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L’Opep refuse de payer pour sauver la planète de la crise financière

Nicolas Maury

L’Opep n’est pas prête à payer pour sauver les autres pays de la tourmente financière, comme l’a suggéré le Premier ministre britannique Gordon Brown, et le cartel pourrait même encore baisser sa production pour stopper la baisse des prix du pétrole

"S’il vous plaît, ne comptez pas sur nous pour vous renflouer parce que nous sommes pour la plupart des pays pauvres", a prévenu mardi Abdallah el-Badri, secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) au cours de la conférence "Oil and Money" organisée dans la capitale britannique.

Le Premier ministre britannique Gordon Brown a en effet suggéré que la Chine et les pays producteurs de pétrole du Golfe contribuent à augmenter les ressources financières du Fonds monétaire international (FMI) afin d’aider les pays en difficulté à sortir de la crise financière.

M. Brown, s’exprimant à Downing Street avant son départ pour Paris où il doit s’entretenir avec le président français Nicolas Sarkozy, a souhaité que les réserves du FMI, actuellement de 250 milliards de dollars, soient augmentées et il n’a pas exclu une contribution de la Grande-Bretagne.

Mais "ce sont les pays qui ont des réserves substantielles, les pays riches en pétrole et d’autres qui vont être les plus importants contributeurs à ce fonds", a expliqué M. Brown.

Une éventualité que le secrétaire général de l’Opep a semblé écarter d’un revers de main.

"Ce qui est surprenant, c’est que tout le monde se tourne vers l’Opep pour se sortir de cette crise. A l’Opep nous sommes pour la plupart des pays pauvres, nous ne pouvons pas sortir (les autres pays) de la crise", a souligné le secrétaire général.

Il a notamment rappelé que l’organisation comptait parmi ses membres l’Angola et l’Indonésie.

"Cette crise a son origine aux Etats-Unis et doit être résolue aux Etats-Unis, ils en sont capables", a-t-il insisté.

L’Opep a décidé de réduire nettement son offre de 1,5 million de barils par jour, pour tenter d’enrayer la chute des prix du pétrole en pleine crise financière internationale, à l’issue d’une très brève réunion d’urgence vendredi à Vienne.

La Maison Blanche a dénoncé cette décision tandis que le Premier ministre britannique Gordon Brown s’est dit "déçu".

Le ministre qatari de l’Energie Abdallah Ben Hamad Al-Attiyah a rejeté les critiques occidentales mardi au cours de la même conférence à Londres.

"Si vous me dites +non, ne faites pas ça+, alors dites-moi quelle est la solution", a demandé M. Al-Attiyah.

"Aujourd’hui, nous produisons beaucoup de pétrole mais personne ne veut l’acheter. Les producteurs de pétrole ont beaucoup de mal à vendre le pétrole existant même après la baisse de production" décidée vendredi, a-t-il ajouté.

M. Al-Attiyah a insisté sur la "confusion" régnant actuellement sur le marché pétrolier, affirmant que certains consommateurs résiliaient leurs contrats.

Dans ce contexte, le secrétaire général de l’Opep Abdallah el-Badri n’a pas exclu une nouvelle baisse de production, avant même la réunion ordinaire du cartel prévue le 17 décembre à Oran (Algérie).

"Nous allons devoir attendre et voir comment le marché réagit (mais) si ce problème continue il va falloir procéder à une nouvelle réduction", a-t-il déclaré.

"Avec ces prix peu élevés, nous n’allons pas être capables d’investir et il va y avoir une pénurie d’offre" dans les années à venir, a-t-il prédit.

Les prix du pétrole sont tombés lundi sous la barre psychologique des 60 dollars à Londres pour la première fois depuis le 16 mars 2007, dégringolant jusqu’à 59,02 dollars. Le Brent était monté à un prix record de 147,50 dollars début juillet.


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