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La Poste. « On est obligés de faire le parallèle avec France Télécom »

Nicolas Maury

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Paris contre la transformation de La Poste en société anonyme - L'Humanité

La Poste. « On est obligés de faire le parallèle avec France Télécom »
« Contre la privatisation, pour le service public ! » proclamait la banderole qui ouvrait hier la manifestation des postiers d’Île-de-France. Réunis à l’appel de la CGT, de SUD, de la CFDT, de FO et de la CFTC, ils ont reçu le renfort de deux cents cheminots qui s’étaient rassemblés le matin à l’appel de SUD Rail contre la réforme du fret, tandis qu’une manifestation de sans-papiers fermait la marche.

À deux semaines de la « votation citoyenne » du 3 octobre, organisée par le comité national contre la privatisation de La Poste, la manifestation a réuni postiers, militants syndicaux, responsables politiques de gauche (PCF, PS, Verts, ...), usagers.


Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, en tête de cortège, a averti que le changement de statut de La Poste et sa transformation en société anonyme n’étaient « qu’une étape vers la privatisation, comme nous l’a montré l’expérience d’autres entreprises publiques ». « Le gouvernement doit mesurer l’ampleur de la mobilisation et accepter de discuter d’une amélioration du service public », a-t-il ajouté. Réorganisations, réductions d’effectifs, les postiers qui manifestaient hier ont exprimé leur inquiétude face à l’avenir, alors que les suicides chez France Télécom sont dans toutes les têtes. « On est obligés de faire le parallèle avec FT », confirme Dolorès, guichetière en Seine-Saint-Denis. « Nous réussirons à nous opposer à la privatisation si nous nous en donnons les moyens et avec l’aide des usagers : dans le 93, ils nous soutiennent, nous sommes parfois le seul lien social dans certaines cités. Je suis confiante dans le poids du référendum, les usagers ont autant à gagner que nous. »

Viviane, factrice à Montreuil, explique qu’avec « l’expérience des autres privatisations, chez EDF-GDF ou France Télécom, il devient impossible de croire aux arguments en faveur de l’ouverture du capital ». « Les absences ne sont plus remplacées, il n’y a plus d’embauche, tous les jours des tournées ne sont pas desservies », raconte sa collègue Arlette. Frédéric, lui, agent de collecte, est pessimiste : « Comme chez France Télécom, on craint la chasse au fonctionnaire : nous sommes déjà encouragés à visiter des sites Internet pour trouver du travail dans d’autres administrations ». Émilie, salariée chez Coliposte, s’indigne du « flicage » subi sur sa plate-forme « sous prétexte de sécurité des colis ». « J’ai des collègues qui dépriment. Ce qui se passe chez France Télécom, c’est malheureusement une leçon pour ceux qui se font encore des illusions sur la privatisation. »

Lucy Bateman


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