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Hausse des péages : le ras-le-bol des usagers

Perspective communiste

Les 41 000 tarifs du réseau autoroutier augmentent à partir de ce jeudi 1er février. Des hausses systématiques de moins en moins acceptées

Plus ponctuelle qu’une montre suisse et aussi inéluctable que la nuit suit le jour, la hausse des péages est de retour. Comme chaque année au 1er février, automobilistes, motards, conducteurs de poids lourd, d’autocar ou de camping-car, tous vont devoir mettre la main au portefeuille. Cette année, pour parcourir les 9 000 km d’autoroutes concédées, le conducteur d’une voiture légère (classe 1) devra débourser de 1,03 % (autoroute de la Maurienne) à 2,04 % (autoroutes Rhône-Alpes) supplémentaires. Ainsi, pour rejoindre Lyon (Rhône) depuis Montpellier (Hérault), via l’A7 et l’A9, un automobiliste payera 27 € au lieu de 25,20 € l’année dernière. Une hausse automatique.

En effet, les contrats de concession signés entre l’Etat et les autoroutiers permettent à ces derniers d’augmenter chaque année leurs tarifs au minimum de 70 % de l’inflation de l’année écoulée. A cela, ils peuvent ajouter une compensation à la suite d’une hausse de la fiscalité. Ainsi, la redevance domaniale (somme payée par les entreprises à l’Etat pour l’occupation du domaine public) a été augmentée de 100 M€ en 2013. Pour la compenser, il a été décidé d’un rattrapage sur trois ans entre 2016 et 2018. Pour les concessions les plus récentes (après 2000), les évolutions tarifaires dépendent d’un panier d’indice des prix.

«Prendre l’autoroute est devenu un produit de luxe»

« Mais, quel que soit le mode de calcul, les autoroutiers gagnent à tous les coups, dénonce Pierre Chasseray, délégué général de 40 Millions d’automobilistes. C’est insupportable. Prendre l’autoroute est devenu un produit de luxe. On oblige les moins aisés, notamment les jeunes, à emprunter le réseau secondaire, gratuit, alors qu’on sait qu’il est plus dangereux. »

Même agacement du côté des transporteurs routiers. « Payer pour prendre l’autoroute d’accord mais là on atteint des prix ahurissants », s’insurge Jean-Marc Rivera, secrétaire général de l’Otre (Organisation des PME du transport routier). « La catégorie 3, la nôtre, est la plus impactée par ces hausses, regrette de son côté Yvan Lefranc-Morin, directeur général de l’autocariste FlixBus France. Cela représente 200 000 € à 300 000 € en plus alors que nous sommes du transport public, nous avons un effet vertueux. Chacun de nos cars retire 30 voitures des routes. »

Pour protester, 40 Millions d’automobilistes a boycotté en début de semaine le Comité des usagers du réseau routier national où étaient présentées ces hausses. « Il serait temps qu’un gouvernement prenne ses responsabilités et entame un bras de fer avec les autoroutiers, poursuit Pierre Chasseray. La Cour des comptes, l’Autorité de la concurrence comme les usagers, tout le monde dénoncent ces hausses systématiques. »

Hausse des péages : le ras-le-bol des usagers
500 millions d’euros sur les vingt prochaines années

En 2015, Ségolène Royal, alors ministre de l’Environnement, avait bien tenté de geler les tarifs, avant que le gouvernement de Manuel Valls fasse marche arrière en invoquant des risques juridiques. Conséquence, pour rattraper cette année blanche, il est prévu une hausse supplémentaire chaque année entre 2019 et 2023. Pire, l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer) a calculé que cette tentative pour s’opposer aux autoroutiers va coûter 500 M€ sur les vingt prochaines années.

De son côté, l’Association des sociétés françaises d’autoroutes (Asfa) plaide sa cause, arguant que « les augmentations annuelles des tarifs sont indispensables au maintien de l’équilibre économique des concessions autoroutières, c’est pourquoi elles sont inscrites dans les contrats de concession ».

Le Parisien


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