La saga des Bettencourt, saga de L’Oréal : De la collaboration avec l’ennemi à la collaboration financière avec le pouvoir
Nicolas Maury
Superbe chronique de Jean Lévy sur le blog çanempechepasnicolas
L’affaire Bettencourt-Woerth, qui occupe l’avant-scène politique depuis juin dernier, devrait s‘appeler plus justement l’affaire L’Oréal. Le Monde, dans son numéro du 8 juillet, ne s‘y est pas trompé. En effet, le quotidien consacre une page entière à la saga de cette entreprise de cosmétiques, titrée : « Un siècle de beauté trouble »
Mais laissons Le Monde nous rappeler les faits.
Après s’être longuement étendu sur les succès industriels et financiers du groupe, on peut lire :
« Le groupe a également une part d’ombre liée à la Collaboration. Eugène Schueller a été, dans les années 1930, membre actif du mouvement clandestin d’extrême droite le Comité Secret d’Action Révolutionnaire (CSAR), plus connu sous le nom de la Cagoule. Il fut l’un des principaux donateurs de cette organisation qui se définissait comme « raciste » et « autoritaire », dirigée par Eugène Deloncle. Ce dernier et Eugène Schueller fonderont ensuite le Mouvement Social Révolutionnaire, avec l’approbation personnelle du chef de la Gestapo. Son programme ? :
"Construire la nouvelle Europe en coopération avec l’Allemagne nationale-socialiste (…), régénérer racialement la France et les Français(…), donner aux juifs qui seront conservés en France un statut sévère les empêchant de polluer la race"
Homme politique plusieurs fois ministre, le mari de Liliane, André Bettencourt, qui ne cachait pas son admiration pour Eugène Schueller, traîne, lui aussi, un passé peu glorieux (…) André Bettencourt avait tenu dans sa jeunesse une chronique régulière, de 1940 à 1942, dans l’hebdomadaire La Terre française, publié par l’occupant, qui soutenait la politique collaboratrice et pro-nazie du régime de Vichy.
Et comme le note en conclusion Le Monde :
« Ce passé n’a pas entamé la croissance du groupe »
Ni ses profits. Ni la fortune, la troisième de France, de madame Liliane Bettencourt, qui vient d’être évaluee à 17 milliards d’euros.
La « saga des Bettencourt », la « saga de L’Oréal » continue donc avec ses financements occultes, sa proximité avec le pouvoir politique, toujours de la droite extrême. Ce qui fait dire au Monde :
« La gestion et le modèle ‘l’oréalien’ fonctionnent comme une machine à cash bien huilée »
Et question gestion, pourquoi les médias, si prolixes en révélations, ne rappellent-ils pas que le « porte-parole du gouvernement », par ailleurs ministre de l’Education nationale, Luc Chatel était, avant ses dernières promotions, DRH de …L’Oréal ?
NOTES
* Quand l’affaire Woerth-Liliane Bettencourt-L’Oréal n’est que le signe avant coureur d’une longue et fatale maladie
(1/2) Les symptômes
(2/2) La maladie
** Jacques Corrèze avait été, en 1944, fort opportunément mis à l’abri des poursuites comme « représentant de L’Oréal en Espagne », chez Franco….
*** François Dalle, le PDG de L’Oréal