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"La question sociale est centrale" (La Pravda)

Perspective communiste

Article d'Andrey DULTSEV, correspondant pour La Pravda dans les pays d'Europe occidentale.

Marseille. Le 6 février, le candidat à l'élection présidentielle du Parti communiste français (PCF) Fabien Roussel a organisé un rassemblement qui a réuni plus de 5000 participant.e.s.

Traduction Nico Maury

Avant même le départ du meeting, l'ambiance au Palais de l'Europe au parc Chanot était forte. A quatre mois du premier tour des élections, le candidat communiste a passé la barre des 4% des intentions de vote, selon le dernier sondage de vendredi. Il fait jeu égal avec l'ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira et l'écologiste Yannick Jadot, et est devant la maire de Paris et candidate socialiste Anne Hidalgo (3%), mais derrière Jean-Luc Mélenchon (9%).

Le discours de Roussel a été diffusé en direct sur quatre chaînes de télévision françaises. "Il est comme une bouffée d'air frais, on sent tous que lui, peu connu au niveau national il y a deux ans, a mis le parti et nos militant.e.s en mouvement, de manière convaincante malgré les polémique. Et on voit déjà comment les lignes politiques commencent à changer en quelques semaines. Nous avons encore beaucoup de marge pour améliorer le résultat, mais tout commence à prendre forme, et nous en sommes certainement heureux" déclare Ian Brossat, directeur de campagne de Roussel. La dernière fois que les communistes français ont participé aux élections présidentielles, c'était en 2007. Leur candidate, l'ancienne ministre des sports Marie-Georges Buffet, a obtenu 1,93% des suffrages.

Lors du rassemblement, Fabien Roussel a commencé son discours par un appel. "Je rencontre beaucoup de gens qui ne vont pas aux urnes, ou qui n'ont pas voté pour un parti ou un autre, qui ont perdu confiance en eux. Quel que soit votre choix, vous êtes les bienvenus ici, nous partageons le désir de ramener la France vers des jours heureux", a-t-il déclaré.

"Il évoque un sentiment de proximité, une envie de s'identifier à lui, il nous ressemble, il est sympathique, souriant, spontané", explique Frédéric Daby, directeur général de l'IFOP. C'est cette carte que le candidat du PCF a décidé de jouer : "Je suis du nord, je viens d'une région minière qui a été durement touchée par la fermeture des usines, la désindustrialisation, où il y a des centaines de zones industrielles et d'usines abandonnées, où le chômage et la misère se font douloureusement sentir", déclare Fabien Roussel, promettant d'empêcher les délocalisations de la production à l'étranger et le départ des capitaux, il veut donner "de nouveaux droits aux travailleurs", en leur redonnant le sens de la dignité.

La surprise a été présentée avec des personnalités qui, lors du rassemblement, ont déclaré leur soutien à Roussel. Parmi eux figurent la maire du 1er arrondissement de Marseille et députée suppléante à l'Assemblée nationale du parti de Jean-Luc Mélenchon "La France insoumise" Sophie Camard, ainsi que l'attaché de presse de l'ancien ministre. de l’Économie Arnaud Montbourg, François Coq.

Les militants syndicaux ont pris une part active au rassemblement. L'une des participantes à l'événement a déclaré qu'après une lutte de douze jours, elle et ses camarades ont réussi à obtenir une augmentation de salaire de 85 euros, elle a décidé de rejoindre le PCF : "La question sociale est centrale dans notre société ! Malheureusement, la gauche a cessé de le faire. La campagne de Fabien Roussel marque un tournant."

Quelques jours avant le rassemblement, l'IFOP publiait les résultats d'un sondage qui montrait que Roussel obtenait un avis favorable de 47% de l'électorat de gauche (+11 points en trois mois), juste derrière Jean-Luc Mélenchon (51%), dont la campagne sera la dernière. Roussel n'a pas manqué de critiquer ses rivaux à gauche, déclarant que "ces gens bien intentionnés ne voient pas la misère des familles qui vivent avec quelques euros".

"J'aspire à des jours heureux en France, car nous le savons : notre pays est riche, riche de votre travail, riche à milliards. Je n'accepte pas le fait que des millions de nos concitoyen.ne.s mendient en présence d'une telle richesse dans le pays" déclare Roussel, rappelant les 137 milliards de dividendes annuels versés aux gros actionnaires français. "Donc, je sais d'où nous allons tirer l'argent. Nous allons tripler l'impôt sur la fortune, priver les fraudeurs de leurs droits civiques et nationaliser la BNP, la Société Générale et la compagnie d'assurance Axa. Nous rendrons l'autorité financière à l'État afin d'augmenter les dépenses publiques utiles ainsi que les salaires. Ce sera la première mesure que nous mettrons en place, à commencer par un salaire minimum de 1500 euros net", a-t-il poursuivi, dénonçant "la bande des fraudeurs, Macron, Pécresse",

Plus loin, le député a parlé du "droit universel au travail", qu'il entend consacrer. "Nous voulons éradiquer le chômage en garantissant à chacun un emploi, une formation et un revenu qui lui permette de vivre dignement", a-t-il déclaré. Au programme, la semaine de 32 heures et la retraite à 60 ans, le financement des services publics, des écoles et des hôpitaux, à commencer par la création de 500.000 emplois publics.

Roussel n'hésite pas non plus à aborder des sujets de gauche aussi sensibles que le développement du nucléaire, la laïcité et les fondements laïcs du système républicain :"La laïcité de notre république nous offre la possibilité de vivre heureux ensemble, mais en ces dernières années, elle a été travestie par le fascisme. Notre combat est pour l'égalité. La France est un État laïc." "Ce qui m'attire chez Fabien Roussel, c'est qu'il parle au monde du travail et nous protège quelle que soit notre origine", a commenté Aziz, un syndicaliste de 53 ans à la Confédération générale du travail, lors du rassemblement.

La prochaine étape consiste à franchir la barre des 5%, ce qui est tout à fait réalisable dans les prochaines semaines. Nous avons encore beaucoup de travail à faire, a déclaré Ian Brossat. Il reste un peu plus de soixante jours pour relever le défi.

La Pravda


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