La faucille et le Minaret: Il était une fois les communistes du Yémen et d'Afghanistan entre 1967 et 1992 (première partie)
Perspective communiste
Examinons l'évolution des deux anciens partis marxistes-léninistes du monde islamique : Le Parti démocratique populaire d'Afghanistan (PDPA) et le Parti socialiste yéménite (YSP). Développement historique de ces partis et la manière dont ils se sont adaptés aux nouvelles circonstances du monde de l'après-guerre froide - Article et traduction Nico Maury
Une quantité considérable de travaux examinent le développement des partis communistes après l'effondrement de l'Union soviétique en 1991, la plupart de ces analyses sont concentrés sur l'Europe. Contrairement à leurs homologues en Europe post-communiste ou l'Afrique subsaharienne, les partis communistes dans le Moyen-Orient islamique sont confrontés à la montée de l'intégrisme religieux et entravée par l'absence d'une tradition d'une solide gauche laïque. Ainsi, le contexte dans lequel ces partis ont évolué est différent de l'expérience des partis communistes en Europe et en Afrique. (Hughes, Marxism’s Retreat from Africa; Ishiyama, “The Formerly Dominant Marxist-Leninist Parties in the Developing World;” John Esposito, “Political Islam: Beyond the Green Menace,” Current History Vol. 93, No. 579 (January, 1994), p.19.)
Des régimes marxiste-léninistes sont établis au Yémen (1962) et en Afghanistan (1978) dans les pays n'ayant pas d'antécédents d'États forts. A chaque fois lors d'une tentative de révolution par le haut dans des sociétés fragmentées par des facteurs ethniques et tribaux, et où, par conséquent, la pression de l'Etat occasionne des résistances. En outre, le contexte y est le plus défavorable: un affrontement entre le haut de la société et les autochtones exacerbent les affrontements idéologiques. En Afghanistan une intervention militaire extérieure a du être mise en place et a pris fin par une défaite militaire du régime et a abouti à la fragmentation de la société, alors que de l'autre, le Sud Yémen, a évité ce sort à la suite d'un compromis au sein de la société en s'appuyant sur une administration décentralisée, entre les tribus et l'armée. (Fred Halliday and Zahir Tanin, “The Communist regime in Afghanistan,” Europe-Asia Studies, Vol. 50, No. 4 (1998), p.1358. )
L'article examine l'évolution des deux seuls partis marxiste-léninistes autrefois dominant dans le monde islamique: le Parti démocratique populaire d'Afghanistan / Watan Party (PDPA) en Afghanistan et le Parti socialiste yéménite (YSP).
Il y a beaucoup à comparer au sujet de ces deux partis, mais il existe aussi des différences considérables. Ces deux partis, à des degrés divers, dépendaient de l'appui soviétique pour maintenir leur pouvoir (d'autant plus en Afghanistan qu'au Yémen). Tous les deux ont été confrontés à la montée de l'islamisme. Cependant, après le désengagement soviétique dans la région en 1989-90, ces partis ont connu de différentes trajectoires de développement. En Afghanistan, en 1992, le régime du PDPA se désintègre rapidement et aucun successeur viable n'émerge, alors qu'au Yémen, le YSP a survécu et a apparemment fait une transition post-communiste (il est membre de l'internationale socialiste aujourd'hui).
Des régimes marxiste-léninistes sont établis au Yémen (1962) et en Afghanistan (1978) dans les pays n'ayant pas d'antécédents d'États forts. A chaque fois lors d'une tentative de révolution par le haut dans des sociétés fragmentées par des facteurs ethniques et tribaux, et où, par conséquent, la pression de l'Etat occasionne des résistances. En outre, le contexte y est le plus défavorable: un affrontement entre le haut de la société et les autochtones exacerbent les affrontements idéologiques. En Afghanistan une intervention militaire extérieure a du être mise en place et a pris fin par une défaite militaire du régime et a abouti à la fragmentation de la société, alors que de l'autre, le Sud Yémen, a évité ce sort à la suite d'un compromis au sein de la société en s'appuyant sur une administration décentralisée, entre les tribus et l'armée. (Fred Halliday and Zahir Tanin, “The Communist regime in Afghanistan,” Europe-Asia Studies, Vol. 50, No. 4 (1998), p.1358. )
L'article examine l'évolution des deux seuls partis marxiste-léninistes autrefois dominant dans le monde islamique: le Parti démocratique populaire d'Afghanistan / Watan Party (PDPA) en Afghanistan et le Parti socialiste yéménite (YSP).
Il y a beaucoup à comparer au sujet de ces deux partis, mais il existe aussi des différences considérables. Ces deux partis, à des degrés divers, dépendaient de l'appui soviétique pour maintenir leur pouvoir (d'autant plus en Afghanistan qu'au Yémen). Tous les deux ont été confrontés à la montée de l'islamisme. Cependant, après le désengagement soviétique dans la région en 1989-90, ces partis ont connu de différentes trajectoires de développement. En Afghanistan, en 1992, le régime du PDPA se désintègre rapidement et aucun successeur viable n'émerge, alors qu'au Yémen, le YSP a survécu et a apparemment fait une transition post-communiste (il est membre de l'internationale socialiste aujourd'hui).
Le communisme a eu une histoire relativement longue dans le monde musulman extérieur de l'Union soviétique. Les mouvements communistes ont émergé lors de l'époque coloniale (1920 et 1930) en grande partie en opposition au contrôle colonial des Britanniques et des Français, après l'effondrement de l'Empire ottoman. La plupart des dirigeants et des sympathisants des partis communistes viennent des couches moyennes de l'intelligentsia. Cette couche sociale a grandi en même temps que la modernisation des pays était lancée sous occupation coloniale. Elle a transformé les sociétés essentiellement agricoles par l'introduction de secteurs industriels modernes, ce qui a conduit à la création d'une nouvelle classe ouvrière, concentrée dans le secteur pétrolier, dans les ports et les chemins de fer. La lutte de la classe ouvrière était dirigée contre le capitalisme étranger, la lutte des classes est devenue essentiellement une lutte nationaliste pour l'indépendance. (Faleh A. Jabar, ed., Post-Marxism in the Middle East (London: Saqi, 1997). )
Dans ces deux cas, au Yémen et en Afghanistan, les partis communistes, dans ces pays à majorité musulmane, ont émergé pour devenir des partis de pouvoir.
La révolution Yéménite de 1967
Au Yémen, le mouvement communiste est issu de l'aile radicale du Front de libération nationale (FLN) du Sud Yémen (Aden), qui contestait la domination britannique. Les britanniques ont dominé la partie sud et est du Yémen après avoir capturé le port d'Aden en 1839. Jusqu'en 1937, le Yémen dépendait des Indes britanniques. Cette année-là, Aden est devenue une colonie de la Couronne, et à l'ouest d'Aden des protectorats. En 1965, les Britanniques mettent en place une Fédération semi-autonome du Sud Saoudite, qui réuni la plupart des états tribaux dans les protectorats de la colonie d'Aden. Cela a été ainsi fait pour réduire le triomphe du Front de libération nationale, une organisation anti-coloniale de gauche.
Abd al-Fattah Ismail - leader du YSP
Drapeau du Sud-Yémen
En Afghanistan, le PDPA (Hezb-e dimūkrātĩk-e khalq-e Afghānistān ) a été créé en Janvier 1965 par un groupe d'intellectuels dont Mir Akbar Khyber, Babrak Karmal, et Nur Muhammad Taraki, le parti devenant un moyen de promouvoir la modernisation laïque de l'Afghanistan. Le parti se scinde en deux factions, le Parcham (drapeau) et Khalq (Masses), factions nommé d'après deux journaux dirigés respectivement par Karmal et Taraki. Contrairement au YSP, qui a grandi sur une lutte de libération nationale, le PDPA est composé en grande partie d'intellectuels qui cherchaient à moderniser l'Afghanistan.
Drapeau du PDPA
Mohammad Daud, Président renversé pendant la révolution de Saur en 1978
Le 27 Avril 1978, un coup d'Etat est lancé par des unités militaires fidèles au PDPA. Après de violents combats, les forces loyalistes ont été défaites, Daud et la plupart des membres de sa famille ont été abattus dans le palais présidentiel le lendemain. Avec l'achèvement de la « révolution Saur », le PDPA a déclaré la fondation de la République démocratique d'Afghanistan, et Taraki devient le Président du Conseil révolutionnaire, avec son rival de longue date, Karmal comme vice-président. Hafizullah Amin est devenu ministre des Affaires étrangères. (Yunas S. Fida, Afghanistan: Organisation of the People’s Democratic Party Afghanistan/Watan, Party, Governments and Biographical Sketches 1982 – 1998 (Peshawar, Pakistan: Shinwari Press, 1999); Halliday and Tanin, “The Communist Regime in Afghanistan;” Barnett R. Rubin, The Fragmentation of Afghanistan. (New Haven: Yale University Press, 1995). )