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Italie. 60 % de participation à la grève générale

Perspective communiste

Le gouvernement va-t-il enfin ouvrir le dialogue avec les syndicats après la mobilisation 
de vendredi ? Un million et demi de personnes ont défilé dans 54 villes de la Péninsule

Rome (Italie), envoyé spécial. La grève générale de vendredi, en Italie, a été un succès : 60 % des salariés y ont pris part. Un million et demi de personnes ont défilé dans 54 villes à l’appel de la Confédération générale italienne du travail (CGIL) et de l’Union italienne du travail (UIL). Soit plus que le million réuni par la seule CGIL, le 25 octobre, à Rome, à l’occasion d’une manifestation nationale. Pour autant, l’exécutif reste intransigeant sur la réforme du marché du travail et le projet de budget 2015, objets de colère des syndicats. Filippo Taddei, responsable du Parti démocrate (PD) à l’économie, a répondu au mouvement par un cinglant : « Les places se respectent. Mais c’est une erreur de penser que les équilibres politiques se meuvent avec les places. »

En réalité, les choses bougent. Les mobilisations de ces dernières ­semaines ont permis de mettre au jour les problèmes du monde du travail ignorés par le président du Conseil, Matteo Renzi, et qui passent dans les médias derrière les affaires de corruption. Ainsi, dans le cortège romain, Fabrizio, du Silp-CGIL, le syndicat de la police, se plaint que dans sa branche, l’accord national n’ait pas été renouvelé depuis plusieurs années, si bien que « les salaires n’augmentent plus ». Dans les manifestations, les salariés ont montré que la réforme du marché du travail adoptée récemment essorait leurs droits. Les entreprises auront la main libre pour licencier leurs salariés, les contrôler par vidéosurveillance ou leur assigner des tâches non inscrites dans leur contrat de travail.

« Des décisions à prendre pour la relance de l’économie »

La mobilisation rebat les cartes en rouvrant le débat au sein du Parti ­démocrate, dont Renzi est le secrétaire. La gauche du PD a défilé aux côtés des salariés. Surtout, le président du Conseil est invité de toutes parts à négocier avec les syndicats. « J’attends de ce gouvernement, quand il parle de réforme du marché du travail, qu’il en parle avec les corps intermédiaires, avec les syndicats », a déclaré à l’issue de la manifestation romaine Carmelo Barbagallo, secrétaire général de l’UIL. Renzi est invité au dialogue aussi par le responsable de l’autorité de régulation des grèves, qui s’inquiète d’une hausse du nombre d’arrêts de travail dans la fonction publique. Le président de la République, Giorgio Napolitano, s’est, lui, inquiété de la « notable tension entre syndicats et gouvernement », ajoutant : « Il faut discuter des décisions déjà prises, comme la réforme du travail, et surtout de celles à prendre pour la relance de l’économie. » Matteo Renzi, qui, fin novembre, déclarait que les syndicats « inventent des grèves » tandis que lui « crée des emplois », saura-t-il l’entendre ?

http://www.humanite.fr/italie-60-de-participation-la-greve-generale-560218


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