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Grèce : La bataille électorale des communistes

Perspective communiste

La Grèce a connu les plus sévères paquets de mesures antisociales de toute l’Union européenne. Mais c’est aussi le pays où la résistance est la plus forte. Comment le parti communiste de Grèce (KKE) prépare-t-il les élections ? Reportage de notre envoyée spéciale Cécile Chams ( http://www.ptb.be/weekblad/artikel/grece-la-bataille-electorale-des-communistes.html)

« Les élections sont une bataille difficile. Les gens souffrent, ils perdent leur emploi. Cela génère de la peur, du conservatisme et du découragement. Cela ne pousse pas nécessairement à la lutte, à voter pour le KKE, lance Kostas Papadakis, un responsable du KKE. Les gens constatent cependant que, dans chaque lutte, le KKE est à leurs côtés. Les médias nous boycottent, mais notre présence sur les lieux de travail est cruciale. »

En effet, lors de mes récentes visites en Grèce, j’ai pu constater que le KKE joue un rôle moteur dans l’organisation de la résistance sur les lieux de travail et de la mobilisation des comités populaires dans les quartiers ouvriers. C’est notamment le cas au piquet des employés du call centre Phonemarketing, en grève depuis une semaine contre les nouveaux contrats de deux heures par jour pour un salaire de 140 euros par mois. J’ai rencontré une délégation du Comité populaire de Nea Ionia, le quartier dans lequel se trouvent les bureaux de la société. La délégation venait exprimer sa solidarité avec les grévistes. Dimitris, président du syndicat local des retraités et président du comité du quartier, explique : « Nous organisons la récolte de nourriture pour les familles dans le besoin. La municipalité a mis sur pied un magasin social, mais il faut amener une série de documents pour y avoir accès et beaucoup de gens sont gênés par ces démarches qui relèvent de la charité. Notre comité organise aussi des actions contre les coupures d’électricité dans les familles populaires qui n’ont pas pu payer leurs factures. »

Réunir toutes les forces progressistes

Au Pirée, le vice-président du Centre des ouvriers, Yiannis Deliannis, raconte : « Dans chaque quartier du Pirée, des comités populaires ont été mis sur pied. Ils rassemblent les syndicats locaux et d’autres organisations, comme le comité des chômeurs, celui des pensionnés, l’organisation des femmes, celle des étudiants. Le but est de rassembler les habitants pour riposter ensemble à chaque mesure et faire pression sur le gouvernement.

Une des principales actions des comités est d’empêcher les coupures d’électricité ou de rétablir le courant chez les familles qui n’ont pas pu payer leurs factures. Le Comité populaire de Perama a exigé que la municipalité fournisse de la nourriture aux enfants des écoles maternelles. Dans chaque quartier, les comités populaires prennent en main les problèmes de base comme la nourriture, l’accès aux soins médicaux, les droits des chômeurs. Ils organisent des manifestations devant les bureaux des ministères, des agences pour l’emploi. Notre slogan, c’est “un pour tous, tous pour un”. Nous ne devons pas laisser les travailleurs seuls face à la crise. »

Du socialisme et du pouvoir populaire

« Nous essayons en permanence de faire le lien avec notre programme sur le pouvoir populaire. C’est difficile d’ouvrir ce genre de discussion avec certains travailleurs qui ont perdu leur emploi. Certains espèrent encore une reprise dans le cadre du système. Mais notre alternative devient plus réaliste pour beaucoup de gens, poursuit Kostas Papadakis. Nous avons un slogan qui dit : “le capitalisme ne peut résoudre mes problèmes, ni satisfaire mes besoins”. Prenons l’exemple de la question de la renégociation de la dette. Les prêts sont consentis jusqu’en 2042 ! Qu’est-ce qui peut être négocié ? Il n’y a pas d’issue avec les créanciers. La tâche du KKE est de dévoiler le système, de gommer les illusions. Le KKE est stable dans ses convictions et ses prédictions se réalisent. Les gens le constatent. Le Parti ne peut gagner que les gens qui veulent se lancer dans la bataille. Certaines personnes disent que c’est difficile. Mais la situation à venir va être encore bien pire. »

Pour une alliance populaire

Aleka Papariga, secrétaire générale du KKE, a lancé un appel au peuple grec. En voici un extrait :

« Nous appelons les ouvriers, les gens pauvres qui souffrent à faire un pas de géant en votant pour le KKE. Le nouveau message des ces élections doit consister dans l’émergence d’une alliance populaire plus puissante et plus dynamique qu’auparavant. Une alliance qui pourra repousser les nouvelles mesures qui nous attendent et qui seront encore pires que celles que nous venons de connaître. La crise dans l’Union Européenne va s’aggraver et celle-ci causera des problèmes immenses pour le peuple. Le peuple devra se libérer de cette voie à sens unique de l’Union Européenne au service des capitalistes et aux dépens du peuple. Seul un gouvernement qui représente le pouvoir populaire peut apporter une réponse. Même le gouvernement le plus pro-populaire ne peut rien faire s’il ne s’appuie pas sur le soulèvement et l’organisation du peuple. Car l’ennemi ne se trouve pas seulement dans le Parlement, il se trouve principalement au sein des grands groupes économiques. »

Les mesures de l’Union européenne intensifient la pauvreté

La semaine dernière, De Morgen titrait : « Merkel : “La Grèce est en bonne voie, mais a encore beaucoup de chemin à parcourir.” » Dans un autre article, on pouvait lire les chiffres suivants, tirés d’une enquête sur les conditions de vie des enfants menée par l’Unicef et l’université d’Athènes : 439 000 enfants en Grèce vivent sous le seuil de pauvreté. Ils sont sous-alimentés et vivent dans des conditions malsaines. D’après le rapport, 25 % des Grecs vivent aujourd’hui avec un revenu familial inférieur à 470 euros par mois. Autrement dit : 2,8 millions de Grecs disposent d’un revenu insuffisant pour survivre. L’Unicef estime qu’en Grèce, environ 100 000 enfants ne vont plus à l’école mais vont travailler afin de contribuer au maigre budget de la famille. Et, selon madame Merkel, ce pays est « en bonne voie » et fait partie de « notre » Europe. Comment ose-t-elle ?!

439 000 enfants en Grèce vivent sous le seuil de pauvreté, et environ 100 000 ne vont plus à l’école et travaillent pour subvenir aux besoins de leur famille, selon l’Unicef. Angela Merkel estime donc que le pays est « en bonne voie »


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