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La France a perdu 5 800 agriculteurs l'an dernier

Perspective communiste

Le nombre de chefs d’exploitations agricoles continue de régresser, ainsi que leurs revenus. La filière laitière est la plus touchée. Et les défaillances d’entreprises agricoles s'aggravent, à contre-courant de toute l’économie française

Deux sources de données économiques témoignent en même temps de la poursuite de la dégradation de l’agriculture française. Tout d’abord, les données de la Mutualité sociale agricole (MSA) montrent que la baisse du nombre d'exploitations agricoles s'est poursuivie en 2015, avec 5 788 chefs d’exploitations ou d’entreprises agricoles en moins entre le 1er janvier 2016 et le 1er janvier 2015. Ce chiffre est bien entendu le solde d’un flux, entre les départs (25 276) et les entrées (19 488).

Ceci ramène le nombre total des responsables d’exploitations à 461 803, en baisse de - 1,2 %.

L'élevage laitier est le plus touché et perd - 3,3 % de son effectif contre - 1,8 % pour les cultures spécialisées ou - 1,5 % pour les cultures céréalières et industrielles. Les seuls secteurs dont les effectifs augmentent sont les filières cheval, services et paysagistes.

Lait : 30 % de revenus en moins !

Cependant, la filière lait compte encore 93 200 chefs d’entreprises, ce qui en fait la plus importante en effectif. Les chefs d’exploitation à dominante laitière ont par ailleurs vu leurs revenus plus gravement touchés que ceux de toute autre filière agricole : une baisse de 30,7% en 2015, contre 21,5% pour les céréaliers (malmenés par les intempéries) et – 11 % en moyenne pour l’ensemble des filières.

Secteurs où les revenus progressent, la viticulture (+ 8,8 %) et l’élevage pour la viande (+ 3,1 %). Des progressions à rapprocher, cependant, de l’hétérogénéité des situations dans les vignobles d’une part, et du revenu de référence 2015 pour la viande, d’autre part, qui était très bas.

Témoin de la nécessité de trouver des revenus complémentaires à une activité principale, le taux de pluriactivité progresse et concerne désormais 16,4 % des exploitations.

Autre signe des temps, la montée en puissance continue de l’organisation en Gaec ou en société (+ 0,9 %) qui concerne désormais 265 000 associés.

Autres mauvais points pour l’agriculture, l’âge moyen des chefs d’exploitation continue d’augmenter et atteint 49 ans (48,2 pour les hommes et 51,6 pour les femmes), ce qui révèle une difficulté à renouveler la profession. Et si la taille moyenne des exploitations poursuit sa croissance (55 ha contre 54,6 ha l’année précédente), la surface agricole exploitée par les chefs d’exploitations régresse, de 0,8 %, passant à 23,4 millions d’ha.

Par ailleurs, autre source d’information rejoignant la première, selon les dernières statistiques publiées par le groupe Altares, le nombre des défaillances d’entreprises reste catastrophique dans l’agriculture au contraire de ce qui est observé dans le reste de l’économie.

Ce fait, déjà observé à l’échelle de l’année 2016, se poursuit au premier trimestre 2017, alors que sur l’ensemble de l’économie, le nombre de défaillances d’entreprises (sauvegardes, redressements, liquidations) a été de 15 600, en baisse de 3,9 %. L’amélioration est nette dans la restauration, le service aux entreprises, la construction.

En revanche, l’agriculture dénote par ses mauvais résultats, les pires, avec une croissance de 19,7 % des défaillances. Pour ne prendre que les liquidations judiciaires, les plus graves donc, on en a compté 64 dans les cultures et 76 dans l’élevage.

Rien ne dit, à en croire ce qui ressort des négociations commerciales en cours, et des conséquences du gel ou de la sécheresse redoutée, que la situation se redresse dans l'immédiat.

Ouest-France


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