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L'affrontement entre les puissances impérialistes cause des changements inattendus lors des élections au Groenland

Perspective communiste

Les élections générales du 11 mars au Groenland furent marquées par un contexte politique spécial. Les ambitions impérialistes des États-Unis contre la colonie danoise ont rabattu les cartes politiques.

Les grands gagnants sont les impérialistes et les grands perdants sont les groenlandais qui risquent de perdre leur souveraineté et leurs terres rares.

Article et traduction Nico Maury

Le parti "Les Démocrates" (Demokraatit) a obtenu son meilleur résultat historique, avec 30,26% des voix (+21). Ce Parti libéral unioniste s'impose et peut former un gouvernement. Le Naleraq (Parti du point d'orientation), qui privilégie une indépendance rapide du Danemark et un rapprochement avec les États-Unis, remporte la seconde place avec 24,77% des voix (+12,5), tandis que l'Inuit Ataqatigiit (Communauté du peuple), parti de gauche au pouvoir depuis 2021, arrive en troisième position avec environ 21,62% des suffrages (-15,80). Les sociaux-démocrates, partenaire de coalition de l'Inuit Ataqatigiit, remportent 14,88% des voix (-15,22) et les conservateurs unionistes de l'Atassut conservent leurs 2 sièges avec 7,39% des voix (+0,30).

L'élection s'est déroulée dans un contexte d'attention internationale accrue, alimentée par les propos controversés du président américain Donald Trump, qui a récemment réaffirmé sa volonté de prendre le contrôle du Groenland, suggérant même une intervention militaire.

Le Groenland est devenu un enjeu dans l'affrontement entre les puissances impérialistes, notamment en raison de ses vastes réserves de terres rares, essentielles à la production de batteries et de véhicules électriques. Les États-Unis et l'Union européenne ont tous deux exprimé leur intérêt pour ces ressources dans le cadre de leurs efforts pour contrer l'avancée de la Chine dans ce secteur.

Si tous les partis soutiennent l'extraction des terres rares, seul l'Inuit Ataqatigiit, défend l'idée d'une société minière nationale publique pour permettre l'exploitation des ressources tout en minimisant les risques sanitaires et environnementaux. Les libéraux du Demokraatit optent pour privatiser ces terres et ouvrir leurs exploitations aux investisseurs privés étrangers.

Un autre enjeu électoral majeur était l'indépendance du Groenland vis-à-vis du Danemark, un sujet sur lequel tous les partis, à l'exception du conservateur Atassut, soutiennent une éventuelle séparation. Cependant, les avis divergent sur le calendrier. Le Demokraatit propose une approche progressive, tandis que Naleraq prône une action immédiate.

Les ambitions impérialistes des États-Unis et les menaces sociales de la puissance coloniale danoise ont mis à mal le soutien à l'indépendance, et affaibli le soutien populaire pour l'Inuit Ataqatigiit. Les sondages font état de préoccupations quant à son impact potentiel, plaçant le nouveau gouvernement dans une position délicate dans une période de turbulences.


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