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LA CRISE FINANCIERE: responsabilité américaine et rôle des multinationales

Nicolas Maury

Certains dirigeants européens brûleraient-ils aujourd’hui ce qu’ils ont adoré hier ?

Les sorties répétées d’Angela Merkel, qui vitupère contre le capitalisme à la mode anglo-saxonne le donnent à pen­ser. Sarkozy n’est pas aussi précis dans ses accusations, il critique à la marge le capitalisme financier sans plus de réfé­rence que cela au modèle d’outre atlan­tique, espérant sans aucun doute que chacun reconnaîtra les siens. À différen­tes occasions cependant, le président français a pointé “ la faiblesse du dol­lar ”, qui permet aux États-Unis d’en­foncer les productions européennes grâce à un dumping monétaire. La domination du billet vert sur les relations internationales est ainsi égratignée. Qui pourtant l’a fait roi ?

Le risque financier et monétaire dans la situation de crise actuelle est en grande partie porté par le grave déséquilibre qui affecte les relations internationales. Les USA dominent la scène mondiale du haut de leur toute puissance. Cette hégé­monie, si elle suscite des conflits avec les autres grands pays européens notam­ment, avec la Chine également, est aussi acceptée en un savant jeu de “ je te tiens, tu me tiens par la barbichette ”, où l’un des protagonistes – on devine qui – a la possibilité de tirer plus fort. Actuelle­ment, il tire très fort et cela fait mal. Les États-Unis exportent cependant d’autant plus facilement leur crise que les ban­ques des autres pays se sont elles aussi fortement engagées dans la spéculation financière, dans leur propre zone d’in­fluence et ailleurs, sur l’immobilier, les titres de dettes, les matières premières…

L’avance technologique et culturelle des États-Unis s’appuie notamment sur leur capacité à capter, à attirer chez eux une part de la richesse créée dans le monde par le biais d’importation de capitaux. C’est ce qui leur permet de vivre au-dessus de leurs moyens, à crédit, comme un ménage qui abuserait du découvert. Dans des relations normales, une telle fantaisie serait lourdement sanctionnée, mais là, il n’en est rien, pour une raison simple : ils possèdent une arme redouta­ble, le dollar. Ils paient leurs fournis­seurs chinois, japonais, coréens, alle­mands en dollar, qui est aussi une sorte de monnaie commune hégémonique internationale.

Cet équilibre est instable, il est à l’heure actuelle fortement secoué, mais il tient encore parce que les facilités consenties à l’Oncle Sam ont une contrepartie : ses fournisseurs engrangent dans les coffres de leurs banques centrales des monta­gnes de réserves en dollar constituées essentiellement de bons du trésor US. Phénomène nouveau, certains créanciers commencent même à prendre des parti­cipations dans des entreprises.

C’est l’un des mérites, sans aucun doute, des économistes communistes que d’avoir mis l’accent depuis plusieurs années sur ce phénomène, notamment dans le débat sur les délocalisations, d’avoir souligné l’importance de la délocalisation des capitaux français par­ticulièrement vers l’autre côté de l’Atlantique. À la fin juillet 2008, en l’espace d’une année, 190 milliards d’euros sont ainsi sortis de l’Hexagone sous forme d’investissements directs, et 165 autres sous forme de placements financiers. Pendant des années, une part de notre richesse a en partie pris la direction de Wall Street, des banques et des groupes français cherchant à réaliser des superprofits.

Les États-Unis ont ainsi une responsabi­lité écrasante dans la crise actuelle, mais elle est partagée. Aujourd’hui, certaines multinationales à base française sont ainsi plus actives aux États-Unis qu’en France. Ce sont elles également qui nous tirent par la barbichette. Cela nous ouvre cependant la possibilité d’agir pour sor­tir de la crise à partir de nos propres entreprises


Commentaires (6)
1. Astrée le 22/10/2008 01:23
salut Nicolas,
ça n'a rien a voir avec le schmilblick mais connais tu la source de ton image? car ça m'intéresse (pour mon mémoire d'histoire médiévale)
bises communistes
Astrée (de Réveil coco)
2. Nicolas le 22/10/2008 12:12
Hélas non je n'ai pas retrouvé les sources de cette iconographie, par contre, et curieux je suis, quel est le thème de ton mémoire ?

Biz sudistes (mais pluvieuses)
3. Astrée le 22/10/2008 14:55
mon mémoire porte sur la représentation de l'usurier et son entourage dans l'iconographie, et les sermons de prédicateurs, aux XIIIe et XIVe siècles.
Or l'image que tu as utilisée représente apparemment deux pécheurs (ou des hérétiques?) sur un bûcher. Et ça m'aurait intéressé de savoir qui sont ces deux pauvres pécheurs :)
Sinon, où as tu chopé l'image (je peux me débrouiller pour retrouver la source)?

sinon pour revenir sur ton article (quand même! parce que l'image y'a que moi que ça intéresse ici mdr) ce qui est écrit me fait penser que nous, communistes, devons plus que jamais jouer un rôle fondamental dans la compréhension de la crise et marteler l'idée de nationalisations et REnationalisations des institutions financières (et non proposer un "pôle public" d'entreprises...déja publiques!) et batailler sur la réindustrialisation de la France. Et ce n'est pas avec le Gai-sot (Gayssot :) et ses anathèmes sur la "nationalisation" (selon lui c'est bolchévique comme initiative..pas étonnant de la bouche de celui qui a privatisé Airbus) que le Parti va redorer son blason.
bises ensoleillées de Paris (et oui il fait soleil parfois dans la capitale lol)
Astrée
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