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Grèves : égalité, équité, solidarité

Nicolas Maury

Cheminots, agents d’EDF, de la RATP, fonctionnaires s’engagent dans une lutte de grande ampleur pour défendre les régimes de retraite auxquels ils sont légitimement attachés. Le pouvoir Sarkozyste mène une campagne de désinformation massive pour présenter ces régimes comme des privilèges insupportables. C’est une calomnie.

Grèves : égalité, équité, solidarité
Les dispositions plus favorables des principaux régimes ont des contreparties : la pénibilité du travail, les horaires décalés et le travail le week-end ; un « taux de remplacement » de 10 % plus bas en moyenne que dans le secteur privé car les primes ne sont pas incluses dans le calcul de la retraite, etc. Pas la moindre trace de privilèges dans ces réalités. Le véritable scandale est que le patronat refuse de tenir compte de la pénibilité du travail dans le secteur privé où existent des situations comparables.

Le pouvoir dit vouloir rétablir l’équité. Il se moque du monde et méprise le monde du travail. Car l’équité dont il parle c’est l’alignement vers le bas ! On dégrade d’abord la situation des retraites du régime général, puis on s’attaque ensuite aux régimes spéciaux pour s’attaquer à nouveau à tous les salariés. En fait d’équité, c’est la régression pour tous !

Car l’offensive du gouvernement vise, en réalité, l’ensemble des retraites. François Fillon vient de réaffirmer que la durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein devrait passer à 41 annuités entre 2009 et 2012 . Laurence Parisot, la présidente du Medef, réclamait récemment le passage à 42 annuités ! Les campagnes de division, d’opposition des salariés du public à ceux du privé ont pour but d’affaiblir tout le monde pour porter des coups à tous. D’ailleurs qui peut penser qu’en attaquant aux régimes spéciaux, on réglerait le problème global. Les salariés relevant de ces régimes représentent aujourd’hui moins de 5 % de l’ensemble. A qui fera-t-on croire que les mesures les concernant régleront le problème pour les 95 % restants ?

Ils prétendent alors que la France n’a pas les moyens de financer son système social.

C’est un mensonge. Le pays est riche. L’argent coule à flot pour les dividendes des actionnaires, les stock options des grands patrons, la spéculation financière tous azimuts.

Mais le pouvoir met tout en œuvre pour protéger les profits et les grandes fortunes.

En matière de retraites, la véritable question est celle de la part des richesses que la collectivité nationale décide de consacrer aux nouveaux besoins nés de l’évolution démographique. Financer la retraite pour tous sur la base de 37,5 annuités de cotisations aussi bien dans le public que dans le privé est possible. Cela représente 4 points de PIB jusqu’en 2040. Ils seront largement assurés par le doublement des richesses créées dans le même temps. Mais il y a une condition. Il est indispensable de s’attaquer aux vrais privilèges, ceux des actionnaires du CAC 40 et des marchés financiers.

L’attaque massive contre les retraites s’inscrit dans une cohérence plus globale.de la politique Sarkozy- Medef. Il s’agit de tirer drastiquement vers le bas les garanties sociales et les acquis démocratiques au service de « l’attractivité des capitaux » pour les marchés financiers, de la recherche de la « profitabilité maximale » des entreprises de l’alignement sur la construction de l’Europe libérale.

Les mouvements sociaux qui se développent sont une chance pour le pays et pour le monde du travail dans son ensemble. Accepter la régression sociale serait s’engager dans une spirale de déclin et d’apauvrissement dans tous les domaines.Car c’est le « social », c’est la réponse aux besoins qui tire l’économie et l’emploi. Sortir notre pays et notre peuple de l’ornière implique d’autres orientations progressistes. Les moyens existent pour celà à condition d’utiliser l’argent autrement, pour une croissance de progrès social, préservant les ressources naturelles de la planète.

Les salariés ont raison de se battre.


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