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L’objectif de 50 milliards d’euros de privatisations à nouveau imposé aux Grecs

Perspective communiste

Athènes va devoir mettre en place un fonds de privatisation dont l’objectif sera d’engranger 50 milliards d’euros : 25 milliards d’euros serviront à restructurer les banques et les 25 autres iront au service de la dette et aux investissements

Jusqu’au bout, Alexis Tsipras a lutté pour éviter le transfert vers le Luxembourg de l’organisme chargé de gérer les privatisations à réaliser en Grèce, allant contre le plan du ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble. Celui-ci avait été repris dans les propositions de l’Eurogroupe, adressées dimanche 12 juillet aux chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro.

Compagnie de chemin de fer et les ports

Le chiffre de 50 milliards avait déjà été avancé il y a un peu plus de quatre ans. Lors du premier mémorandum, signé entre le gouvernement de Georges Papandréou en mai 2010 et la Troïka des créanciers de la Grèce (Fonds monétaire international, Banque centrale et Commission européennes), l’objectif affiché au chapitre des privatisations avait été mince : 3,5 milliards d’euros.
Mais, moins d’un an plus tard, en février 2011, les membres de la Troïka avaient annoncé, avant le gouvernement grec, que les objectifs étaient désormais portés à 50 milliards : 15 milliards d’ici à 2013 et 35 d’ici à 2015.

Aujourd’hui, on est loin de ces 50 milliards d’euros, puisque le fonds chargé des privatisations affiche un montant total de transactions de 7,7 milliards, dont seulement 3,1 milliards ont été effectivement perçus. Dans ses prévisions, le Fonds de développement des biens de la République hellénique (Taiped) envisage d’atteindre 9,6 milliards en 2016.

Après la victoire de Syriza en janvier, plusieurs ministres avaient annoncé l’arrêt de certaines privatisations, notamment celle du Port du Pirée au grand dam des Chinois qui gèrent déjà l’un des ports de marchandises. Mais Alexis Tsipras a tranché en faveur des privatisations, à l’exclusion de celles concernant les sociétés de l’eau ou de l’énergie.

Les principales privatisations en cours sont celles de la compagnie de chemin de fer, Trainose, des ports du Pirée et de Salonique, ainsi que plusieurs marinas.

Une vingtaine d’opérations depuis 2011

Depuis 2011, Taiped a mené à bien une vingtaine d’opérations. La plus importante est celle de la concession de quatorze aéroports régionaux accordée en novembre 2014 à une entreprise allemande, Fraport, associée à une société grecque, pour un montant total de 1,2 milliard d’euros. C’est la plus grosse privatisation réalisée à ce jour.

La vente du site de l’ancien aéroport d’Athènes, Hellenikon, un immense terrain laissé à l’abandon depuis 2004, en bord de mer, a été confié à l’une des principales grandes familles grecques, les Latsis, associée à un fonds chinois et un fonds d’Abou Dhabi, pour 900 millions d’euros. L’affaire a suscité des polémiques car le bien avait été évalué à plus de 3 milliards d’euros.

La société de jeux, l’OPAP, a été cédée à un consortium gréco-tchèque, Emma Delta. Le partenaire grec, Dimitris Melissanidis, est un magnat du pétrole. La Troïka avait exigé la création d’« une agence de la privatisation professionnelle et indépendante », Taiped en l’occurrence, pour gérer les privatisations, afin d’éviter « des interférences politiques quotidiennes ».

Le résultat semble insuffisant puisque Berlin voulait externaliser le Fonds de privatisation au Luxembourg, à l’Institution pour la croissance, un organisme créé en 2012 et chargé d’accorder des prêts aux petites et moyennes entreprises grecques, en lien avec la Banque européenne d’investissements et la Banque pour la reconstruction (KfW), l’équivalent de la caisse des dépôts allemande.

« Ce fonds serait géré par les autorités grecques sous la supervision des institutions européennes », précise la note de l’Eurogroupe.

Le résultat semble insuffisant, au point que Berlin a - en vain - cherché à externaliser le Fonds de privatisation au Luxembourg, à l’Institution pour la croissance, un organisme créé en 2012 et chargé d’accorder des prêts aux petites et moyennes entreprises grecques.
Mais le gouvernement grec a résisté à cette délocalisation, qui aurait abouti à une perte de souveraineté, qui a finalement été abandonnée.

Alain Salles
http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/07/13/l-objectif-de-50-milliards-d-euros-de-privatisations-a-nouveau-impose-aux-grecs_4681207_3234.html#SRPQ6zguoS7iwEAF.99


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