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Henri Pena-Ruiz : "J'ai trouvé de l'espoir avec le Front de Gauche"

Nicolas Maury

Le philosophe Henri Pena-Ruiz, connu pour son engagement et ses réflexions sur la laïcité soutient le Front de Gauche

Henri Pena-Ruiz :
Rappelons que, comme y insiste H. Pena Ruiz, « la laïcité ne combat pas la conviction religieuse elle-même, mais le fait qu'elle soit érigée en référence obligatoire ». Extraits de son interview à l’Humanité.

Henri Pena Ruiz :

"Les moyens existent pour nourrir toute la population du globe et lui permettre de vivre décemment. Or la figure du capitalisme mondialisé est productrice de chômage, de déshérence, de désespérance. Avec l'échec des alternatives à ce système, les citoyens considèrent que nous sommes dans une impasse face à ce capitalisme qui se prétend indépassable.(…)

L'exemple thatchérien est assez éloquent sur la façon dont les capitalistes entendent gérer le désastre causé par leurs politiques. Mme Thatcher a méthodiquement brisé le prolétariat britannique et les grandes conquêtes de la classe ouvrière. Elle a désimpliqué l'État de ses missions sociales, surtout dans les banlieues. Simultanément, elle a encouragé les associations religieuses de quartiers à prendre le relais de l'État. Elle a réactivé le religieux sur le mode caritatif, remplaçant ainsi la justice sociale par la charité. (…) Quand Nicolas Sarkozy encourage les religieux à rétablir la paix dans les banlieues, il reprend le couplage thatchérien entre un monde inhumain livré à l'ultralibéralisme et la compensation caritative.(…)

Je n'ai jamais dissocié la laïcité comme idéal politique de la justice sociale comme idéal socio-économique. Je ne veux pas que la laïcité acquière le statut d'une référence purement abstraite laissant intacts les ressorts de l'exploitation, à l'image de certaine conception des droits de l'homme. Marx montre que la liberté, celle du chômeur en fin de droits par exemple, est tellement encadrée par les contraintes socio-économiques qu'elle est finalement fictive. Je suis fidèle à la pensée de Marx sur ce point. Je lutte pour la laïcité car j'ai conscience qu'elle est un levier pour l'émancipation. Mais je tiens à son indispensable couplage avec la justice sociale. Sans cette dernière, nous restons prisonniers des rapports socio-économiques. (…)

Je soutiens le Front de gauche dont le mot d'ordre, « Changer d'Europe », dit bien que nous ne sommes pas contre l'Europe mais pour sa refondation politique et sociale. Jusqu'ici, intellectuel de gauche désespéré, j'ai trouvé de l'espoir avec le Front de gauche. Je souhaite que cette alliance soit pérenne. "


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