LA BOURSE S’ECLATE
Nicolas Maury
déflation salariale
=
euphorie financière
Il faut remonter à 2001 pour retrouver un tel niveau. Outre les dividendes mirobolants de 2005, les groupes cotés à la Bourse de Paris annoncent des bénéfices importants pour le premier semestre 2006. C’est le cas des entreprises du BTP. Le groupe Vinci affiche un chiffre d’affaires en hausse de 13% à 5 milliards d’euros au titre de son premier trimestre 2006. +24 % pour Eiffage; +67% chez Ciments français; hausse majeur pour Bouygues.
Portés par un contexte de déflation salariale généralisée et une fiscalité favorable aux rentiers, les groupes alignent en ce début d’année leurs résultats sur de nouveaux records.
Dans le secteur de l’énergie, Total voit son bénéfice net progresser de 16% au premier trimestre (3,4 milliards, soit +1,1 milliard d’euros par mois!), un niveau supérieur à ce qu’attendaient les marchés financiers; Soutenue par la flambée de l’or noir, l’action Total a bondi de 36%; les actionnaires devraient recevoir bientôt un copieux dividende de 6,48 euros par action.
Même euphorie chez Suez: chiffre d’affaires en hausse de 14%; on se verse un dividende d’un euro par action, +25% par rapport à 2004, soit une distribution de 1,3 milliards d’euros. Pour appâter les actionnaires en vue du rapprochement avec Gaz de France.
Dans un contexte de chômage massif et d’atonie de l’activité en France, les groupes propulsent le CAC 40 de 11% depuis le début de l’année. La vague d’euphorie boursière qui traverse actuellement les places financières européennes ne doit pas faire oublier que la vigueur récente des taux d’intérêt à long terme et de l’euro pourrait être répercutée par les grandes entreprises sur les salaires et l’emploi