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LE VRAI CHIFFRE DU CHOMAGE

Nicolas Maury

4,5 millions de sans-emploi

les boureaux du CDI
les boureaux du CDI


Des centaines de milliers de chômeurs sont invisibles ; ils sont sortis des statistiques de l’ANPE, pour faire illusion.
Des centaines de milliers d’érémistes, d’hommes et de femmes ont renoncé à retrouver un emploi parce que trop âgés, et ils savent que l’ANPE ne leur en proposera aucun, ou parce qu’ils sont trop jeunes, ou pas assez qualifiés, ou trop qualifiés, ou parce que ce sont des femmes, qu’elles ont élevé des enfants, qu’elles ont des enfants…

Le chômage officiel n’est que la part émergée de la privation d’emploi, de l’interdit de travail. La réalité après trente ans, depuis les débuts de la montée sans précédent du chômage, c’est que l’opération camouflage, qui n’a jamais vraiment cessé, concerne aujourd’hui plus de deux millions de nos concitoyens.

Dans la France de 2006, ce ne sont donc pas deux millions trois cent mille personnes qui sont victimes du chômage, mais plus de quatre millions. Et encore faudrait-il ajouter à ce chiffre celui des femmes qui souhaiteraient travailler si les conditions étaient réunies.
Voilà qui éclaire du même coup les refrains du Medef et de la droite sur cette France des 35 heures qui se prélasse, qui ne travaille pas assez. Leur intention n’est en aucune manière de donner du travail aux chômeurs, mais d’exercer en permanence une pression sur les actifs, pour ne pas dire un chantage. C’est bien le mot pourtant qui convient quand des PME, mais aussi des grands groupes de l’automobile comme Renault, programment des gains de productivité mais n’annoncent aucune embauche. Pression sur les conditions de travail, pression sur les salaires, pression sur les garanties sociales.

Quelle pitoyable mascarade alors quand le Premier ministre prétend que le CPE serait une chance pour l’emploi des jeunes. En fait, le CPE, c’est une rotation accélérée d’une main-d’œuvre soumise. C’est, pour des centaines de milliers de jeunes, le renoncement obligé à toute perspective d’emploi stable. C’est un enchaînement vers une vie de semi-travail sur fond de semi-activité. C’est à l’évidence grossir encore le chiffre de tous ceux qui sortiront des statistiques, qui n’y figureront pas ou qui renonceront d’eux-mêmes à leurs droits par manque d’information, par lassitude face aux courses d’obstacles, par dégoût.

Le silence sur ce continent englouti du chômage invisible devient un déni de citoyenneté. Le chômage mine le corps social, les solidarités, on sait que souvent il confuit au repli. Plus de quatre millions de citoyens privés de travail, c’est insupportable humainement, c’est une énormité au cœur de la République, c’est un défi à la justice. C’est aussi à l’opposé d’une vraie croissance. C’est par un étrange tour de passe-passe idéologique que le capitalisme entend imposer l’idée que l’économie, pour tourner rond, a besoin du chômage. Une croissance réelle, productrice de richesses pour tous, a besoin de tous, de sécurité, de formation, de certitude d’emploi au long de la vie.
Tout le contraire de ce que fait aujourd’hui ce pouvoir


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