte du projet de fusion Suez/GDF qui couronne de fait la privatisation de l'opérateur public. Dans ce contexte, le parti pris de relever les tarifs du gaz affirme la priorité donnée à satisfaire l'appétit des actionnaires présents et futurs en matière de dividendes au détriment des usagers du service public.
2. cegeteman le 23/03/2006 16:46
Gaz : le prix d'une concurrence libre et non faussée !....

Comme le souligne Frédéric Imbrecht, secrétaire général de la CGT énergie aujourd'hui dans L'Humanité, la décision du gouvernement d'augmenter le prix du gaz de 5,8%, conduit à une augmentation de 18% sur cinq mois et de 30 % sur 18 mois. Or, en 2005, GDF a doublé son résultat et fait une marge bénéficiaire de 6% et augmenté de 60% les dividendes versés aux actionnaires.

Cette augmentation va dans le sens de ce que réclamait la Commission de régulation de l'énergie (CRE) pour maintenir la concurrence entre GDF et les fournisseurs privés. Rappelons que depuis 2000, le marché du gaz naturel est ouvert pour les grands consommateurs industriels. Depuis le 1er juillet 2004, tous les consommateurs non résidentiels (dont les collectivités locales) peuvent choisir leur fournisseur de gaz naturel . Le 1er juillet 2007, ce sera le tour des particuliers ; l'ouverture du marché du gaz naturel sera alors totale...

. La concurrence s'exerce uniquement sur la vente d'énergie. Chaque "client" a ainsi le choix entre :

* conserver son contrat avec son fournisseur actuel (au tarif réglementé),
* renégocier son contrat avec son fournisseur actuel (en renonçant au tarif réglementé)
* ou changer de fournisseur (en renonçant au tarif réglementé).

L'APASP (Association Pour l'Achat dans les Services Publics) qui s'affirme comme un « club » d'acheteurs des Administrations, Collectivités et Entreprises Publiques "dont la vocation est de favoriser l'échange d'informations et d'expériences mais aussi de former les acteurs de la commande publique" publie un vademecum pour la passation des marchés de gaz.

Les offres ne manquent pas pour inciter les collectivités locales à s'engager dans cette démarche pourtant, il ne s'agit que d'une possibilité et nullement d'une obligation.

Quant à la fusion GDF Suez qui entrainerait la privatisation de GDF, les élus communistes du Mans soulignaient que le gouvernement agissait "brutalement sans demander aux Maires des communes, propriétaires de réseaux dont ils ont concédé la gestion à Gaz de France, leur avis. En Sarthe, ce sont 100 communes desservies en Gaz qui sont concernées, notamment au regard des priorités contenues dans ces contrats de concessions et en particulier la sécurité des installations gazières".
3. Guy Fischer le 24/03/2006 15:41
Au nom du "patriotisme économique" et sous couvert de contrer l’OPA d’ENEL sur le groupe SUEZ, le premier ministre vient d’annoncer la fusion de ce dernier avec GDF. Comment cela se passe-t-il concrètement ?

Le poids financier de Suez étant quasiment le double de celui de Gaz de France, la nouvelle entreprise qui naîtra de la fusion sera contrôlé par l’État à 34 % seulement, par le jeu des échanges d’actions, alors qu’il détient aujourd’hui 80,2 % du gazier français. C’est exactement comme s’il offrait un bien national à un groupe privé.

Le gouvernement se moque de ses promesses de 2004, à l’occasion de l’examen du projet de loi sur le changement de statut d’EDF et GDF, lorsqu’il prétendait que l’État ne descendrait pas au dessous de 70 % du capital des deux entreprises publiques ! Il ment aussi en prétendant que cette fusion préservera l’emploi : les chiffres le montrent : en dix ans, les fusions ou acquisitions dans le domaine de l’énergie ont abouti à la suppression de 200 000 emplois en Europe.

De plus, en fusionnant GDF avec SUEZ, propriétaire de l’électricien belge ELECTRABEL, le gouvernement ne craint pas de mettre directement en concurrence EDF et GDF, les deux seuls opérateurs importants dont la France disposait pour assurer son indépendance énergétique.

Enfin, le ministre de l’économie et des finances est muet sur les tarifs. Après une augmentation des tarifs aux particuliers de 30 % en 2005, le gouvernement, sous la pression populaire, avait modéré les prétentions de GDG à de nouvelles augmentations à l’automne dernier. Qu’en sera-t-il à présent qu’il est minoritaire dans la nouvelle société ?

Face à ce nouveau mauvais coup du gouvernement, je suis aux côtés des salariés d’EDF et de GDF, de leurs organisations syndicales, pour m’opposer à ce démantèlement.
Nouveau commentaire :