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"La Palestine n’est pas le problème, elle est la solution"

Perspective communiste

René Backmann, mercredi 11 juillet 2012 (AFPS)

Dans la lettre qu’il vient d’adresser à tous les députés français, le chef de la mission de Palestine à Paris rap­pelle le rôle moteur de la France au Moyen-​​Orient et fait appel à la soli­darité des par­le­men­taires pour mobi­liser la France et l’Union euro­péenne en faveur de la paix.

Chaque député(e) de la nou­velle Assemblée nationale fran­çaise élue le 17 juin vient de recevoir une lettre signée par Hael al-​​Fahoum, ambas­sadeur et chef de la mission de Palestine en France. Dans ce courrier destiné à exposer "les inten­tions, les attentes et la stra­tégie" des res­pon­sables pales­ti­niens, le diplomate relève que "la situation sur le terrain ne cesse de se dété­riorer" en raison "de l’occupation, des bar­rages, de la confis­cation des terres, des des­truc­tions de pro­priétés, de l’extension des colonies" ainsi que du "blocus de la bande de Gaza". Ce qui, ajoute-​​t-​​il, "n’incite guère à l’optimisme".

"Sur le terrain diplo­ma­tique, poursuit le document, tout reste bloqué en dépit de nos efforts inces­sants pour recréer les condi­tions d’une véri­table négo­ciation sur la base des termes de réfé­rence du pro­cessus enclenché il y a 21 ans à Madrid, soit le respect du droit inter­na­tional, et des accords signés impli­quant la recon­nais­sance de l’Etat pales­tinien indé­pendant, sou­verain, viable et démo­cra­tique, sur les ter­ri­toires occupés en 1967, avec Jerusalem-​​Est pour capitale".

L’objectif prin­cipal : la recon­nais­sance de l’Etat pales­tinien par l’ONU

"Ces trois der­nières années, rap­pelle Hael al-​​Fahoum, notre stra­tégie face à cette impasse s’est orga­nisée selon les grands axes sui­vants : la résis­tance non vio­lente, la construction écono­mique et ins­ti­tu­tion­nelle, l’unité nationale, ainsi que la ferme volonté de relancer le pro­cessus de négo­ciation. Tout cela dépend lar­gement de la capacité de la com­mu­nauté inter­na­tionale à se mobi­liser pour exercer des pres­sions déci­sives sur le gou­ver­nement israélien. A l’heure actuelle, ajoute le diplomate, notre objectif prin­cipal reste la recon­nais­sance for­melle de l’Etat pales­tinien, tant à l’ONU qu’au niveau bila­téral."

"Nous entendons pour­suivre nos efforts en direction de l’Assemblée générale et des divers organes et agences de l’ONU, annonce Hael al-​​Fahoum, afin d’assoir notre sou­ve­raineté, sans pour autant renoncer aux négo­cia­tions. A cet effet, votre soli­darité nous est pré­cieuse et nous sol­li­citons votre soutien actif, tant au niveau des ins­tances inter­na­tio­nales que de l’Union euro­péenne, mais d’abord et avant tout, au niveau national."

"La France, membre per­manent du Conseil de sécurité, tra­di­tionnel moteur des démarches euro­péennes à l’égard des pro­blèmes du Moyen-​​Orient, peut également prendre des ini­tia­tives déci­sives telles que son ral­liement au vote pour l’admission de la Palestine à l’Unesco. La recon­nais­sance de l’Etat pales­tinien ser­virait tout à la fois les intérêts vitaux de la France et de l’Europe en contri­buant à un apai­sement des ten­sions dans notre région tout en oeu­vrant pour la justice en conformité avec les valeurs que nous par­ta­geons. La Palestine n’est pas le pro­blème, la Palestine est la solution", conclut l’ambassadeur pales­tinien.

L’immobilisme amé­ricain

Pré­parée il y a deux semaines et achevée alors que le pré­sident pales­tinien Mahmoud Abbas était de passage à Paris la semaine der­nière, cette lettre reflète les dif­fi­cultés de la diplo­matie pales­ti­nienne, piégée par l’immobilisme élec­toral de l’administration Obama et par le refus de négocier du gou­ver­nement israélien. Soutenu par une majorité plus large que jamais depuis le ral­liement de Kadima à la coa­lition au pouvoir, Ben­jamin Neta­nyahou poursuit en effet acti­vement la colo­ni­sation, alors que son gel, exigé par la feuille de route du Quar­tette (Etats-​​Unis, Union euro­péenne, Russie, Nations unies) est considéré par les Pales­ti­niens comme la condition absolue d’une reprise du dia­logue.

En plus de cette lettre, les députés, les séna­teurs et plu­sieurs res­pon­sables du Quai d’Orsay ont également reçu de la Mission de Palestine une note de 11 pages sur "La position pales­ti­nienne à propos de quelques ques­tions poli­tiques". Les auteurs de ce document com­plété par une série de cartes y résument la position offi­cielle de la direction pales­ti­nienne sur la demande d’admission aux Nations unies, la récon­ci­liation avec le Hamas, leur vision du prin­temps arabe et du prin­temps pales­tinien, l’initiative de paix arabe de 2002, la solution à deux Etats, la résis­tance popu­laire paci­fique, Jeru­salem, les colonies, les refugiés, la sécurité, l’Etat juif, et les condi­tions de fin du conflit.

L’appel à l’Europe

Inédit dans sa forme, cet appel des diri­geants pales­ti­niens aux par­le­men­taires français sou­ligne à la fois le caractère délicat de la période que tra­versent l’OLP et l’Autorité pales­ti­nienne, mais aussi l’espoir qu’ils placent dans une impli­cation plus ambi­tieuse de l’Union euro­péenne dans le conflit israélo-​​palestinien. Alors que l’Autorité affronte des dif­fi­cultés finan­cières extrêmes, pro­vo­quées en grande partie par le non ver­sement des contri­bu­tions pro­mises par les Etats arabes, et que l’opinion publique gronde, déçue par le marasme écono­mique, la pour­suite de la colo­ni­sation, les rumeurs de cor­ruption et l’absence de toute pers­pective de paix, nom­breux sont les diri­geants pales­ti­niens qui consi­dèrent un recours à l’Union euro­péenne via l’intercession de Paris comme une de leurs der­nières planches de salut.


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