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Il y a 85 ans, la guerre civile autrichienne (février 1934) forgeait l'ADN antifasciste du KPÖ

Perspective communiste

En France, ce 12 février 1934 correspond à la grève générale et aux manifestations antifascistes faisant suite à la tentative de coup d'état des ligues factieuses le 6 février de la même année. En Autriche, cette date correspond à ce que l'on appelle la "guerre civile" qui opposera les forces sociale-démocrates et communistes aux forces conservatrices et nationalistes - article et traduction Nico Maury

Le 4 mars 1933, le chancelier conservateur Engelbert Dollfuss tente un coup de force contre le parlement autrichien. Gouvernant par décrets et ordonnances, les libertés civiles sont alors suspendues et le Parti social-démocrate (SPÖ) et le Parti Communiste d'Autriche (KPÖ) sont interdit, plusieurs de ses membres étant par ailleurs arrêtés.

Après la dissolution du Republikanischer Schutzbund (service d'ordre du SPÖ, le 31 mars 1933, et l'interdiction du KPÖ le 26 mai 1933, les communistes, en particulier en Haute-Autriche, rejoignirent le Schutzbund pour créer des structures clandestines de résistance, notamment à Linz. Le 11 février 1934 le commandant de la Heimwehr (groupe paramilitaire nationaliste) à Vienne, Emil Fey, demande un désarmement du Schutzbund. Mais à Linz le commandant du Schutzbund résiste activement et les combats de février commencent.

De nombreuses escarmouches ont alors lieu dans toute l'Autriche entre socialistes/communistes et conservateurs. Les socialistes/communistes se barricadent dans les zones urbaines formant les bastions du mouvement ouvrier en Autriche, comme dans les bâtiments du Karl Marx Hof (quartier de Heiligenstadt à Vienne).

Le chancelier Dollfuss ordonne le bombardement du Karl-Marx-Hof, mettant en danger la vie de milliers de civils et détruisant de nombreux appartements avant de forcer les combattants à se rendre. Les combats dans la capitale prennent fin le 13 février mais perdurent dans les villes de Styrie, en particulier dans Bruck an der Mur et dans Judenburg, jusqu'au 14 ou 15 février. La guerre civile s'arrêtera le 16 février.

Après la répression brutale, de nombreux anciens membres du SPÖ vont reprocher l'absence d'action de leur direction et naturellement rejoindront le KPÖ. Le KPÖ devint ainsi la force centrale dans la lutte contre l'Austrofascisme et plus tard contre la dictature nazie en Autriche. Deux mille communistes, environ 10% des membres du parti, ont perdu la vie dans la lutte antifasciste pour une Autriche libre.

"La commémoration du 12 février 1934 est une occasion de rappeler que l'avidité capitaliste pour le profit entraîne des crises économiques et écologiques, et des bouleversements sociaux à travers le monde. Si les institutions démocratiques font obstacle au profit, elles sont également contestées par la classe dirigeante. C’est pourquoi il est d’autant plus urgent, à l’époque d'un néo-fascisme naissant, de travailler sur une alternative solidariste qui rende justice au mandat antifasciste de la constitution autrichienne" - Mirko Messner, porte-parole fédéral du KPÖ.

Une fois éliminée les forces d'opposition, le pays connaît l'instauration de l'austrofascisme qui aboutira à l’Anschluss (1938).


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