Perspective Com
Fusion Suez-GDF

Nicolas Maury

faire de l’or avec le gaz

Fusion Suez-GDF
Le gouvernement (UMP-UDF) a réaffirmé son intention de procéder, en septembre, à la fusion de Gaz de France avec le groupe privé Suez, ce qui impliquerait sa privatisation puisque la part de l’État dans le capital du groupe serait minoritaire. L’affaire devrait être bouclée malgré les réticences d’une majorité de députés UMP. Ceux-ci craignent que cette fusion soit accompagnée d’une nouvelle hausse du prix du gaz, ce que leurs électeurs pourraient leur faire payer.

Au sein de Gaz de France, comme dans l’opinion en général, la majorité du personnel a bien compris qu’il s’agissait non pas d’une fusion entre partenaires égaux, mais d’un cadeau fait par le gouvernement à Suez, lui permettant d’absorber GDF.

GDF et Suez sont déjà bénéficiaires, mais si le gaz augmente encore (et c’est ce qu’il va faire), le nouveau groupe crèvera les plafonds.

Pour faire pression dans le sens de la fusion, une association de cadres de GDF s’est constituée début juillet. Son but est de faire du lobbying (en plus de la direction!) auprès des médias et des parlementaires. Mission a été donnée aux directeurs de GDF de faire adhérer les cadres. Souvent sous la pression, 500 cadres ont adhéré en une semaine. Mais à l’inverse, la CGT rapporte aussi des témoignages d’indignation de leur part.

La campagne de cette association reprend, entre autres, les arguments lancés par le gouvernement et le patron de Suez sur la nécessité de créer un leader européen de façon à sécuriser les approvisionnements. Cet argument ne manque pas de piquant, car au moment même où le marché gazier (comme électrique) sera totalement ouvert, en juillet 2007, il va se créer au niveau européen un marché «spot» pour le gaz naturel. Il s’agit d’un marché au jour le jour, avec des tarifs qui sont fonction de l’offre et de la demande, et... de la spéculation.

Les contrats actuels sont des contrats à long terme (10 ans) qui protègent, plus ou moins, de la spéculation. Favoriser un marché «spot», cela se fera au détriment de ces contrats, avec la possibilité de créer artificiellement une pénurie, afin de provoquer une flambée des prix, assortie parfois de coupures. Ce scénario «à la californienne» est tout aussi vrai pour l’électricité.

En fait de sécurisation de l’approvisionnement, les gouvernements européens laissent faire les spéculateurs que sont les grosses sociétés gazières, préparant ainsi l’insécurité sur les prix et sur les fournitures.


Commentaires (0)
Nouveau commentaire :