Perspective Com
GDF / SUEZ

Nicolas Maury

service public ou intérêts privés ?

En décidant de présenter un projet de privatisation de GDF, le gouvernement revient sur son engagement de 2004, voté par sa propre majorité UMP et n’autorisant pas l’État à descendre sous la barre des 70 % dans le capital de GDF.

Toute l'opposition de gauche est unie derrière les députés communistes (ici François Hollande du PS avec Marie George Buffet du PCF)
Toute l'opposition de gauche est unie derrière les députés communistes (ici François Hollande du PS avec Marie George Buffet du PCF)
Si, demain, une étape majeure et supplé­mentaire de la privatisation de GDF était franchie, les tarifs du gaz s’envoleraient encore. Ainsi que les bénéfices et la rémunération des actionnaires.

Vouloir fusionner GDF et Suez, ce n’est pas mettre à l’abri, l’ensemble, d’une OPA hostile. Ce n’est pas en faire un grand groupe gazier : l’activité gaz de Suez ne représente que 25 % de celle de GDF. C’est en revanche vider les caisses du service public GDF pour les action­naires de Suez. C’est supprimer les emplois en doublon dans les deux entre­prises comme c’est le cas pour toutes les fusions. C’est accepter les contreparties demandées par Bruxelles dans sa lettre de “ griefs ” et céder à la concurrence des activités importantes de l’ensemble fusionné.

Il faut arrêter le projet gou­vernemental et examiner toutes les pistes pour protéger les activités et les salariés de Suez d’une opération financière hostile, sans privatiser GDF.

Se chauffer et s’éclairer convenable­ment, pouvoir laver et repasser son linge, disposer de réfrigérateurs et de climati­seurs économes en énergie, avoir accès aux outils de communication, vivre tous les jours nécessite un accès équitable à l’énergie. C’est pourquoi l’énergie ne doit pas être une marchandise comme une autre, mais constituer un bien com­mun répondant aux besoins des femmes et des hommes. Elle ne doit pas servir à l’accumulation de bénéfices pour quel­ques-uns.

Marchandiser l’énergie, le gaz, c’est pri­ver la société des moyens de répondre à des besoins essentiels pour l’économie, l’industrie, les coopérations internatio­nales ; c’est priver les êtres humains de leurs droits, dégrader la qualité de ser­vice et la sécurité, aggraver les inégalités, sacrifier l’emploi, le social, et l’environ­nement ; c’est libérer les prix et donc exclure une partie de la population du droit à l’énergie. C’est ainsi que d’avril 2005 à avril 2006 le prix de l’électricité produite par le secteur privé a vu ses tarifs augmenter de 48 % en France et que l’écart des prix avec EDF atteint 66%.

La gauche revenue au pouvoir doit prendre l’engagement d’abroger toutes les mesures de privatisation prises par la droite, mais également de créer les conditions d’un véritable service public de l’énergie en France comme au niveau européen.

Dans ce sens, nous avançons quatre pro­positions pour une alternative à la priva­tisation :


-geler immédiatement la privati­sation de GDF et la fusion avec Suez ;
-engager un débat contradictoire et public sur l’avenir de la politique éner­gétique associant toutes les parties concernées, élus, syndicats, usagers ;
-créer Énergies de France en fusionnant EDF et GDF, à 100 % public et en cons­tituant un pôle public de l’énergie, ins­trument indispensable d’une politique énergétique cohérente et maîtrisée
-ren­forcer la présence des organismes publics dans le capital de Suez (Caisse des Dépôts & Consignations, COGEMA, etc.) pour éviter le risque réel d’OPA sur Suez ;
-garantir la sécurité d’approvision­nement et la stabilité des tarifs ; l’Eu­rope est confrontée à plusieurs défis sur l’énergie : elle doit faire face au risque de pénurie, Pour y répondre, il faut sor­tir de la logique de guerre économique et des fusions-absorptions destructrices pour l’emploi et incapables de répondre aux besoins.
-Une politique énergétique coordonnée et ambitieuse implique l’ar­rêt du processus de libéralisation. À l’in­verse de la concurrence actuelle, il s’agit au contraire d’organiser la coopération entre producteurs.

Avec une forte mobilisation des usagers, des élus des citoyens, des syndicats gaziers et électriciens, comme on l’a vu le 12 septembre, il est possible de stop­per la disparition de GDF. Les députés communistes sont déterminés, en s’ap­puyant sur votre mobilisation et votre action, à faire échec à ce projet de loi. Ils demandent l’ouverture d’un débat national et l’organisation d’un référen­dum.


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