LA FRANCE DANS L’OTAN: Sarkozy l’aligné
Nicolas Maury
Afin d’expliquer la réintégration (qu’il a décidée) par la France du commandement intégré de l’OTAN, trois séries de raisons sont avancées par Sarkozy
La première énumérait “ les compétitions pour l’accès à l’eau, à l’énergie, aux matières premières, la dégradation de l’environnement, les pandémies, les migrations non maîtrisées ”, qualifiées de “ lourdes pour notre sécurité ”, auxquelles venait s’ajouter “ la crise financière mondiale ”.
La seconde salve d’arguments évoquait le rôle de la France dans ce contexte planétaire, récusant et enfermant le débat tout à la fois dans le refus d’“ un État seul, une nation solitaire ” ou d’une France “ à mi-chemin entre tout le monde, parce que cela veut dire une France nulle part ”.
Enfin, comme pour banaliser la question et son propre choix, le président de la République se lançait dans un vaste appel à sa rescousse à l’ensemble de ses prédécesseurs depuis trente ans, avant de vanter la parfaite cohérence entre sa décision et le traité européen de Lisbonne. Fermez le ban ?
La seconde salve d’arguments évoquait le rôle de la France dans ce contexte planétaire, récusant et enfermant le débat tout à la fois dans le refus d’“ un État seul, une nation solitaire ” ou d’une France “ à mi-chemin entre tout le monde, parce que cela veut dire une France nulle part ”.
Enfin, comme pour banaliser la question et son propre choix, le président de la République se lançait dans un vaste appel à sa rescousse à l’ensemble de ses prédécesseurs depuis trente ans, avant de vanter la parfaite cohérence entre sa décision et le traité européen de Lisbonne. Fermez le ban ?
Pourquoi alors, sous prétexte d’éclairer les Français, les priver d’un vrai débat ? Décider d’engager la responsabilité du gouvernement devant le Parlement a eu un effet immédiat : celui d’empêcher des voix discordantes, il n’en manque pas, jusque dans le camp de la droite elle-même, de pouvoir s’exprimer en conscience sur le sujet. C’est peu dire que le pouvoir redouterait la réponse du pays si, comme le réclame le PCF, un référendum sur la question de l’OTAN lui était soumis. Au-delà, la place de la France dans le monde et dans le type de planète qui nous attend est posée. Du conflit géorgio-russe l’été dernier à la résolution de celui du Proche-Orient, la France n’a jamais été aussi forte et entendue que lorsqu’elle refuse l’alignement, et pèse de même en faveur d’une autre voix européenne. Bref, convoque la politique.
Le choix que propose l’hôte de l’Élysée est contradictoire avec cette orientation-là. Alors que son ami américain, George W. Bush, a été battu aussi pour sa défaite sanglante dans le bourbier irakien, ici seraient réhabilitées la funeste théorie du “ choc des civilisations ” et la nouvelle division du monde en “ blocs ”, et avec elles l’obligation de “ choisir son camp ”. Un camp largement dépendant des options stratégiques propres aux seuls États-Unis, de l’installation de radars aux confins de la Russie à l’appel à l’élévation de l’engagement militaire en Afghanistan, qui signe, là encore, l’échec cinglant de l’option armée prise depuis huit ans et qui, aujourd’hui, menace même son voisin pakistanais.
Nous ne sommes pas là dans le symbolique d’une mesure anodine mais bien dans une rupture profonde avec ce que notre pays peut et doit être en Europe et dans le monde. Renforcer le rôle de l’OTAN, c’est contribuer à la dévitalisation de l’ONU, largement entamée par l’administration Bush. C’est choisir le camp de la force au risque de nourrir la haine face aux inégalités planétaires que le capitalisme aujourd’hui en crise profonde a engendrées. C’est choisir de stériliser des milliards d’euros dans une nouvelle course aux armements, fût-elle parée du vernis “ high tech ”, après en avoir dilapidé des milliards pour sauver la planète financière.
Tout au contraire, lutter contre les crises alimentaires, pour l’accès à l’eau et contre le pillage des matières premières, singulièrement en Afrique, valoriser un nouvel ordre agricole mondial dégagé, en la matière aussi, de la tutelle des multinationales appellerait bien d’autres choix stratégiques internationaux.
C’est ce que diront les manifestants à Strasbourg le 4 avril prochain
Le choix que propose l’hôte de l’Élysée est contradictoire avec cette orientation-là. Alors que son ami américain, George W. Bush, a été battu aussi pour sa défaite sanglante dans le bourbier irakien, ici seraient réhabilitées la funeste théorie du “ choc des civilisations ” et la nouvelle division du monde en “ blocs ”, et avec elles l’obligation de “ choisir son camp ”. Un camp largement dépendant des options stratégiques propres aux seuls États-Unis, de l’installation de radars aux confins de la Russie à l’appel à l’élévation de l’engagement militaire en Afghanistan, qui signe, là encore, l’échec cinglant de l’option armée prise depuis huit ans et qui, aujourd’hui, menace même son voisin pakistanais.
Nous ne sommes pas là dans le symbolique d’une mesure anodine mais bien dans une rupture profonde avec ce que notre pays peut et doit être en Europe et dans le monde. Renforcer le rôle de l’OTAN, c’est contribuer à la dévitalisation de l’ONU, largement entamée par l’administration Bush. C’est choisir le camp de la force au risque de nourrir la haine face aux inégalités planétaires que le capitalisme aujourd’hui en crise profonde a engendrées. C’est choisir de stériliser des milliards d’euros dans une nouvelle course aux armements, fût-elle parée du vernis “ high tech ”, après en avoir dilapidé des milliards pour sauver la planète financière.
Tout au contraire, lutter contre les crises alimentaires, pour l’accès à l’eau et contre le pillage des matières premières, singulièrement en Afrique, valoriser un nouvel ordre agricole mondial dégagé, en la matière aussi, de la tutelle des multinationales appellerait bien d’autres choix stratégiques internationaux.
C’est ce que diront les manifestants à Strasbourg le 4 avril prochain