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Intervention d'André GERIN au 34ème Congrès

Nicolas Maury

On a enfin diagnostiqué ma maladie : je suis trépané de la « matrice bolchevique »

Intervention d'André GERIN au 34ème Congrès
On a enfin diagnostiqué ma maladie : je suis trépané de la « matrice bolchevique ». Je veux savoir quel traitement on me propose. Je ne suis pas rassuré parce qu’on m’a dit que je n’étais pas réformable, que je suis figé, immobile et sectaire. En fin de compte, j’ai préféré changer de médecin et consulter les communistes de France pour soigner l’illusion plurielle, meurtrière, du gouvernement Jospin. On connaît la suite.

Dans le prolongement du texte « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps », oui, les forces existent pour régénérer le PCF.

Une majorité de communistes s’est prononcée pour le maintien du PCF, lors de l’assemblée générale de décembre 2007 et pendant la préparation du congrès. Cette explication franche entre communistes a commencé. Personne ne pourra l’arrêter.

Cette majorité préfigure une unité nouvelle du parti. Unis, nous devons l’être pour rompre avec une stratégie de reniement. Unis, nous devons l’être pour en finir avec des orientations qui privilégient à tout prix les alliances gouvernementales et qui nous placent en toutes circonstances sous la dépendance du Parti socialiste. Unis, nous devons l’être pour réfléchir comment sortir du chemin mortifère de l’aménagement du capitalisme, pour imaginer des actions qui conduisent le peuple de France à transformer la société.

Le 34ème Congrès peut dire clairement non à une stratégie de dilution du PCF. Les communistes ne veulent pas que leur histoire se termine en tragédie. Au contraire, ils veulent vivre tous les rebondissements de la vie et voler de leurs propres ailes.

Ils ont eu l’avant goût de cette liberté : les résultats des élections municipales et cantonales de mars 2008. Presque 10 % à ces élections : ce sont les militants, leurs candidats locaux, les élus sortants qui les ont obtenus.

Rappelons-nous, aussi, les résultats aux régionales de 2004 dans le Nord Pas-de- Calais, la Picardie et la région Centre. Les leçons sont toujours à tirer.

Si la majorité des communistes veut garder le PCF, c’est pour décider d’un projet et d’une stratégie communistes. Il y a les fondamentaux :
l’exploitation de la force de travail – salaires, prix et profits –, les conflits de classe à l’échelle locale et à l’échelle mondiale, le « Capital» de Marx, qui n’a rien perdu de sa pertinence. Et il y a le bouillonnement des idées au sein du parti sur ce que peut et doit être le communisme au XXIème siècle, partant de l’expérience, de la culture et de l’imaginaire de chacun.

Retrouvons une cohérence dans notre expression publique sans perdre le fil de notre diversité. Cela permettra à des millions de salariés de trouver leur point d’accroche avec nous, de comprendre où nous voulons aller, de partager le sens de notre combat. Cela permettra aux dizaines de milliers de communistes adhérents ou sans carte de trouver, chacun, son point de ralliement.

Redonnons de la cohérence théorique à notre réflexion pour l’efficacité politique. Affirmons, le front haut, qu’il est possible, dans un pays capitaliste développé comme la France, de présenter le communisme comme une perspective pour sortir de la gangrène planétaire d’un capitalisme cynique et sans pitié, de l’impérialisme de la finance.

Nous voulons moins que jamais abandonner l’outil et renoncer au renforcement du PCF. Dénonçons une pédagogie du renoncement militant alors que nous avons des bases militantes originales sans équivalent, des milliers d’élus, des municipalités où des gens et des jeunes adhèrent à nos initiatives.

Le moment est venu de voir grand et d’oser, les yeux grand ouverts, l’engagement communiste. Le peuple de France n’a pas besoin d’alternance, mais d’une autre société, d’un autre modèle économique basé sur la fin de l’exploitation de l’homme par l’homme.

Mettons fin à une union exclusive, étriquée et désormais sans contenu de transformation avec le PS. Ne renouvelons pas la piètre expérience de la nébuleuse des collectifs antilibéraux en nous fourvoyant avec Mélenchon et son parti socialiste bis.

Ressourçons-nous avec gourmandise dans l’histoire glorieuse d’un PCF qui a su faire naître une passion française du communisme, en osmose avec le mouvement ouvrier, démocratique et social.

Nous pouvons affirmer plus que jamais que ce capitalisme qui porte le désastre relève de la préhistoire de l’humanité. Nous vivons une époque où les défis de la faim, de la misère, de la pauvreté portent l’exigence d’une nouvelle civilisation mondiale où la question du communisme et d’un nouvel internationalisme a toute sa place. Depuis la chute de l’URSS le monde a beaucoup changé ouvrant des perspectives nouvelles. Des peuples résistent et explorent des voies originales d’alternative au capitalisme. Les valeurs et les idéaux du socialisme et du communisme sont renaissants.

L’exploitation atteint une férocité inégalée qui plonge 90 % de l’humanité dans l’inégalité, tandis que les ogres de la finance cultivent leur miel profitant des guerres et des cataclysmes sur tous les continents.

Proposons aux Français une orientation claire et nette, une stratégie électorale cohérente et un PCF qui retrouve son autonomie et ses couleurs.

Reconstruisons le PCF, combatif, ouvert, rassembleur en nous adressant à tous les communistes quels que soient les choix passés ou les préférences
personnelles.

Reconstruisons de manière féconde le PCF en retrouvant ses bases sociales ouvrières et populaires, en mettant au coeur la question de l’individu dans l’enjeu du collectif.

Un PCF de combat, de résistance, de riposte et d’espérance avec l’objectif central de rassembler sans a priori les victimes du capitalisme destructeur et de la grande bourgeoisie.

Ne laissons personne décider à notre place. Ni maîtres à penser ni prêt à porter, appelons les communistes à secouer le cocotier en coresponsabilité. Pour soigner notre maladie, nous avons le devoir, que ça nous plaise ou pas, de respecter la souveraineté des communistes.


Commentaires (2)
1. Barisone Bruno le 12/12/2008 10:10
Voilà qui redonne l'espoir. Je me suis posé la question de rendre ma carte, parce que je me sens profondemment communiste et que les manoeuvres directionelles du Parti me semblaient aller à l'encontre de cette maniere d'etre. Mais tant qu'il y aura des Gerin, et maintenant que les anti-communistes du Parti semblent enfin nous quitter, j'y reste plus que jamais. Nous vivons ce qu'a connu le KKE il y a quelques années et je prefere mille fois le modele grec aux choix a l'italienne.
2. Oulianov93 le 12/12/2008 20:14
Et surtout voilà une très bonne réponse contre les liquidateurs "unitaires" (R.Martelli, F. Assensi, R.Hue, P.Braouzec, ...).
Qu'est-ce que ça fait du bien !

Fraternellement,

Oulianov93
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