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La liste des contentieux s'allonge entre le PS et le PCF

Nicolas Maury

Marie-George Buffet accuse François Hollande de vouloir imposer son « hégémonie » sur la gauche aux municipales. (PHILIPPE GOULLIAUD pour Le Figaro)

La liste des contentieux s'allonge entre le PS et le PCF
« LA GAUCHE a mieux à faire que s'entre-dévorer. » Hier, L'Humanité a « sonné l'alarme » à l'approche des municipales. Le quotidien communiste rendait compte de la sévère mise en garde adressée par Marie-George Buffet au partenaire socialiste. Lundi, au cours d'une conférence de presse organisée en catastrophe, la secrétaire nationale du PCF a dénoncé la « volonté hégémonique » du PS qui menace de lui disputer la tête de liste dans bon nombre de villes, notamment dans l'un des derniers vestiges de « la ceinture rouge », la Seine-Saint-Denis.

Alors que François Hollande s'était affiché au côté de Marie-George Buffet à la Fête de L'Huma, en septembre, celle-ci a accusé les socialistes de vouloir « amoindrir ses partenaires » et de mettre à mal « la dynamique unitaire » à gauche, au risque de « laisser un champ de ruines ». « Pour les élections municipales et cantonales, la gauche devrait être imbattable. Pourtant, si on continue, on risque de perdre », a-t-elle déclaré, visiblement très remontée.

Pas sûr pourtant qu'elle soit entendue. Samedi, à l'issue du conseil national du PS, François Hollande a prévenu que, même s'il « ne fermait pas la porte à la poursuite des discussions », il ne reculerait pas. Pour l'essentiel, a-t-il expliqué, socialistes et communistes iront unis à la bataille municipale partout en France. Mais « il reste quelques cas difficiles », a-t-il ajouté, notamment dans des villes où, désormais, le PS réalise des scores nettement supérieurs à ceux du PCF. Et où les socialistes locaux ne veulent plus servir de force d'appoint aux communistes. Dans ces municipalités, des primaires permettront de départager les anciens alliés avec l'assurance qu'au second tour, ils se retrouveront sur la même liste. Si cela ne pose pas trop de problème à Denain (Nord), cette hypothèse passe très mal à Dieppe (Seine-Maritime) et à Sète (Hérault), anciens fiefs communistes que le parti voudrait bien reconquérir.

Mais au coeur du contentieux, il y a la Seine-Saint-Denis. Dans ce bastion communiste très menacé, le PS veut organiser des primaires dans six villes communistes : Aubervilliers, La Courneuve, Pierrefitte, Villetaneuse, Bagnolet et Montreuil. Une perspective contre laquelle Buffet, qui exige le rassemblement autour des sortants dès le premier tour, s'élève avec vigueur. D'autant que cet affrontement pour les municipales cache une bataille, encore plus âpre, pour la présidence du conseil général de la Seine-Saint-Denis, seul département, avec le Val-de-Marne, dirigé par les communistes.

À Bagnolet, le communiste Marc Everbecq se heurte aux ambitions du fabiusien Claude Bartolone. Celui-ci brigue la mairie pour appuyer sa tentative de conquérir un canton qui pourrait lui permettre de disputer au PCF Hervé Bramy la présidence du conseil général. À Montreuil, le maire sortant, le député apparenté PCF Jean-Pierre Brard, trouvera sur son chemin la Verte Dominique Voynet, appuyée par le PS. Buffet a apporté son soutien à son « ami » Brard, avec lequel elle était pourtant naguère en délicatesse.

Buffet s'est aussi plainte du vote par la section PS du Blanc-Mesnil, ville où elle est élue, d'une résolution récusant une liste d'union et demandant des primaires. Un véritable casus belli qu'Hollande aura du mal à cautionner.

En fait, ces rivalités municipales illustrent un climat dégradé entre un PS plus que jamais dominant à gauche et un PCF sonné par son échec à la présidentielle. Hollande a officiellement enterré « le comité de riposte » qui réunissait, place du Colonel-Fabien, les organisations de toute la gauche. « Ce comité a vécu et on a bien vu que l'extrême gauche, et notamment la LCR, voulait nous attirer dans des positions qui n'étaient pas les nôtres », a dit le premier secrétaire du PS. Fermez le ban. Hollande lui préfère un groupe de liaison des partenaires de la gauche plurielle, PS, PCF, PRG, chevènementistes et Verts, dont la première réunion devrait avoir lieu mardi. « On ne peut pas conditionner le travail que nous avons à mener à la situation de cinq ou six villes », a-t-il dit. Premier cactus pour ce comité chargé de « riposter mais aussi de proposer », le minitraité européen. Un sujet sur lequel ils auront du mal à s'entendre.


Commentaires (1)
1. totor le 04/11/2007 09:24
pour suivre les aventures de Bagnolet une adresse
http://www.elus-communistes-bagnolet.org
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