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L'Humanité en Danger

Nicolas Maury

L’Humanité est menacée, de Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité

L'Humanité en Danger
Une nouvelle fois, nous remercions celles et ceux qui participent à la souscription des cofondatrices et des cofondateurs de l’Humanité Dimanche. Nous le faisons d’autant plus chaleureusement que c’est cet argent qui nous permet de faire face à nos besoins de trésorerie depuis deux mois et demi.

Lancée le 9 mars, l’Humanité Dimanche en est à son 12e numéro cette semaine. Tous les échos qui nous parviennent montrent une grande satisfaction de ses lectrices et ses lecteurs. Ce nouveau magazine a permis de gagner en moyenne 5 000 lectrices et lecteurs en diffusion militante et près de 4 000 en vente chez les marchands de journaux.
Mais son potentiel va bien au-delà, puisque des tests ont montré que sa diffusion peut augmenter de 100 % dès lors qu’il est bien présenté chez les marchands de journaux. Or l’une de nos faiblesses aujourd’hui est précisément son manque de visibilité chez les diffuseurs de presse. L’HD doit être présentée dans la catégorie des magazines d’information générale.

La réussite de l’Humanité Dimanche va être un moyen à terme de combler le déficit d’exploitation de notre structure. Cela passe par un vaste effort pour élargir encore sa diffusion militante. L’HD est donc un outil pour faire grandir le nombre de celles et ceux qui peuvent découvrir notre presse, et pour nous placer dans une stratégie de développement qui, à terme, doit sortir l’Humanité de sa crise.

Mais le temps presse. Il y a urgence, une extrême urgence.

J’ai eu l’occasion d’alerter de nombreuses fois sur nos difficultés financières, dues essentiellement aux charges de nos emprunts et à l’augmentation incessante des coûts de production, de distribution, de transports. Ceux-ci n’iront pas en diminuant avec la hausse des carburants, ou l’augmentation annoncée de plus de 7 % du prix du papier. Le report d’année en année de nos déficits d’exploitation fait que l’Humanité aborde le mois de juin dans une situation dramatique.

Elle risque en effet d’être en situation de rupture de trésorerie. Dans ces conditions, une menace grave pèse sur l’existence même de nos journaux. Aussi nous appelons à la mobilisation, à l’action pour que l’Humanité - après Info Matin, le Quotidien de Paris, le Matin, la République - ne soit pas contrainte de fermer durant l’été.

-Nous interpellons les pouvoirs publics. Pourquoi ne prennent-ils aucune initiative nouvelle pour garantir véritablement le pluralisme de la presse par l’augmentation de l’aide aux quotidiens à faibles ressources publicitaires ? Pourquoi ne favorisent-ils pas ceux qui aident les journaux par des souscriptions, en leur octroyant des déductions fiscales ?

-Nous interpellons le monde économique. Est-il normal que l’Humanité ne soit pas traitée à égalité avec d’autres médias en matière de communication publicitaire ? Toutes les entreprises de presse ont été recapitalisées ces derniers temps grâce à l’apport de secteurs économiques. La justice, la démocratie, le pluralisme ne commandent-ils pas un engagement des acteurs économiques, sous des formes à déterminer, respectant les indépendances éditoriales ?

-Nous interpellons le monde des médias. Pourquoi l’Humanité est si peu citée dans les revues de presse ? Pourquoi les médias audiovisuels réalisent des partenariats avec la plupart des titres aujourd’hui, pas avec l’Humanité ? Pourquoi les journalistes de l’Humanité ne sont-ils pas invités dans les émissions de débat entre journalistes ?

Laisser fermer l’Humanité, c’est amputer le débat démocratique, c’est rompre avec les plus belles traditions républicaines. Or à maintes reprises ces derniers temps, l’Humanité a montré son utilité au service de l’intérêt général : de son engagement pour faire battre l’extrême droite à l’élection présidentielle à sa mobilisation pour la paix en Irak et au Moyen-Orient, en passant par le débat européen.

Nous lançons un appel à nos lectrices, lecteurs, et au-delà à toutes celles et tous ceux qui peuvent s’appuyer sur l’Humanité pour faire entendre leur voix. Nous les appelons à la vigilance et à une mobilisation exceptionnelle.

D’ici là, la souscription des cofondateurs doit s’amplifier, la diffusion militante s’élargir encore. La diffusion de la vignette d’entrée de la Fête de l’Humanité doit devenir une grande campagne de soutien financier au journal.

Nous ne pouvons plus exclure l’idée de contracter, comme nous l’avons fait il y a quatre ans, des emprunts auprès de nos lecteurs, pour faire face à nos besoins financiers de l’été.

Nous proposerons dans les prochains jours à une multitude de personnalités politiques, syndicales, du monde des médias, de la création et de la culture de lancer un appel pour la défense du pluralisme et de l’Humanité, comme garants de la démocratie.

-Pour faire un don au journal de Jaurés, cliquez ici

-Pour défendre le pluralisme de la presse, signez la pétition ici

-Pour devenir cofondateur de l'Humanité Dimanche, cliquez ici


Commentaires (2)
1. eldiablo le 26/05/2006 00:09
Un projet pour assainir la vie politique du pays

LE TEXTE CI-DESSOUS OUVRE UN DEBAT: J'ESPERE VOS COMMENTAIRES... el diablo
Selon le grand "Larousse" « la République est un état dans lequel le peuple exerce sa souveraineté directement ou par l’intermédiaire de ses représentants élus ».
Au vu de la situation de la France aujourd’hui, on est loin du compte ; c’est même là, la source de la crise qui affecte tous les domaines de la vie économique, sociale, politique et morale de la Société, car rien n’est plus contraire au principe Républicain que cette constitution qui fait du Président de la République, la « clé de voûte des institutions », véritable monarque absolu qui règne sur toute la vie politique, par l’intermédiaire de SON premier ministre et soutenu par une assemblée nationale à sa botte (le candidat Sarkozy va encore plus loin, il nous promet, s’il est élu, de supprimer le poste de premier ministre afin de diriger lui-même le gouvernement !!!).
Telle est la dérive amorcée en mai 1958 par De Gaulle revenu aux affaires, porté par un coup d’Etat militaire qui mit fin à la 4ème République. Seul l’ex-PCF s’opposa alors au vote des pouvoirs spéciaux tant à l’assemblée que dans la rue, pour des raisons toujours valables, et même de plus en plus valables : ils étaient contraires aux principes républicains et en même temps aux intérêts des salariés.

« Oui, mais c’est le suffrage universel qui le désigne » ah ! la tarte à la crème du suffrage universel : en même temps que le pouvoir présidentiel, le scrutin de liste proportionnel fut aboli et remplacé par le « scrutin uninominal à deux tours » lequel exclut de représentation la majorité des électeurs : ainsi en juin 2002 il permit au RPR-UMP de rafler 62% des sièges avec 20.8% des électeurs inscrits ! ce qui permit à Villepin soutenu par Chirac et Sarkozy de prétendre que ces 370 députés avaient « légitimé » le CPE, pourtant rejeté par la jeunesse et la majorité des salariés. C’est cette assemblée qui a permis à Jacques Chirac de « légitimer » la réforme des retraites et de l’assurance maladie voulues par le MEDEF contre la volonté des assurés sociaux. Cette loi électorale inique organise une véritable ségrégation sociale à l’égard des 15 millions d’électeurs ouvriers et employés, 35% du corps électoral, qui ne sont pas représentés sur les bancs de l’Assemblée. Par contre, elle favorise la surreprésentation des cadres supérieurs et professions libérales issus des mêmes grandes écoles où ils ont été nourris aux mêmes théories économiques et sociales favorables au capital et hostiles au travail comme à toute demande sociale : ainsi « la baisse des coûts du travail » est au cœur des politiques des gouvernements de gauche comme de droite depuis qu’en 1983 le premier gouvernement de François Mitterrand décréta la « rigueur salariale ».

Le nouveau Président avait pourtant mené une campagne d’une grande virulence anti-capitaliste. De même qu’en 1995, son successeur de droite, Jacques Chirac, se fit élire en condamnant la « fracture sociale » que ses gouvernements aggravèrent pourtant.

Tout cela n’est pas favorable à de bonnes mœurs politiques : mensonge, démagogie électoraliste, compétition à couteaux tirés sont de mise à gauche comme à droite : à un an de l’élection présidentielle on a deux candidats à droite et une demi-douzaine à gauche dont plusieurs ont commencé leur carrière politique dans les services de l’Elysée au point que deux d’entre eux vous le jurent, la main sur le cœur, dans la grande tradition miterrandienne : « leur programme sera socialiste »!!!

Mais ce qui a changé en ces deux douzaines d’années c’est la douloureuse expérience des électeurs salariés et retraités dont la riposte monte en puissance et qui est maintenant capable de mettre en échec le projet de constitution européenne pourtant soutenu par Chirac, Sarkozy, Villepin, mais aussi la majorité du PS, et maintenant le CPE de Chirac, Villepin, Sarkozy et le MEDEF. Comment surmonter l’hostilité du mouvement social tout en continuant la même politique économique et sociale, voilà la problématique de tous les candidats à droite comme à gauche, seule diffère le style et la manière. Certes les révélations d’un corbeau sont un facteur aggravant de la crise de la « gouvernance » mais ce n’est pas le cœur de la crise ; c’est pourquoi il faut se méfier de l’invitation qui nous est faite à gauche « d’exiger la démission du gouvernement », la « dissolution de l’Assemblée » ; d’autant qu’on ne nous dit pas pourquoi faire, avec quels moyens politiques : le pouvoir dans un pays comme le nôtre sait parfois changer le secondaire pour ne pas changer l’essentiel.

Je propose de mettre à profit ces dix mois pour initier et nourrir un grand mouvement populaire de l’ampleur de celui du 29 mai 2005 pour demander que le Président élu :
1-Prononce la dissolution de l’Assemblée Nationale et l’élection d’une Assemblée CONSTITUANTE afin d’élaborer une nouvelle constitution, une nouvelle organisation des pouvoirs publics :
2-Qui aura pour principe premier de rendre la parole au peuple en rétablissant la scrutin de liste proportionnel ainsi chaque électrice, électeur comptera pour une, un.
3-Qui aura pour objet d’élargir les bases de la démocratie en abolissant le cumul des mandats, en limitant le nombre de mandats successifs de façon à éviter l’élection à vie et la carrière élective.
4-Qui supprimera le Sénat, cette Assemblée non élue mais qui constitue une contre-assemblée qui toujours freine et droitise les décisions de l’Assemblée Nationale.
5-Qui donnera toute sa place politique et sociale AU TRAVAIL en transformant le Conseil Economique et Social en véritable assemblée élue à la proportionnelle, dans la circonscription où est situé le lieu de travail de l’électeur (comme on le faisant pour la Sécu) et qui agira dans tous les domaines liés au travail : sécurité sociale, droit du travail, médecine du travail.
6-Qui imposera dans les cahiers des charges des médias publics : radio et télévisions, le pluralisme d’opinion afin d’en finir avec les rubriques quotidiennes ou hebdomadaires qui nous servent depuis des années le même discours fade et monocolore sorti tout droit des services information du MEDEF : l’information, la culture doivent être contradictoires.
Voilà ce qui peut changer vraiment les choses, assainir la vie politique de la France par la voie de la Démocratie.

Elie D.
Mai 2006


* c’est volontairement que j’accole à PCF le préfixe « ex » : celui qui depuis le début des années 80 soutient les gouvernements socialistes, jusqu’à participer au gouvernement durant sept ans y a perdu son autonomie politique qui faisait sa force, son originalité, jusqu’aux années 50-60-70.


2. Nicolas le 26/05/2006 19:14
Je suis globalement d'accord avec ce commentaire et même si ex-pcf est exagéré, il y a des signe d'une "svolta" interne (cf l'ex pci) au pc depuis les 80's
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