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La "grande coalition" en Allemagne : aucune réponse au mécontentement de la population

Perspective communiste

Aux élections, ils ont perdu près de 14 % des voix et, pourtant, le social-démocrate Martin Schulz (SPD) et Angela Merkel (CDU) entrent dans une nouvelle « grande coalition » (« GroKo »). Pour tenter d'apaiser la base du SPD, en colère, Martin Schulz a démissionné de la présidence du parti

Avec la GroKo, le mécontentement de la population est nié. Le secteur des bas salaires, les boulots à un mark et la pauvreté chez les personnes âgées restent. Pour les millionnaires et les actionnaires, la devise reste « la liberté par-dessus tout ». Les ambitions climatiques sont oubliées. Et, venant de l'Europe, des contrôles budgétaires encore plus stricts.

Le SPD est très divisé sur la question de cette coalition. Lors du dernier congrès, fin janvier, 56 % seulement ont choisi de poursuivre les négociations avec le CDU. La base mécontente du SDP a encore l’occasion de se faire entendre via un référendum interne sur la participation au gouvernement. Le SPD et Merkel tentent donc de faire croire que cet accord est bien plus social que le précédent gouvernement.

En Allemagne, on voit des vieilles personnes ramasser des bouteilles en plastique dans les poubelles pour gagner quelques cents. Les pensions ont fortement baissé depuis l'introduction de la pension à points sous le gouvernement rose-vert de Schröder, en 2001. La pension brute a baissé à quelque 47 % du salaire brut. Il en est résulté une grande pauvreté chez les retraités. Le SPD et la CDU/CSU disent vouloir faire passer le pourcentage de remplacement à 48 % jusqu'en 2025. Des miettes.

Sur le marché de l'emploi, la chasse aux chômeurs, les mini-jobs et les sanctions du système Hartz IV restent. En Allemagne, celui qui tombe sous le chômage risque de se retrouver bien vite dans un secteur à bas salaires. L'employeur paie un salaire de misère, l'État fournit un appoint juste suffisant pour pouvoir survivre. Ce secteur à bas salaires engendre une pression sur tous les salaires. Le fait que, récemment, le syndicat IG Metall est parvenu malgré tout à obtenir une augmentation salariale assez élevée constitue un exploit.

Les grosses entreprises, grandes gagnantes de cet accord

Les grandes entreprises allemandes ont connu une année faste grâce au boom des exportations. En 2017, l'excédent commercial s'élevait à plus de 38 milliards d'euros. Mais le SPD et la CDU ne veulent surtout pas de nouveaux impôts pour les riches. Les bénéfices excédentaires des grosses entreprises ne passeront donc pas dans l'amélioration des services publics, des pensions, de l'énergie verte…

De même, les réformes européennes de la GroKo sont faites pour les grosses entreprises allemandes. Siemens et consorts font des milliards de bénéfice du fait qu'avec son marché de l'emploi à bas salaires, l'Allemagne est orientée sur l'exportation.

Schulz et Merkel proposent de renforcer considérablement l'UE et la zone euro. Le SPD parle d'un mécanisme de solidarité européen. En réalité, les pays en difficultés financières subiront un chantage plus pressant encore : de l'aide, oui, mais en échange de plus d'austérité encore et de réformes sévères. C'est ainsi que la GroKo envisage un Fonds monétaire européen, autrement dit, un FMI au niveau de l'Europe. Pas de démocratisation de la zone euro, donc, comme le prétend Schulz, mais un durcissement du contrôle des politiques d’austérité…

Steff Copieters
Solidaire, journal du PTB


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