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L’école laïque à nouveau gravement menacée !

Nicolas Maury

Attaque frontale de Sarkozy contre la laïcité républicaine : ne laissons pas passer !

L’école laïque à nouveau gravement menacée !
« dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, même s’il est important qu’il s’en rapproche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance » Nicolas Sarkozy

A l’occasion de sa visite au pape, Nicolas Sarkozy a tenu un discours sur la religion au Palais de Latran à Rome le 20 décembre. Comme l’ont relevé trop peu d’observateurs, ce discours représente une remise en cause de la laïcité républicaine sans précédent et inacceptable dans la bouche d’un président, élu pour la défendre, quelle que soit sa conviction personnelle.

Sarkozy a exalté, sans retenue, la religion comme morale et même comme idéologie. Il a outrageusement subordonné la République et la laïcité à la religion. Extraits : « …la République a intérêt à ce qu’il existe aussi une réflexion morale inspirée de convictions religieuses. D’abord parce que la morale laïque risque toujours de s’épuiser ou de se changer en fanatisme quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l’aspiration à l’infini ». Ou encore « un homme qui croit, c’est un homme qui espère. Et l’intérêt de la République, c’est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent ».

Affublée du qualificatif de « positive », la laïcité selon Sarkozy n’a plus rien à voir avec la laïcité républicaine. Tout en se défendant de « modifier les grands équilibres de la loi de 1905 », le discours de Sarkozy prépare le terrain au soutien, sous de multiples formes, de l’Etat à l’Eglise et à une intrusion de l’Eglise dans la vie publique. « Il s’agit d’avoir pour principe de faciliter la vie quotidienne des grands courants spirituels » a-t-il dit. Plus loin : « partout où vous agirez, dans les banlieues, dans les institutions, auprès des jeunes, dans le dialogue inter-religieux, dans les universités, je vous soutiendrai ». Tout le contraire de la laïcité républicaine qui garantit la liberté des cultes mais renvoie la religion à la sphère privée.

Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, avait été encore plus explicite dans un livre publié en 2004 dans lequel il revendiquait des financements publics directs aux églises y compris les sectes évangélistes d’origine américaine. Cette préoccupation constante est hautement politique et a bien peu à voir avec la foi. Le modèle que suit Sarkozy, celui des régimes capitalistes « néolibéraux » promu par les Etats-Unis, suivis par l’UE, a besoin des religions (instrumentalisée) comme auxiliaires de sa politique. La propagation du communautarisme, notamment religieux, cherche à casser la cohésion nationale et à diviser les travailleurs. La religion doit jouer le rôle d’opium du peuple.

Sarkozy s’attaque au pouvoir d’achat des travailleurs pour donner aux plus riches. Mais il leur explique que ce ne sont que des biens terrestres, des « facilités matérielles » dérisoires devant « l’aspiration profonde des femmes et des hommes à une dimension qui les dépasse ».

La laïcité républicaine française est un obstacle politique historique au capitalisme « ultra-libéral » que Sarkozy s’efforce d’abattre. L’école publique, laïque et républicaine, en est l’un des éléments fondamentaux. Sarkozy ne manque pas de s’y attaquer. Restrictions budgétaires, suppressions de dizaines de milliers de postes, réduction des horaires d’enseignement… constituent un premier angle. Son discours de Latran en indique un autre : la dévalorisation de la raison d’être de l’école laïque : « dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, même s’il est important qu’il s’en rapproche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance ».

Mesurons la gravité de la menace pour l’un des fondements essentiels de notre société, de sa cohésion, de la démocratie fondée sur l’apprentissage de l’esprit critique et de la tolérance, la liberté de conscience et de la liberté de pensée. C’est une menace pour tous les citoyens qu’ils soient non-croyants ou croyants.

La bataille pour défendre la laïcité en général, l’école publique en particulier, ne peut se réduire à des débats de théoriciens ou de spécialistes. Tout le pays est concerné. Le 16 janvier 1994, plus d’un million de citoyens manifestaient à Paris contre l’abrogation de la loi Falloux, en vue de détourner encore davantage d’argent public vers les écoles privées confessionnelles. Le PCF y avait appelé avec beaucoup d’autres organisations. Militants communistes, nous appelons, face à une attaque encore plus grave, à réagir de nouveau massivement. Ce sera pour nous une composante de notre expression lors de la manifestation des enseignants avec les autres agents de la fonction publique le 24 janvier.

- Exigeons les moyens nécessaires à l’accomplissement de ses missions par l’école publique, laïque et républicaine!
- Défendons l’intégrité et les acquis de la loi de 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat !
- Ne laissons pas passer l’agression de l’idéologie cléricale et communautariste !


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