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« Honduras on est avec toi. Non au coup d’État »

Nicolas Maury

Un rassemblement s’est tenu à Paris en présence de quatre ambassadeurs latino-américains de l’Alliance bolivarienne (ALBA)

Il y avait bien sûr le drapeau hondurien mais également argentin, cubain, bolivien, vénézuélien. Tout un symbole aussi, au lendemain du coup d’État à Tegucigalpa, l’emblème national du Chili, victime lui aussi, il y a plus de trente ans, d’un putsch de sinistre mémoire. Près de deux cents personnes se sont retrouvées, lundi soir, à quelques mètres de l’ambassade du Honduras à Paris, pour exprimer leur solidarité, et réclamer « le retour de Manuel Zelaya », le président destitué illégalement. Un rassemblement réquisitoire contre la triade réactionnaire - l’armée, le congrès de droite et le chef de l’État autoproclamé, Robert Micheletti - qui bafoue l’ordre constitutionnel de ce pays d’Amérique centrale. Fait notable de cette manifestation convoquée en toute hâte par plusieurs organisations latino-américaines et françaises : la présence des ambassadeurs de la Bolivie, de Cuba, de l’Équateur et du Venezuela qui, dans une déclaration commune, au nom de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (Alba), dont ils sont promoteurs (voir ci-dessous). « Cette expression de solidarité fait de partie de l’histoire qui est en train de s’écrire et elle nous donne du courage », a remercié l’ambassadeur du Honduras, Max Velasquez Diaz.

« Le retour en Amérique latine des dictatures militaires et les menées criminelles des secteurs les plus conservateurs de la société qui tentent d’empêcher les réformes sociales nécessaires ne peuvent être acceptés », a exprimé France Amérique latine, soulignant ainsi que le renversement est survenu au moment où les Honduriens étaient appelés à s’exprimer sur une proposition de réforme constitutionnelle. « L’armée et les classes privilégiées veulent freiner les avancées démocratiques engagées par le président Manuel Zelaya », a, de son côté, insisté, au nom du Parti communiste français, José Cordon. Même tonalité pour les Verts ou encore pour le Parti de gauche. « Roberto Micheletti, qui est un ancien membre des Forces armées, est le représentant des multinationales, a ajouté Guillaume Bulecourt du Mouvement des jeunes communistes. Il sert les intérêts de la politique néolibérale au moment où justement le continent latino-américain rejette cette logique. »

Le visage du Che sur la poitrine, Tatiana Fajardo, d’origine hondurienne, insiste sur cet aspect. « Homme des monopoles financiers, Micheletti est une sorte de chien de garde des États-Unis » qui a aujourd’hui recours « au renversement parce qu’il n’a pas été élu à la présidence », dit-elle. Pour la jeune femme, le coup d’État survient après « une année marquée par des grèves importantes qui dénonçaient la corruption. Ses responsables n’ont pas été jugés parce qu’ils sont au Congrès ». La mobilisation en faveur d’un peuple privé d’informations, et menacé de représailles s’il descend dans la rue, est cruciale.

C’est finalement toute l’Amérique latine qui a fait sienne cette préoccupation. « Si on laisse faire, ce coup d’État, qui constitue un recul de trois décennies, pourrait devenir un coup d’essai », transposable à d’autres pays de la région, a averti Vicente Romero de l’université populaire Mariategui. « Honduras, on est avec toi. Non au coup d’État », n’ont cessé de scander les manifestants.


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