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Jules Ferry le "colonisateur" modèle de François Hollande

Perspective communiste

Investi ce mardi 15 mai à la présidence de la république française, François Hollande a déclenché la polémique en rendant hommage à Jules Ferry. Fondateur de l’école publique gratuite et laïque, l’ancien ministre était aussi un fervent défenseur de la colonisation et des thèses raciales

Quelques heures à peine après son investiture a la présidence de la République, François Hollande a déclenché sa première polémique. En cause ? Un hommage rendu ce mardi 15 mai à Jules Ferry, devant la statue de l'illustre ministre de la IIIè République, juste après la passation de pouvoir avec Nicolas Sarkozy.

Ancien ministre de l’Instruction publique (1832-1893), instigateur des lois sur l'école « gratuite, laïque et obligatoire », Jules Ferry a transmis un héritage que personne ne saurait renier. Sauf que, dans les médias et sur les réseaux sociaux, les commentateurs se sont hâtés d’évoquer la part sombre de l’homme du XIXè siècle. Fervent défenseur de la colonisation française, adeptes des théories raciales, Jules Ferry a de quoi faire couler beaucoup d’encre.

C'était oublier l'apologue de la colonisation. Car Ferry fut aussi celui qui établit les protectorats français sur la Tunisie et l'Annam (le Vietnam), nourrit de grandes ambitions pour la France en Afrique noire, et déclara un jour que "les races supérieures (...) ont le devoir de civiliser les races inférieures". Une phrase qui provoqua de vives discussions à la Chambre des députés le 28 juillet 1885. Et sur laquelle François Hollande doit aujourd'hui s'expliquer.

On retrouve notamment l'empreinte de Jules Ferry en Tunisie, dont il obtient le protectorat le 12 mai 1881 par le traité du Bardo, et à Madagascar. Il lance l’explorateur Pierre Savorgnan de Brazza à la conquête du Congo (1879). Ce dernier dossier lui sera fatal lors de sa seconde présidence du Conseil commencée le 21 février 1883. Il s'était d'ailleurs réservé le portefeuille des Affaires étrangères. Les conservateurs, comme Adolphe Thiers, sont opposés à la colonisation, qu'ils accusent de détourner hors du territoire les investissements, tandis que les progressistes y sont favorables pour des questions idéologiques. Mais la gauche républicaine de Georges Clemenceau y est opposée également, parce que les aventures colonialistes détournent l'attention des provinces perdues d'Alsace-Lorraine. Les positions s'inverseront diamétralement en trois ou quatre générations.

Ayant obtenu d'un vote de la Chambre les crédits nécessaires à la conquête du Tonkin, il provoque une extension du conflit à la Chine. L'annonce de l'évacuation de Lạng Sơn, qui lui vaudra le surnom de « Ferry-Tonkin », déclenche une violente opposition parlementaire et provoque sa chute le 30 mars 1885. Il connaît alors une vague d'impopularité en France.

« La concurrence, la loi de l'offre et de la demande, la liberté des échanges, l'influence des spéculations, tout cela rayonne dans un cercle qui s'étend jusqu'aux extrémités du monde. C'est là un problème extrêmement grave. Il est si grave (...) que les gens les moins avisés sont condamnés à déjà prévoir l'époque où ce grand marché de l'Amérique du Sud nous sera disputé et peut-être enlevé par les produits de l'Amérique du Nord. Il faut chercher des débouchés...

Je dis que la politique coloniale de la France, que la politique d'expansion coloniale, celle qui nous a fait aller, sous l'Empire, à Saigon, en Cochinchine, celle qui nous a conduit en Tunisie, celle qui nous a amenés à Madagascar, je dis que cette politique d'expansion coloniale s'est inspirée d'une vérité sur laquelle il faut pourtant appeler un instant votre attention : à savoir qu'une marine comme la nôtre ne peut pas se passer, sur la surface des mers, d'abris solides, de défenses, de centres de ravitaillement. (...) Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, (...) c'est abdiquer, et, dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire, c'est descendre du premier rang au troisième et au quatrième... »


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