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Guadeloupe : le LKP met en garde

Nicolas Maury

Toujours pas d’accord au bout de plus d’un mois de grève. Patrons et syndicats demandent à l’État de financer en partie une hausse des salaires, ce dernier refuse, ce qui risque de conduire à une radicalisation du mouvement, prévient le LKP

Guadeloupe : le LKP met en garde
Après cinq semaines de grève générale, le collectif LKP appelle à durcir le mouvement en Guadeloupe où les négociations salariales entre les syndicats, le patronat et l’Etat piétinent. Les parties se sont séparées lundi après huit heures de discussions sans avoir trouvé d’accord, en raison de l’opposition de l’Etat au financement des hausses de salaires. Le collectif aurait toutefois obtenu la création d’une vingtaine de postes d’enseignants pour le premier degré, l’une de ses revendications.

Le LKP, qui estime que « l’Etat se débine », a annoncé mardi la relance de la grève générale, et des barrages routiers ont refait leur apparition sur l’île. Le collectif "contre l’exploitation" réclame une revalorisation de 200 euros nets des bas salaires, mais fait face à l’opposition du Medef et aux réticences de l’Etat. L’Union des chefs d’entreprise de Guadeloupe (UCEG) a suggéré que l’augmentation de 200 euros soit financée pour moitié sous forme de prêt par les entreprises et les collectivités, d’une part, et pour moitié par l’Etat, d’autre part, via une franchise de cotisations sociales (CSG et CRDS) pour trois ans.

Les présidents socialistes du Conseil général Jacques Gillot et du Conseil régional Victorin Lurel ont annoncé dans une lettre aux partenaires sociaux qu’ils acceptaient d’apporter leur contribution pour une durée d’un an non reconductible. « Cette nouvelle offre implique un engagement financier de 24 millions d’euros pour les deux collectivités (qui) procéderont en conséquence au recyclage des enveloppes financières exceptionnelles initialement consacrées à l’aide aux foyers les plus défavorisés », précisent les deux élus. La proposition de l’UCEG satisfait le LKP et cinq autres organisations patronales représentant plus des trois-quarts des salariés guadeloupéens. Mais le Medef local la rejette.

« La proposition de l’UCEG demande à l’Etat de mettre de l’argent complémentaire sur la table. Nous, nous sommes restés dans une disposition classique », a expliqué Willy Angèle, le président de l’organisation patronale. Le préfet de région, Nicolas Desforges, a mis en doute la faisabilité de l’offre de l’UCEG.

Ces propos ont irrité le LKP, et son chef de file, Elie Domota, a mis en garde contre une radicalisation du mouvement. « On veut un engagement solennel et on ne va pas reprendre le travail (...). Aujourd’hui, une fois de plus, l’Etat se débine et, bien évidemment, si nous n’avons pas de réponse, je crois que les choses ne pourront que s’envenimer », a-t-il prévenu.


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