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L'unité des communistes au Népal est toujours un débat vif

Perspective communiste

En mars, le Premier ministre du Népal, le maoïste Pushpa Kamal Dahal "Prachanda" mettait fin à son alliance avec le Congrès népalais.

Le Parti Communiste du Népal - Centre Maoïste, le Parti Communiste du Népal (Socialiste Unifié) et le Parti Communiste du Népal - Marxiste Léniniste Unifié formaient nouveau gouvernement de coalition.

Depuis cette date, les débats sur l'unification du mouvement communiste au Népal ont repris. À l'occasion du 75ᵉ anniversaire de la fondation du Parti Communiste du Népal (22 avril 1949), qu'en pensent les principaux partis communistes du Népal.

Article et traduction Nico Maury

Dans un message à l'occasion du 75ᵉ anniversaire de la fondation du Parti Communiste du Népal, le Premier ministre du Népal, le maoïste Pushpa Kamal Dahal "Prachanda", a rappelé l'importance de l'unité entre toutes les forces communistes et de gauche, associée au partage du pouvoir, pour relever les défis actuels du pays.

"Dans notre cheminement vers la bonne gouvernance, la justice sociale et la prospérité, la collaboration entre les forces de gauche, patriotiques et progressistes est indispensable, en s'appuyant sur nos expériences collectives de luttes idéologiques et d'unité". Il ajoute "qu'il est impératif de donner un sens à notre aspiration commune pour créer une centralité communiste unique grâce à l’équilibre des pouvoirs, à la coopération et à la camaraderie".

Cela repose sur l'importance d'engager des discussions approfondies sur les questions idéologiques et politiques entre les forces de gauche, ainsi que de réfléchir et de synthétiser les expériences passées, pour parvenir à une compréhension commune.

Le récent document politique présenté par le président du Parti Communiste du Népal - Marxiste-léniniste Unifié, KP Sharma Oli, a suscité l'intérêt, car il énonce explicitement la réticence de l'UML à approuver la polarisation entre les principales entités politiques sous couvert de l'unité communiste. Oli souligne qu'aligner les forces politiques uniquement sous des bannières de gauche ou socialistes, tout en excluant d'autres idéologies et entités, n'est pas pragmatique.

Il a plutôt souligné l’importance de la coopération entre forces partageant les mêmes idées. Il a souligné la nécessité de favoriser la confiance et la coopération entre divers horizons idéologiques, suggérant que l'unité devrait évoluer naturellement à mesure que la confiance s'approfondit.

Concernant le paysage politique actuel, Oli a reconnu que la formation d'une nouvelle alliance comprenant le Centre maoïste, l'UML, le parti Rastriya Swatantra et quelques autres partis a amélioré la situation politique. Il a toutefois exprimé ses inquiétudes quant à la pérennité de cette coalition, citant des incidents passés. "Sur la base de certains incidents, contextes et expériences passés, il existe des doutes dans l'esprit des gens quant à la durabilité de cette coopération", a déclaré Oli. Il a souligné l'importance des actions, et a mis en garde contre le risque accru d'instabilité.

"Le pays a besoin de stabilité. Mais la présence d'une douzaine de partis à la Chambre des représentants et d'un nombre important de ceux qui sont en désaccord sur des questions clés de la constitution a encore accru le risque d'instabilité politique". L'émergence de forces populistes et la résurgence des partis de droite traditionnels vient de la désillusion de la population provoquée par les lacunes politiques et les crises économiques. "Les carences politiques, la crise économique, le manque d'opportunités d'emploi et la mauvaise gouvernance ont tous alimenté la désillusion du public à l'égard des partis politiques traditionnels. Pendant ce temps, les forces populistes et de droite exploitent le mécontentement du public".

Même si le rejet par Oli d’une unité immédiate de la gauche peut sembler une manœuvre tactique, il n’en a pas entièrement écarté la possibilité. L’UML considère la coalition actuelle comme une réussite.

Il existe actuellement trois grands partis communistes, le CPN-UML, le Centre maoïste et le CPN (Socialiste unifié). Si ces trois partis décident de s’unir, l’asymétrie entre eux rendra probablement la question du partage du pouvoir et du leadership très difficile. Par exemple, le président socialiste unifié Madhav Kumar Nepal et le président maoïste Pushpa Kamal Dahal pourraient briguer des postes clés au sein du parti unifié, une proposition que les dirigeants de l'UML proches d'Oli n'accepteront pas.

Bien que les maoïstes parlent d’unité communiste, l’UML et le Socialiste unifié ne paraissent pas très enthousiastes à l’idée. "Il n'y a aucune possibilité immédiate pour les partis communistes de s'unir en raison de la disparité entre leurs idéologies et leur orientation future", a déclaré Rajendra Pandey, vice-président du CPN (Socialiste unifié).

Le principal point à retenir du document politique d'Oli est que le CPN-UML étend actuellement son soutien au gouvernement, mais qu'elle garde également des voies ouvertes pour une éventuelle collaboration avec le Congrès népalais à l'avenir.

Le débat sur l’unité de gauche au Népal a attiré l’attention internationale, la Chine plaidant pour un parti communiste unifié tandis que d’autres puissances préfèrent un gouvernement de coalition englobant à la fois les forces communistes et non communistes.


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