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Il y a 50 ans, l'URSS lance le Spoutnik et la conquête spatiale

Nicolas Maury

Le 4 octobre 1957, l'URSS envoie en orbite le premier satellite artificiel, le Spoutnik, ouvrant l'ère de la conquête spatiale et une course acharnée avec les Etats-Unis.

Il y a 50 ans, l'URSS lance le Spoutnik et la conquête spatiale
"Avec ce lancement, l'ère spatiale a commencé", raconte le constructeur Boris Tchertok, un des créateurs des premières fusées soviétiques R7 qui permirent de mettre le Spoutnik en orbite. A 95 ans, M. Tchertok, ancien adjoint du légendaire constructeur Sergueï Korolev, père du secteur spatial soviétique, se souvient de ce lancement comme si c'était hier.

Le Spoutnik, petite boule métallique de 83 kilos, a décollé à 02H28 avec une fusée R7, ancêtre du Soyouz, d'un pas de tir secret situé dans la steppe du Kazakhstan. De ce même site, baptisé Baïkonour, décollera le 12 avril 1961 le premier homme dans l'espace, Iouri Gagarine.

Il faut au moins six mois pour créer une nouvelle tête de missile et Korolev propose en attendant de réaliser un autre projet, celui d'un premier satellite artificiel. "D'autant plus que les Américains annonçaient qu'ils avaient eux aussi l'intention de lancer un satellite à l'occasion de l'année internationale de la géophysique en 1958", explique M. Tchertok.

L'Académie soviétique des sciences était déjà en train de créer un appareil pour étudier l'atmosphère et l'espace, mais les scientifiques n'arrivaient pas à achever ce grand laboratoire volant.

"Korolev décide alors, avec le soutien du gouvernement, de fabriquer un satellite plus simple: deux hémisphères, un émetteur radio, des antennes et un système d'alimentation. Cela n'avait rien de difficile, le Spoutnik a été fait en un peu plus de deux mois, alors que la création de la fusée avait pris trois ans", relève M. Tchertok.

L'opération Spoutnik était initialement prévu le 6 octobre, raconte Gueorgui Gretchko, ancien ingénieur et cosmonaute âgé de 76 ans, qui a participé aux préparatifs du lancement.

"Mais nous avons appris que les Américains s'apprêtaient à présenter le 5 octobre, lors d'une conférence internationale, un rapport sur les satellites. Et s'ils préparaient un lancement à cette occasion? Nous en avons parlé à Korolev et il a accéléré les travaux. Nous ne voulions pas perdre la compétition", explique-t-il.

Le Spoutnik a été placé en orbite et commence à émettre son fameux "bip, bip". Mais le lendemain, le quotidien officiel Pravda y consacre seulementquelques lignes.

"A ce moment-là, nous n'avons pas compris l'importance de ce que nous avions fait, cela arrive souvent avec les grandes découvertes", confie M. Tchertok qui continue à enseigner et travaille comme consultant dans le principale société de construction spatiale russe RKK Energuia.

Les Etats-Unis en revanche ne s'y trompent pas et redoublent aussitôt d'efforts, d'autant que l'URSS lance un mois plus tard un deuxième Spoutnik avec à bord, autre sensation, un être vivant, la petite chienne Laïka.

Pour les communistes, notamment en France, cette première retentissante faisait la démonstration du dynamisme, de la supériorité du socialisme « réel » au plan technologique sur le « camp capitaliste ». Les doutes ressentis par quelques uns après le XXème congrès du PCUS étaient dépassés. L’événement a représenté un formidable encouragement pour l’action des communistes contre le capital en France. Il reste présent pour les milliers de camarades au même titre que le nom et l’exploit de Youri Gagarine. Il fait pleinement ainsi partie de la mémoire du mouvement communiste et en particulier du PCF, notre parti.


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